Chapitre 13

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Ce mode de vie dura un an, où chaque jour se passait de la même façon, avec quelques grandioses surprises faites par Hans ou Marie pour impressionner l'autre, juste pour voir ce simple sourire de surprise si cher pour eux, un an durant lequel Hans ou plutôt David avait suivi toutes les étapes que lui avait listé Marie pour devenir juif ; il s'était circoncis chez le chirurgien que cette dernière lui avait conseillé, s'était trempé dans l'eau du mikvé, un bain rituel nécessaire pour la conversion au judaïsme, avait changé de prénom et de nom, ce n'était pas parce qu'il n'aimait pas le nom « Tutler », loin de là, c'était juste qu'à chaque fois qu'il le prononçait ou qu'on le prononçait ça lui rappelait les années sombres de sa vie, les moments difficiles qu'il a vécu, où son cauchemar était tenace et ne voulait pas partir, où il vivait lui-même un cauchemar, il quitta son ancienne vie au moment précis où il a posé le pied au Pérou, en gardant tous ses livres et bien sûr le souvenir de ses parents dans son cœur, il a quitté l'ancienne vie pour une nouvelle vie, qu'il vivra avec passion, amour et joie, qu'il consacrera à créer des choses, n'importe quelles choses, pour le plaisir, pour son plaisir et celui des autres, où il vivra chaque jour comme si c'était le dernier, où il croquera la vie à pleines dents, une nouvelle vie et un nouveau lui, qui s'appelle désormais David Herbal, oui, « Herbal », ça ne représente pas du tout le milieu végétal et tout ce qu'il peut donner comme exemples, non, il a choisi juste comme ça, lui-même ne sait pas pourquoi il a fait ça, peut-être qu'au moment où il avait fait ce choix, il avait le mot « herbal cream » dans la tête qu'il avait sans doute lu sur une crème qu'avait Marie.

Donc, après un an, David été officiellement devenu juif, les deux amoureux avaient enfin emménagé ensemble dans une plus grande maison. Maison où il passait plus de temps avec Marie et où ils avaient une pièce qui leur servait de bibliothèque, bureau et chambre de jeu. Ils y étaient presque tout le temps car c'était la meilleure pièce de la maison et où ils avaient mis toutes les choses qu'ils aimaient et qui les passionnaient, ils se sentaient au paradis là-bas ; ils jouaient, dansaient, chantaient, écoutaient de la musique, écrivaient des poèmes, chansons, et même des livres pour David et dessinaient tout ce qui se passait. Il y avait une atmosphère particulière à cette pièce, on sentait dès qu'on entrait qu'il y avait quelque chose de spécial dans l'air, c'était pour le couple le parfum de la liberté. À cet endroit, chacun avait créé une œuvre qui l'a marqué, pour Marie, c'était un long poème qui narrait la vie d'un prisonnier condamné à mort et à tort, les tortures qu'ils subissaient, physiques et morales, et le fait qu'il sache qu'il devait vivre ici le restant de ses jours, bien qu'il soit innocent, l'histoire a bien sûr était inspiré de celle David, elle a aussi développé plusieurs de ses sketchs et a écrit plus de blagues, elle les testait toutes sur son cobaye habituel, qui essayait d'être le plus professionnel possible et le moins indulgent, mais qui riait sans pitié.

