FAVOR THE NIGHTMARE (SPIN OFF)

𝟺𝟻 | 𝙹𝙰𝙼𝙴𝚂𝙾𝙽

« Les songes disparaissent lorsque les terreurs nocturnes les engloutissent. »

𝙹𝙰𝙼𝙴𝚂𝙾𝙽

𝟷𝟻 𝙰𝙽𝚂

Je suis brisé.

Fichu de l'intérieur autant que de l'extérieur.

Les larmes ne glissent plus sur mes joues, les sourires s'estompent peu à peu sur mon visage.

On m'a pourri jusqu'à l'os.

À travers les jours, je cherche encore l'image de ce petit garçon que j'étais avant que mon cœur éclate en mille morceaux.

Il ne reste que les fragments d'un être broyé par ses tourments.

J'ai toujours demeuré dans le silence. Les autres ne risquent pas de s'approcher de moi si je les repousse à chaque fois qu'ils tentent de me parler. Même si, au fond, je meurs d'envie d'apprendre à les connaître, de les rejoindre après les cours pour partager une soirée ensemble dans les rires et l'inconscience. 

Sauf que ma famille n'est pas comme les leurs.

Les monstres qui habitent ma maison sont sur le point de m'engloutir. Et je ne pourrais rien faire d'autre que les observer m'entraîner dans les abysses. Toute cette anxiété qui referme mon âme, me détruit. Il n'existe aucune solution pour vaincre ce cauchemar. La seule chose que je peux faire, c'est me taire et garder mes frères loin de mes tracas. 

Mes jambes flageolent.

Me voilà à nouveau dans ce bureau.

Seul. Vulnérable dans le noir.

Plongé dans la pénombre, je ne prends pas la peine d'éclairer la pièce. Je risquerai de croiser le diable en personne. Alors, je reste planté là. Assis sur cette chaise, face à une immense table faite de chêne, je compte les secondes qui s'écoulent.

Mes battements suivent le rythme régulier de l'horloge accrochée au mur.

Un mur aussi blanc que l'éclat du Paradis.

Et pourtant, je me trouve en enfer.

Qu'ai-je fait pour mériter ça ?

Le temps est un fléau.

Mon existence, une erreur.

Il n'existe pas de pire famille que la mienne. Nous n'avons jamais connu l'amour. La chaleur d'un rire, le sourire d'un paternel heureux de notre réussite. Mes frères et moi, ne sommes utiles que pour servir les intentions de Nathaniel Black.

Le célèbre et tourmenté Nate.

Le faucheur.

Celui qui m'entraîne tout droit vers le néant. Et qui me hurle dessus depuis si longtemps que mon corps ne réagit plus à ses menaces.

– Espèce d'imbécile ! Quinze maudites années à te donner tout ce que j'ai construit. Des mois et des mois d'acharnement pour que tu comprennes à quel point notre nom est puissant.

Quinze ans. Déjà.

Comment ai-je fait pour survivre jusqu'ici ?

Ses paumes claquent violemment la table.

– Un homme, mon garçon, ça détruit tout ce qui entrave son chemin. Un homme, Jameson, continue-t-il, amer. Il puise dans le bonheur des autres pour parvenir à ses fins !

La fin... Mon père n'apprécierait pas d'apprendre que ma fin, à moi, serait de fermer les paupières et de ne plus jamais me réveiller.

Sait-il combien je meurs d'envie de tout arrêter ?