Deka Kerberos - Tome 2

Chapitre 2 - partie 1

« Les avis, c'est comme les trous du cul : tout le monde en a un. »

(Clint Eastwood – La dernière cible)

Nous y sommes !

Ou presque. La porte principale est franchie.

Ne reste plus qu'à rejoindre la salle du Conseil et je serai une femme comblée. Ou presque. Mais ça, c'est une autre histoire... Ou presque...

L'avenir nous le dira.

Beaucoup de presquitude, mais d'ici quelques secondes, je ferai enfin la connaissance des Dix. Enfin, des huit, vu que Nyeleti est aux abonnés absents et qu'Aaron se tient présentement à côté de moi.

Je devrais même dire des cinq, puisque j'ai pu faire connaissance avec la moitié de la bande lors de mon séjour chez Aby.

Yori-Japon, Bao-Chine, Latika-Inde, Owen-Australie, et Liam-Canada sont les prochains noms sur ma liste.

Je vais pouvoir les reluquer sous toutes les coutures, les passant au crible les uns après les autres, en faisant appel à mes yeux affutés de super héroïne.

Je vais les mater, ces matous !

Et c'est qu'il y a du lourd dans la place si j'en crois l'avant-goût auquel j'ai eu droit grâce aux vidéosurveillances de feu notre planque.

En voilà une que je ne vais pas regretter.

— Par pitié, Kali, arrête de montrer les dents en affichant un air de perverse.

Je me tourne vers Ronron sans relâcher mes zygomatiques.

— Pourquoi ? Ça t'excite ? Tu as peur que ça te donne des idées cochonnes en pleine réunion pré-apocalyptique ?

— Au contraire. Je crains le pire quand je te vois déployer tout cet attirail. Aucune chance que mes pensées suivent une direction agréable. Tu es terrifiante.

— Parfait ! Voldemort n'en chiera que plus dans son froc. Crois-moi, je lui ferai tout déballer avant la fin de la journée.

Je dispose de plus ou moins quatre heures devant moi, ça devrait le faire.

— Non.

Je fronce les sourcils en voyant que Mister BDLC s'est une fois de plus contenté d'une phrase monosyllabique en réponse à... une question que je ne lui ai même pas posée.

— C'est ton mot préféré ? Tu sais que tu peux en aligner d'autres derrière.

Il soupire et resserre ses lèvres — des fois que sa langue se sente à nouveau pousser des ailes et prenne l'initiative d'aller se perdre dans ma bouche, je suppute.

Je lui adresse un clin d'œil.

Ronron ne pourra plus jouer les grincheux très longtemps. Notre relation a pris un nouveau tournant dernièrement, il est temps qu'il l'accepte s'il ne veut pas que l'attraction s'en charge pour lui.

Je n'ai pas oublié le sérieux avec lequel il m'a contemplée juste après m'avoir avoué qu'il ne permettrait pas qu'il m'arrive quoi que ce soit, et juste avant de venir butiner mes lèvres à grand renfort de coups de langues bien placés. Si sa tirade de romantico-dépressif ne m'avait pas déjà convaincue, le roulage de pelle qui s'en est suivie a fini de le faire.

Il est mordu, le Père Dodu.

Les efforts qu'il déploie pour me garder à distance depuis ce jour ne jouent pas en sa faveur.