Chapitre 24 - J'avais peur

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Ce chapitre sera du point de vue de Katsuki et vient du passé.

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" Refuser d'aimer par peur de souffrir, c'est comme refuser de vivre par peur de mourir. „
~ Anonyme

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Eijiro est rentré chez lui après un dernier signe de la main depuis le trottoir. Dans ma main, mon portable vibre et ça commence à m'agacer. Je retourne dans ma chambre pour répondre tranquillement, mais ma mère m'appelle pour manger et je n'ai que le temps de poser mon téléphone sur mon lit avant de descendre en grognant.

- Ça se passe bien avec Eijiro ?

Je m'arrête dans mon geste pour couper ma viande et lève la tête pour croiser le regard de mes parents qui semblent légèrement inquiets.

- Bah ouais ! Pourquoi ?

- Eh bien, tu sembles soucieux... commence ma mère avec hésitation.

- Oh, ça ? C'est juste parce que j'ai pris un peu de retard dans mes devoirs, c'est rien.

Ils ne semblent pas me croire.

- C'est rien, je vous dis !

- Arrête de crier et mange ! crie ma génitrice tandis qu'elle et mon père semblent se détendre.

On mange ensuite tranquillement, je me sens bien, enfin je crois. Doucement, mon regard dérive vers le vide laissée par la place de ma sœur, partie à l'armée pour faire son service militaire qu'elle jugeait obligatoire avant de finalement s'engager pour de bon - elle vit à la base maintenant, mais elle vient nous voir de temps en temps -, mes pensées s'enfoncent dans les ténèbres de mon esprit.

Est-ce qu'elle aurait approuvé ma relation avec Eijiro ? Je sais que ma sœur est ouverte à ce type de relations, après tout, elle-même est bisexuelle et elle m'a fait promettre de fermer ma gueule. C'est pas comme si j'avais eu l'intention de le crier sous tous les toits après tout... Uta est ma seule confidente depuis qu'on est gamins, elle écoutait mes histoires, assise sur la balançoire dans le fond du jardin, un livre ouvert sur les genoux, tandis que j'étais assis à ses pieds, appuyé contre ses jambes.

Je vais l'appeler après le repas pour prendre de ses nouvelles, tiens, et puis lui raconter ce qui se passe dans ma vie.

Le repas se termine rapidement, je me dépêche de monter dans ma chambre tandis que ma mère débarrasse la table avec l'aide de mon père. Je les informe que je vais prendre des nouvelles d'Uta et ils me demandent de la questionner un peu sur sa vie à la base et sur sa prochaine visite. J'hoche la tête et monte les escaliers.

Fermant ma porte derrière moi, j'attrape mon téléphone et m'allonge sur mon lit, ignorant les notifs pour composer le numéro de ma frangine. Cette dernière décroche après la troisième sonnerie, je devine son sourire quand elle prononce un seul mot :
Allô ?

— Salut, Uta.

Katsu ! Tout va bien ? Tu manges correctement ? T'es en couple ? Non, attends, si ça se trouve t'as même déjà couché ! Tu t'es protégé au moins ? Dis-moi que tu t'es protégé !

— Roh, mais calme-toi ! Je vais bien, les parents aussi - d'ailleurs ils ont hâte que tu reviennes -, je mange assez, je suis en couple avec Eijiro et on a pas couché !

Silence. Puis elle lâche un cri de joie avant de me questionner sur ma relation avec l'autre tête rouge. Un sourire fait s'étirer mes lèvres et je réponds à ses questions dans la limite du possible.

Lentement, on aborde sa vie à la base et mon onee-chan me raconte alors les entrainements par tous les temps, ses cours, les simulations. Et ses blessures. Sa voix se brise un peu quand elle m'explique la cicatrice qui décore sa joue en-dessous de son œil gauche ainsi que les coupures qui décorent ses bras et l'un de ses genoux.

Mais je tiens, tu sais. Grâce à Touya. D'ailleurs, là, il est à côté de moi et aimerait que j'arrête de parler. Ah, il demande si Shoto va bien !

— Ouais, Canada-man va bien.

Il te remercie.

Une notification apparait sur mon écran quand je l'écarte pour regarder l'heure et je me fige, incapable de parler pendant plusieurs minutes. Des insultes. Toutes les notifications ne comportent que des insultes homophobes envers mon couple avec Eijiro, celui d'Okami et Momo, celui de Toru et Mina. Putain de merde. Ça fouille même le compte de ma soeur, je vois des insultes contre elle qui mentionnent une vieille photo, quand Uta sortait avec la grande sœur de Denki !

Katsu ? Oh, Katsu ?

— Uta... C'est la merde... Je reçois... des insultes homophobes sur les réseaux... Et pas que moi, tous mes potes LGBT aussi... Ils s'en prennent à toi aussi...

... Fais des captures d'écran. Et attends-moi, je rentre à la maison. Hors de question que des connards d'homophobes touchent à mon frangin ou à ses amis.

Elle raccroche aussitôt et je me dépêche de faire les captures d'écran qu'elle m'a demandé avant d'éteindre mon téléphone. Putain de merde... Putain de bordel de merde !!

— Bordel !! Putain de bordel de merde !! Ça craint ! Qu'est-ce qu'ils vont dire au bahut ?! Et les autres, est-ce qu'ils vont voir les insultes ?! On va devoir porter plainte, non ? Argh...

Tard dans la nuit, vers trois heures du mat, ma sœur est entrée dans la maison, réveillant tout le monde car on l'a prise pour un cambrioleur durant dix minutes. Elle a foncé vers moi et m'a pris dans ses bras, sa main dans mes cheveux et son autre bras autour de mes épaules. J'ai rien su faire d'autre que m'accrocher à elle comme un gamin terrifié.

— On va porter plainte, tu m'entends ? On a des preuves à l'appui, et si la police n'aide pas, j'appelle mon avocat.

— Uta, ma chérie, qu'est-ce qui se passe ? demande notre mère retenue par mon père.

— Il se passe que des petits merdeux on décidé d'envoyer ton fils dans la fosse aux lions, ainsi que ses potes. Personne touche à ce petit con sans mon autorisation, ils vont voir ce que ça signifie de toucher à ma famille.

Je peux vous dire que la rage brillait dans ses prunelles. Et cette rage signifiait qu'elle allait tout faire pour retrouver ceux qui m'insultent en ce moment et les faire tomber comme de simples pions en les emmenant au tribunal.

Un amour arc-en-ciel || KiriBakuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant