Chapitre 20

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Durant la nuit du 31 octobre au 1 novembre, à minuit, Amine tira une balle de fusil en l'air, au même moment que plusieurs autres soldats à travers le pays, cela signifiait que la guerre vient de commencer.

Quelques jours après, Amine mena sa première bataille, qui n'était qu'une rencontre inattendue entre une troupes d'algériens et une troupe de français, avec une centaine de soldats algériens récemment formé d'un côté et à peu près 90 soldats français de l'autre, chacun des hommes était sa place, paré et armé, prêt à attaquer. La chance a privilégié les algériens car ils étaient en légère supériorité numérique mais la nature aussi, ils connaissaient non seulement très bien la zone et étaient habitués aux terrains montagneux, mais étaient en plus de ça au sommet de la montagne et les français à sa pente, ce qui permettait d'avoir un gros avantage sur eux, et de pouvoir leur lancer des grenades qui pouvaient tuer jusqu'à dix hommes, et les soldats d'Amine était très bien entraînés à lancer les grenades, avec un angle de 55° comme avait appris David il y a des années ça avec Hoffmann, si bien entraînés que ces grenades meurtrières devinrent la marque de fabrique de l'armée d'Amine pour avoir des soldats entraînés à éliminer des ennemis avec des grenades excellemment lancés, ils y avaient en plus de ça deux tireurs d'élite de chaque côté derrière qui étaient protégés et cachés par deux gros rochers qui faisaient parfaitement leur taille, ces derniers éliminaient les soldats français un par un, et si les soldats algériens se faisaient lancer des grenades, ils les relançaient en les tirant avec leur pied, tous comme les soldats italiens dans le livre que David a écrit des années auparavant. Les algériens avaient de grosses chances de gagner grâce à leur stratégie très simple qui pourrait être résumée par : la défense, la défense, la défense puis l'attaque, car la plupart des batailles se passaient comme ça :

Les français tirent, les algériens résistent

Les français tirent, les algériens résistent

Les français tirent, les algériens résistent

Les français s'épuisent, les algériens tirent

Ou bien, les soldats algériens comptaient le nombre de tirs pour savoir si les soldats français avaient vidé leur chargeur et étaient en train de les recharger afin de les attaquer sans problème.

Mais David s'inquiétait quand même pour les soldats algériens qui venaient d'être formés et dont la formation a duré que trois jours, mais en les voyant éliminer les ennemis un à un avec la rage et l'espoir de vouloir libérer leur pays du colonialisme français, ils avaient l'air d'avoir fait ça toute leur vie, ils avaient le courage et la fierté d'un moujahid, ils voulaient tous offrir un meilleur pays à leurs enfants et leurs petits-enfants, les voir faire la guerre l'avait beaucoup rassuré et son inquiétude s'envola comme les salves que les algériens tiraient sans répit.

Tout à coup, David fut frappé d'une pensée soudaine, elle ne pouvait pas le quitter, elle était coincée dans tête ; il s'est remis en question, dans la pire situation possible : mais que faisait-il ici ?, avec sa caméra, caché tel un lâche derrière un rocher, il n'allait pas se battre contre le diable de la France qui a fait les pires crimes contre l'humanité avec une caméra, il fallait brandir les armes, il est maintenant guéri de son expérience avec la guerre et puis il trouvait ça injuste de laisser des hommes fraichement formés d'un entrainement de trois jours mourir derrière sa caméra alors que lui s'était militairement entrainé durant quatre années consécutives, était le meilleur de sa caserne et avait les muscles aussi gros que des ballons de football, mais que fallait-il faire, filmer et ne rien faire, non, ce n'était des habitudes de David de rester stoïque face à des injustices flagrantes, il aimait combattre avec les paroles, mais il combattra bientôt avec les armes.

Il décida d'un coup tête de faire cette guerre, il se glissa furtivement vers le cadavre d'un chahid pour récupérer le fusil, se mit sur le bord du rocher, mit son œil droit dans son viseur, ajusta son arme en plaçant son ennemi en plein centre de son réticule, mit son index sur la gâchette, et tira sans trembler, la balle passa par l'œil gauche du soldat français et ressortit de l'autre côté de son crâne, sans oublier le sang qui vint peindre la scène. Il a tué un homme, ôté la vie à être humain, mis fin aux jours de quelqu'un, tout ça sans trembler, au moment de l'impact, David ressentit quelque chose de très fort dans tout son corps, mais pas de temps à perdre, il enchaîna avec un deuxième, un troisième et même un quatrième, tout ça en quelques secondes, il se sentait comme le héros d'un film de guerre largement exagéré, mais là il était dans la vraie vie, et, pris d'une témérité soudaine, il sortit sa tête pour tuer un cinquième mais il ne fallait pas oublier qu'il était dans la vraie vie car il fut vite calmé par un tir qui frôla de très près sa tête, à ce moment-là, il sentit son cœur s'arrêter, s'il ne pouvait pas mourir de la balle, il pouvait mourir d'un arrêt cardiaque, car ce n'est pas rien de frôler la mort, mais il resta quand même motivé à continuer de tuer les ennemis, tout en faisant attention et en restant discret.

Après des salves qui duraient des minutes, des milliers de balles tirées sur des cibles qui étaient entre la vie et la mort, faisant un tintamarre assourdissant et des litres de sangs écoulés, la bataille prit fin, les algériens gagnèrent, tous les soldats français trouvèrent la mort durant cette bataille, mais ils ne fallait pas oublier les pertes humaines du côté des algériens : une trentaine de soldats moururent en tant que chahids, leurs corps furent transportés à leur famille dans des brancards de fortune pour qu'elles soient enterrées dans les règles de leurs religions, les soldats français furent piller pour renforcer l'armée d'Amine en armement, David quitta le champ de bataille horrifié par la vue des cadavres, qui furent, une fois la nuit tombée, enterrés par la neige.

Le fait que les soldats gagnent à leur première bataille a grandement rassuré David et lui a offert énormément d'espoir car il est toujours meilleur de commencer une guerre par une victoire. Amine alla féliciter celui qui est maintenant devenu son frère d'arme et qui avait, mine de rien, tué 19 soldats, les deux hommes allèrent vers leurs bases accompagnés de tous les autres soldats qui le considèrent maintenant comme un frère d'arme et lui aussi les considéraient comme tels et était fier de ça, c'était la première guerre où il était dans le bon côté. Et ce geste inattendu de David, renforça sa relation avec Amine qui commençait à se créer.

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