𝟻𝟽 | 𝙹𝙰𝙼𝙴𝚂𝙾𝙽

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« On réserve les plus belles faveurs du monde à ceux qui en ont le plus besoin. »


𝙹𝙰𝙼𝙴𝚂𝙾𝙽



On m'a dit d'attendre mon tour en salle d'attente. Mais dès que j'ai vu la petite tête rousse d'Emory sortir en pleurs, je n'ai pas réfléchi. Agrippé au rebord de sa fenêtre, je me hisse à l'aide de mes coudes. Ce que je tiens entre mes doigts risque de tomber si je ne fais pas attention. Heureusement, la chance est de mon côté. Plongé encore dans la pénombre de la nuit, je fais glisser la vitre vers le haut.

Peu importe si on m'envoie au poste de police, tout ce qui compte, c'est de la voir. Il m'est impossible de rester loin d'elle. J'ai dû esquiver les questions qu'on m'a posé sur ce qui s'est passé ce soir. Les gens sont agités depuis le coup de feu.

Rien de tout cela ne m'intéresse.

À peine mes pieds touchent-ils le carrelage qu'une boule de poils blanche couine à mon arrivée. Je caresse la tête de Snow avant qu'un bruissement de draps ne me fasse lever la tête. Ma poitrine, aussi gelée qu'un glaçon, se réchauffe à la seconde où je croise son regard soulagé.

– Jameson !

Mes jambes me guident vers Sissi sans perdre une seconde. Elle se débat avec ses couvertures. Je dépose mon cadeau sur le lit et je l'empêche de gesticuler davantage en entourant son visage de mes mains. Assis au bord de son matelas, je presse nos fronts l'un contre l'autre. La froideur de son corps me fait frémir.

Enfin auprès d'elle, je chasse toutes les pensées morbides qui émergent.

– Chut...

J'émets un petit rire.

– Je ne suis pas censé être là.

Son corps tremble contre le mien. Mon ventre se noue face à la pâleur de ses lèvres. Des gouttes d'eau tombent sur mes doigts.

– Sèche tes larmes, soufflé-je, abattu. S'il te plaît, ça me tue.

Elle renifle avant de me faire de la place à ses côtés. Mes bras entourent sa taille et Sissi se blottit contre mon torse. Ses petites mains fraîches cherchent la chaleur de mon corps. Je respire son shampoing à l'amande comme si c'était le seul oxygène qu'il me restait. Puis, dans un moment de faiblesse, je me remémore la soirée et craque en parvenant à articuler ces quelques mots.

– Tout est ma faute.

Elle s'accroche davantage à moi.

– C'est faux.

– Tu étais au sol, Sissi. Et je n'ai rien pu faire. Si je n'avais pas été aveuglé par la haine, je ne t'aurais pas quitté. Mon père a raison, je détruis chaque personne qui entre dans ma vie.

Mes doigts jouent avec les billes de ses bracelets. Elle inspire profondément et cherche les bons mots.

– Mon existence était ennuyeuse avant de te rencontrer, Jameson, m'avoue-t-elle. Tu as enjolivé mon monde. À tes côtés, j'ai l'impression de vivre dans un rêve.

Soudain, une présence bondit sur le lit. Snow nous arrache un rire collectif, plus gras du côté de Sissi. Je tente d'éloigner ce détail de mon esprit en observant le chien qui s'approche.

Il tient quelque chose dans la gueule.

– Qu'est-ce que...

– Le traître, marmonné-je quand il dépose mon cadeau sur les cuisses de sa maîtresse.

Un livre collector de la Belle au bois dormant.

Ça fait un moment que j'ai demandé à Ashraf de me dénicher cette version. J'ai toujours aimé observer la lumière qui pétille dans ses yeux lorsqu'elle découvre un bouquin.

FAVOR THE NIGHTMARE (SPIN OFF) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant