Chapitre 3

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Le soir du 8 avril 1926, le petit lut encore une fois ce message avant de dormir, car le lendemain, il pourra enfin aller voir son père, il en parla avec sa mère et elle fut tout à fait d'accord de consacrer une journée de travail pour qu'ils puissent, pour la première de leur vie – sa vie à elle et celle de son fils - se recueillir sur la tombe du défunt. Après tout, elle avait bien promis à Hans et à Siegfried de faire ça, le petit n'attendait que cet événement durant des mois, allait enfin savoir où se reposaient éternellement son père et être près de lui comme souhaiter le défunt, il pouvait enfin le voir, car demain, il allait enfin avoir sept ans !

En revenant sur le nombre de fois qu'Angela est allée voir la tombe de son fiancé, il faut dire en réalité qu'elle n'est jamais vraiment allée. Elle a juste vu son cercueil à l'enterrement et, durant la grossesse, ses parents lui interdirent strictement d'y aller, jugeant que son état était assez déplorable ainsi, après l'accouchement, ce fut encore pire car, souvenez-vous, elle ne quittait pas du tout Hans, alors, elle ne s'est jamais vraiment recueillie sur la tombe du soldat.

Le lendemain matin, Angela réveilla son fils de très bonne heure, lui fit manger son petit-déjeuner avec hâte, l'habilla, et ils partirent tous les deux en direction du cimetière où reposait en paix Siegfried, entrèrent avec l'accord du gardien après que la mère leur a bien indiqué que son fils avait ses sept ans aujourd'hui et se dirigèrent vers la tombe du soldat.

Hans fut le premier à ressentir des secousses dans son corps, il se dit que c'était un signe et s'empressa donc de parler :

- Père, je ne te connais pas, mais, ma maman, ta fiancée, Angela, m'a parlé de ton sacrifice pour essayer de sauver ton ami, de ta mort douloureuse pour l'Allemagne, de celle de ton ami et de milliers d'autres, mais j'imagine maintenant que ton coéquipier et toi êtes dans le ciel et que vous jouez à des jeux entre vous, avec tous les autres soldats morts pendant la guerre, et que vous êtes tous enfin heureux. Je sais que tu me vois et que tu m'entends d'où tu es. Je t'aime, papa !

Hans sentit à ce moment-là une petite brise qu'il prenait comme la réponse de son père, il était, du haut de six ans et de sa naïveté, satisfait de cette « réponse » que son père lui a offert. Angela avait quant à elle « parlé » avec le défunt de tout ce qui s'est passé depuis sa mort pour se rassurer.

La mère et l'enfant sortirent du cimetière, sans dire mot et retournèrent à la maison dans une espèce de tristesse et de bonheur mélangés. De retour à l'école, le petit voulut raconter cette anecdote à ses camarades, mais il ne le fit pas car il savait qu'ils se moqueraient encore une fois de lui, mais peu importe, il se fichait de ce qu'ils pouvaient penser, et décida, en jetant un regard naïf au ciel, de ne pas le faire.

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