Chapitre 18

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Un jour, le 15 octobre 1954, David fut prié de venir dans une bibliothèque près de chez lui afin de parler de sa passion et de son activité d'écrivain, là-bas, il commença son discours en encourageant les jeunes à faire ce qu'ils voulaient mais aussi des choses qui serviront à la société, comme d'aller à l'école et étudier sérieusement pour trouver des vaccins pour des maladies, construire une meilleure société... Les gens dans la salle lui posaient des questions et il y répondait en toute sincérité, tout le monde parlait, de tout et n'importe quoi, et, de fil en aiguille, de sujet en sujet, certaines personnes commencèrent à avoir des propos racistes, quand David fit souligner ça, un homme, qui tenait des propos antisémites, cria :

- Mais ferme-là, l'allemand ! Qu'est-ce que t'en sais toi ?

- Pardon ?, l'interrogea David, alors, sur ce point, tu as tout à fait raison, je suis cent pour cent allemand, mon père et ma mère sont allemands, mes ancêtres ont combattu pour l'Allemagne, mon père est d'ailleurs mort au combat, et j'ai moi-même contribué en quelque sorte contre pour le pays de mes aïeux durant la seconde guerre mondiale, mais en venant ici, j'ai obtenu la nationalité américaine, j'ai épousé une américaine, j'ai eu des enfants avec elle, j'ai passé des années ici, huit ans pour être exact, j'ai contribué à la société américaine, plus qu'un américain le ferait, j'ai contribué au divertissement de centaines de milliers d'américains avec les œuvres que je viens de vous citer, mais je ne suis pas le seul allemand à marquer la culture américaine, il y en tellement qu'il me faudrait des heures pour tous les citer, il y a aussi beaucoup d'américains d'origine allemande : Eisenhower par exemple, notre président, Clark Gable, Marlène Dietrich, qui a, comme moi, été naturalisé américaine, Walt Disney, Robert Altman dont le nom de famille veut dire vieil homme en allemand... Et puis, qu'est-ce qu'un « vrai » américain ?, imaginez avec moi une famille noire d'Afrique venue en Amérique avec l'esclavage, qui est à la base de tout le racisme dans ce monde, au milieu du 17ème siècle, alors que le commerce triangulaire était en plein essor et imaginez aussi une famille blanche irlandaise ayant immigré du vieux continent vers le nouveau au début du 19ème siècle, et maintenant, des décennies plus tard, imaginez les petits-enfants de cette famille anglaise enlever les droits des petits-enfants de la famille noire, alors que cette dernière était bien avant, vous imaginez ça ? Qu'une personne s'installe à côté de chez vous et vous enlève tous vos droits, mais ce n'est pas une histoire de : « qui était là en premier ? » Car on sait tous que les vrais américains sont les amérindiens, victimes de plusieurs tentatives d'extermination, de génocides, de pillages en masse et de colonisation. Non, non, c'est une histoire de morale, il faut être humain pour comprendre qu'un être humain doit avoir les mêmes droits que n'importe quel autre être humain et a la même valeur que ce dernier. Mais ce qui me gêne le plus dans vos propos, c'est le « Ferme-là », et pourquoi me la fermer ? J'ai le droit de parler, n'est-ce pas ? Alors je m'exprimerai tant que je veux et tant que je peux, que ça vous plaise ou non ! Et pourquoi me la fermer quand je vois un policier tabasser à mort un jeune noir innocent ? Pourquoi me la fermer quand j'écoute des commentaires sexistes durant les spectacles de ma femme ? Pourquoi me la fermer quand je vois les mauvais impunis et les bons qui payent à leur place ? Pourquoi me la fermer quand je vois les pays européens faire des ravages en Afrique ? Pourquoi me la fermer quand je vois qu'ont ne reconnait jamais les gens qui ont réellement travaillé pour quelque chose ? Mais pourquoi donc me taire face à toutes ces injustices ? Et puis, je suis sûr qu'en disant « l'allemand », vous pensiez au casque à pointe et au drapeau nazi, mais en écoutant ce que vous disiez toute à l'heure, c'est vous le nazi !

David quitta la bibliothèque sans dire un mot de plus en claquant la porte à carreaux de verre tellement fort que deux carreaux se brisèrent en mille morceaux, tous le monde était bouche bée, au même moment, un homme sortit de la bibliothèque, David continua sa marche vers sa maison sans regarder derrière lui, se jurant de ne jamais retourner là-bas, quand soudain, l'homme le saisit par le bras, en lui dit en français :

Destins secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant