Chapitre 24

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Un beau jour de l'année 1961, Amine se rendit en France, à Marseille, pour récupérer des dossiers de la plus haute importance, il se rendit à un appartement afin de récupérer des papiers confidentiels de la part d'un de ses hommes qui lui fournissaient de précieux renseignements. Il se promenait dehors en tenant contre son torse son trésor, passant par les rues étroites et les passages serrés pour éviter la police, car il n'était pas inconnu chez les autorités puisqu'il a déjà été arrêté et est maintenant en cavale. Il contemplait la mer de loin et prêtait attention au moindre bateau qui navigue dans la Méditerranée. Pour être dans une situation plus sûre, il alla, masqué d'un long col de veste et d'un chapeau tel un détective, vers un parc, là où personne ne viendrait l'embêter. Là-bas, il remarqua une magnifique femme assise sur un banc en train de lire un livre : « Le printemps des nuages », de David Herbal, Amine trouva un bon prétexte pour aborder cette sublime demoiselle :

- « Le printemps des nuages » de David Herbal, si je peux me permettre, vous avez très bon goût.

- Oh !, je vous remercie, c'est un excellent écrivain, vous savez ?

- Pour ça, je sais, j'ai lu plusieurs de ses livres, et, sans me vanter... c'est un ami proche.

- Ah bon !, eh bien... dites-lui que j'adore ses livres et dites-lui aussi de continuer à écrire ces chefs-d'œuvre car on est beaucoup à le lire ici à Marseille.

- Oui, bien sûr, je vais lui dire, mais lassez aussi vous dire que vous avez de sublimes yeux marron et de cheveux couleur fauve magnifiques !

- Oh !, mais vous me flattez, là ! Je vais rougir !

- Mais c'est vrai, enfin ! Il faut dire la vérité : vous êtes magnifique !

- Vous exagérez ! Vous aussi vous êtes charmant, avec vos beaux cheveux frisés.

- Vous savez, c'est la première fois qu'on me complimente sur mes cheveux frisés.

- Ah bon ?, vous les trouvez beaux ?

- Oui !

- Je les trouve pas très beaux, moi.

- Mais moi, si !

- Eh bien vous êtes la première personne à penser ça.

L'homme et la femme se mirent à rire de ça, se regardant chacun dans les yeux.

- J'ai remarqué chez vous avez un petit accent, dit Amine, vous venez d'où ?

- Mais je viens de Marseille ! Enfin, à moitié, ma mère est marseillaise et mon père est italien, de Ligurie.

- Donc, c'est l'accent italien, ça ?

- Mais non, tout le monde parle comme ça à Marseille.

- Ah ! D'accord, j'ai compris ! Mais bon, il faut admettre qu'il est un peu bizarre cet accent !

- C'est vrai, je l'avoue, mais bon, je l'aime bien mon petit accent marseillais, et puis le tien aussi est bizarre !

- Eh bien c'est mon petit accent algérien !

- Vous êtes algérien ?!

- Et bien oui, ça ne se voit pas avec mon accent et mes cheveux ?, dit Amine en rigolant.

- Maintenant que vous le dites, c'est vrai que c'est évident.

- Mais, vous n'êtes pas sans savoir entre ce qui se passe entre nos deux pays.

- Oh, oui, pour ça j'en sais bien des choses, mais ne vous inquiétez pas, nous sommes, ma famille et moi, contre toute guerre ou toute colonisation, comme si nous étions nés dans le mauvais pays, ma mère me dit même que mon arrière-arrière-grand-père était l'un des seuls aux pays à être contre la colonisation de l'Algérie par la France en 1830 après l'annonce de la prise d'Alger, on le prenait même pour un fou qui était contre l'intérêt de la France, un ennemi politique, un collaborateur britannique, et on l'a traité de tous les noms, et c'est pour ça que nous tenons dans notre famille à ne jamais soutenir les projets macabres de la France.

Amine était plus que content d'entendre ça, il y avait une chance sur un milliard que la femme qui est rentré dans son cœur dès le premier regard soit française et, contre, la colonisation, et c'était miraculeusement le cas. Le cœur d'Amine, tombé très vite en amour, battait la chamade et pouvait sortir de son torse.

Les deux personnes parlèrent durant des heures assis sur ce même banc, et se rapprochèrent beaucoup et se liant très vite d'un solide joug, comme deux veaux avançant vers la même direction, le même but, quelque chose naissait entre aux, et c'était réciproque, ils sentaient tous les deux qu'une relation se créait. Ils parlèrent jusqu'à la tombée de la nuit, omettant la notion du temps. À la fin de la journée, Amine s'est souvenu d'un détail très important qu'il avait totalement oublié :

- Ah oui, j'ai carrément oublié, comment vous vous appelez ?

- Stéphanie. Stéphanie Agnese.

- Moi, c'est Amine Madouri.

Stéphanie donna son adresse à Amine pour qu'ils puissent se retrouver à l'avenir. Les deux jeunes gens se quittèrent, l'une rentrant chez elle dans sa maison qui se trouve à quelques mètres du parc et l'un rentrant à sa base à quelques centaines de kilomètres du parc.

Avant de monter sur le bateau, l'homme entrouvrit le dossier qu'il tenait contre son torse depuis ce matin, les nouvelles étaient bonnes : des accords commencèrent entre la France et l'Algérie dans une ville française proche de la frontière suisse le 20 mai 1961, les fameux accords d'Évian.

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