Quelques jours après le 8 mai 1945, Hans fut libéré après que Hoffmann ait avoué son acte et donc l'innocence de Tutler, qui sortit après cinq ans de prison, cinq ans de totale ignorance de ce qui se passait dans le monde extérieur, cinq ans d'écriture de livres qui faisaient le tour du monde, qui le faisaient voyager, qui rendait sa peine plus agréable.
De nouveau libre, il fit un choix qui peut paraître bizarre : il décida de partir au Pérou, pas parce que c'était l'endroit – l'Amérique du sud en général - où allaient se réfugier les commandants nazis ayant commis les crimes les plus horribles, car il ne l'était pas et n'avait rien fait, mais juste parce que cette partie du monde de l'intéressait depuis qu'il était tout petit par son histoire et par ses traditions, il alla par avion, pour la première fois de sa vie, engin qui le passionnera durant des années.
Là-bas, il s'installa dans un appartement, à Lima, qu'il partageait avec un colocataire qui devint un très proche ami, Sergio, qui l'aida à découvrir l'histoire, les origines, les langues des sud-américains, la beauté époustouflante, éblouissante de ce continent magnifique, il l'aida même à apprendre l'espagnol, langue qu'il appris très rapidement grâce à sa facilité d'apprentissage, Hans fit de même avec l'Allemagne, en présentant à son colocataire la culture et le folklore allemands, les plats allemands, mais ce qui est de la langue, Alberto décida de rester sur l'espagnol, n'arrivant pas à prononcer certaines syllabes. Hans aussi ne put pas s'habituer avec la nourriture sud-américaine trop épicée pour lui, qui vient de quitter l'Europe.
Afin de gagner sa vie, le jeune homme ne comptait pas que sur les livres, car il écrivait peu, consacrant l'intégralité de son temps à visiter les plus beaux et les plus intéressants sites du Pérou comme la forteresse de Sucsayhuaman, les ruines de Pachacamac et la citadelle du Machu Picchu. Il devint alors professeur d'allemand à l'université, même s'il n'avait aucune expérience dans l'enseignement.
Ses élèves étaient les meilleurs car il avait une technique ludique à les faire travailler : en combinant jeu et apprentissage, se basant sur peu mais de longs exercices et en les encourageant quelque soit leur niveau ou les erreurs qu'ils faisaient, il était ni stricte ni méchant, tous les élèves l'aimaient, surtout un, Pedro Amarillo, qu'il a un jour supplié d'écrire un roman en allemand sur son histoire et d'ordonner à toute sa classe de le lire, ce qu'il fit dans « L'ignoré », qui raconte l'histoire de Pedro - sous un autre nom -, jeune étudiant amoureux d'une certaine Maria – remplacée par Alejandra dans le livre – et qui lui envoie des centaines de lettres anonymes où il témoigne son amour pour elle, mais cette dernière les ignore, ne sachant pas que derrière ces « simples poèmes » se cachent des heures de travail, d'écriture, d'hésitation, des métaphores dont il faut comprendre le sens pour voir toute leur beauté, et qui étaient pour elles de simples lettres étranges que lui envoyait son admirateur anonyme. Toutes les lettres, sauf certaines qui contiennent des descriptions physiques de Maria, furent écrites dans le livre et expliquées minutieusement afin que la vraie Alejandra remarque et comprenne le message que Pedro voulait lui faire passer. Le jour où il fallut faire le bilan du livre, cette dernière annonça tout bas à son camarade qu'elle avait tout compris et qu'elle voulait bien sortir avec lui, Hans était fier de ce qu'il a fait car il a su que ses deux élèves formeraient un couple solide, ce qu'ils firent, mais ce qu'il ne sait pas, c'est que ces deux tourtereaux se sont mariés peu de temps après avoir eu leur diplôme et ont maintenant un fils qui est devenu poète comme l'était autrefois son père.
Le jeune home écrivit aussi, alors qu'il venait d'apprendre la langue, des livres en espagnol, avec bien sûr l'aide de son ami Sergio. Il y a eu comme livre en espagnol « El asesino de Qenko », ou « Le tueur de Qenko », histoire d'horreur où il imagine un tueur en série vivant à Cuzco, près du labyrinthe de Qenko, responsable du meurtre de quatre-vingt-six personnes, les tuant toutes de sang froid et d'une façon horrible, ramenant leurs cadavres à sa maison, dans une chambre qu'on appelle « La habitación maldita », « La chambre maudite », dansant, jouant, parlant avec ces corps inanimés, imaginait qu'ils étaient vivants en leur donnant des noms étranges, des choses à manger, peignait les visages de ses victimes avec leur propre sang et les mangeait même s'il était d'humeur à goûter à de la chair humaine, quand il avait fini de jouer avec ce qu'il considérait être ses poupées, il les enterrait dans le grand labyrinthe de Qenko et quand des hommes découvrait leurs squelettes, il se disait simplement, à l'avantage du tueur, que ce sont des personnes mortes ici il y a des centaines d'années.
Ce livre choqua, ou dégouta un peu la communauté de lecteurs de Tutler par son histoire et la possibilité si effrayante que celle-ci soit vraie ou pourrait être copiée, et ça ne va sans rappeler l'histoire macabre du très célèbre tueur en série américain Ed Gein, qui utilisait lui aussi sa maison pour cacher ses corps et avec qui il restait en contact direct, sans même les cacher, au contraire, ils les laissait tous les deux à la vue et à la portée de tout le monde, sans penser au dégoût que peut engendrer leur vue. Mais le livre est apparu au milieu de l'année 1945, alors que le vrai tueur a commencé sa série de crimes quelque temps après la mort de sa mère, le 29 décembre 1945, il se pourrait que Gein se soit inspiré du livre pour faire toutes les ignominies qu'il a commises. Et la question qu'on doit maintenant se poser est : Qu'ont dû penser, comment ont dû réagir les lecteurs choqués par le livre et qui ne pouvaient même pas imaginer la chambre, en voyant les mêmes images, mais qui étaient plus horribles, passer sur toutes les chaines de télévision américaines, en 1957, l'année de l'arrestation d'Ed Gein ?
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Destins secrets
Ficción históricaJ'ai écrit ce roman à l'âge de 12 ans, à la base objectif personnel que je m'étais fixé pendant le confinement. Même si je le trouve aujourd'hui, avec du recul, niais et rempli d'incohérences historiques et d'anachronismes, il reste quand même un li...