Pour David, l'une de ses œuvres les plus marquantes qu'il a faite dans cette pièce est un livre, car oui, comme s'il s'agissait d'une envie irrépressible, d'un besoin vital, il a continué à écrire, ce livre est : « La pèche au trésor », parodie de l'expression à l'expression « La chasse au trésor » et qui parle d'un pêcheur pauvre et ruiné à qui un ami - qui apparait dans l'histoire comme un peu fou -, a confié un jour que le gouvernement avait caché au fond de l'océan, dans un endroit précis, avec des coordonnées géographiques que David a donné au hasard, il y avait un coffre fort avec à l'intérieur un trésor inestimable qui rendrait son heureux vainqueur mille fois plus riche que l'intégralité de la population humaine, avec une potion qui rendrait celui qui la buvait invincible et verrait ses forces décupler et le rendrait même apte à respirer sous l'eau comme le font les poissons et pourrait aller à des profondeurs que même le meilleur sous-marin au monde ne peuvent pas atteindre à l'encontre de toute pression de la mer, et il y avait aussi à l'intérieur du coffre fort une combinaison, qui ressemblait plus à un costume de gentleman britannique du 19ème siècle qu'à une combinaison, faite avec une matière très spéciale qui grandissait et rapetissait sans problème et qui ne laissait pas passer les coups de feu, ce qui le rendait pare-balle, mais la grande spécialité, c'est qu'il n'avait aucune trace de coup de feu comme un trou ou une trace de brulure après qu'on lui ait tiré dessus, selon l'ami du pêcheur, la matière spéciale serait un alliage de titane, d'acier inoxydable, d'iridium, de diamant et d'autres métaux extrêmement résistants mais qui serait devenu flexible par un acide très puissant tout en gardant son aspect solide qui lui permet de parer les balles. Et concernant son premier pouvoir, quand on boit une gorgée de cette potion et qu'on portait ce « costume », on pouvait avec la simple force des pensées non seulement faire grandir ou rapetisser la combinaison, mais son corps ou une partie du corps aussi, on pouvait même changer notre apparence ou notre couleur, ce qui nous permettait de ressemblait à un chat comme à un avion ! Mais il y avait un petit problème : afin d'ouvrir le coffre, on devait résoudre une énigme des plus difficiles et que l'ami du pêcheur a préféré faire plusieurs kilomètres pour aller chez lui et revenir pour la lui donner en mains propres dans une lettre bien fermée et celée au lieu de la lui envoyer par la poste le jour suivant car il avait fondé une théorie selon laquelle le gouvernement contrôlait tout le courrier, car cet ami était aussi conspirationniste. Cette énigme, le pêcheur la résolut en un rien de temps, car il était surdoué, mais le pauvre n'a jamais eu la chance d'intégrer de prestigieuses école à cause de sa lignées d'ancêtres, tous des pêcheurs, considérée comme pas assez « bonne » pour leur image. Alors qu'il avait maintenant la clé du coffre, il pouvait y aller, il croyait son ami car il se disait : « Et pourquoi pas le croire ? », il n'avait rien à perdre à part le temps qu'il passait à pêcher ou plutôt à essayer de pêcher et de rentrer bredouille à sa maison qui n'était qu'une vielle bicoque, il estimait lui-même qu'il gâchait son temps en pêchant, alors, il décida de le faire, car sa devise était : « Qui ne tente rien n'a rien ! », et il décida de tenter et de mener cette périlleuse aventure. Il alla au point précis où se trouvait le trésor, dans une mer agitée, essaya de le pêcher mais le filet était beaucoup trop court, il tenta alors l'inimaginable en plongeant, après tout, il préférait mourir jeune au dessus d'un supposé trésor que de mourir vieux dans la misère, il réussit à l'avoir, le fit remonter, l'ouvra en tapant, sur un clavier – relier un clavier à une boîte était très avancé pour l'époque, il n'y avait donc que le gouvernement à pouvoir le faire -, le mot de passe qui était une suite de chiffres et de lettres et de symboles compliqués que le pêcheur a appris par cœur, et il trouva à l'intérieur exactement tout ce dont son ami lui a parlé : le butin en pièces en or, en billets et de gros diamants, la potion magique et la combinaison ou plutôt, le smoking. Mais les membres du gouvernement se rendirent compte de la disparition de leur coffre au trésor, et envoyèrent leurs troupes vers le pêcheur, ce dernier avait prévu ça et a utilisé les armes de son ennemi contre son ennemi ; il but la potion, et enfila la combinaison, il était maintenant invincible, mille fois plus fort, et pouvait se transformer en tout ce qu'il voulait, il était littéralement l'être humain et vivant le plus fort au monde ou de l'univers même ! Il pouvait se transformer en un rouleau à pâtisserie géant et écraser, ou aplatir, en un mouvement, tout une armée, ou par exemple se transformer en un boulet de canon, s'éjecter d'un canon énorme qu'il aurait lui-même créé et casser, que dis-je ?, exploser, fracasser, massacrer un pays entier, il pouvait encore pousser la chose à l'absurdité la plus totale en devenant un géant, si grand qu'il prendrait l'océan Pacifique pour une petite piscine, où il sautera tellement haut – du plus haut point, l'Everest, qu'il prendra pour un plongeoir -, qu'au moment où il touchera l'eau, il y aura un énorme tsunami sur l'intégralité de la surface terrestre. Mais, pour des raisons évidentes, il ne le faisait pas, mais il se permettait souvent de petites folies. Le pêcheur passa le restant de ses jours avec ce mode de vie, toujours gai et heureux, riche, et possédait des maisons partout ans le monde, car c'était facile pour lui de dormir sous sa forme normale au Minnesota et de se réveiller le lendemain , devenir géant et aller en plein milieu de l'Inde, de la Russie ou d'un autre pays et de construire en quelques minutes avec de grands arbres une nouvelle maison, reprendre un peu plus tard sa taille normale et d'aller prendre un petit cocktail dans le café du coin. Ce train de vie était facile pour lui car c'était tout simplement l'homme le plus fort au monde, tout le monde le connaissait et les douaniers n'osaient même pas lui demander son passeport, c'était le seul à ne pas en avoir, car c'est impossible d'avoir une vie comme la sienne où il voyage tout le temps et d'avoir à remplir, chaque cinq minutes, des papiers administratifs, on le laissait passait partout, il était connu de tout le monde, la Terre était son terrain de jeu, il s'amusait des fois en se faisant passer pour une certaine personne en prenant son apparence, il a d'ailleurs fait scandale quand il s'est « changé » en le président de son pays, il pouvait littéralement tout faire, et, contrairement à ce qu'on peut penser, il a eu une famille, en se mariant avec une femme qu'il connaissait et qu'il croisait à chaque détour qu'il faisait à Moscou, et a eu avec elle une fille et un garçon. Il s'éteint d'une mort naturelle, car, certes, la potion et le costume le rendait invincible, mais invincible qu'aux balles et aux coups, sûrement pas à la mort qu'attend chaque être humain, et même s'il était immortel, il aurait quand même préféré finir comme tout le monde tant il avait bien profité de cette vie.

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