Deka Kerberos - Tome 2

Chapitre 10 - partie 1

« Je suis venue, j'ai bu, j'évacue. »

Le soleil brille, les oiseaux chantent, et mes cheveux poussent bruyamment vers l'intérieur.

— Tiens, avale ça.

Mamé dépose une étrange bouillie verdâtre devant moi.

— Beurk. Rappelle-moi de ne plus jamais embrasser un cobra.

— Allons, allons, ça va passer. Mieux vaut se réveiller avec une gueule de bois qu'une tête de con.

Je réfléchis un instant à ses sages paroles.

Mon verre se lève peu de temps après pour venir teinter contre sa tasse à café.

— Santé !

J'avale le contenu cul-sec.

C'est sucré-salé, acide, pâteux, et amer à la fois... Mais je préfère ne pas la questionner sur les ingrédients de cette composition douteuse.

Le plus important, c'est son efficacité. Les remèdes de Mamé ne m'ont jamais fait défaut jusqu'ici.

Et ça ne loupe pas.

Mon visage reprend ses couleurs en un rien de temps.

Je me sens prête à courir un semi-marathon !

Je me lève d'un bond, bien décidée à mettre mes projets en application sur le champ, mais je me heurte de plein fouet à Ronron qui rentre dans la cuisine au pas de charge.

— Putain, bel étranger ! le salué-je joyeusement.

Je continue de courir sur place pour ne pas perdre le rythme, donnant quelques semblants de coups de poings sur son torse entre deux respirations.

Il plaque ses grandes paluches sur mes joues et me relève la tête pour inspecter mes pupilles.

Si ce grand gaillard continue de presser comme ça, c'est un visage en cul de babouin botoxé que je vais me payer plutôt qu'une bouche en cul de poule.

— Tu as consommé de la drogue ? s'inquiète-t-il.

— Fla qu'je slache, articulé-je avec difficulté.

Ronron desserre aussitôt sa prise et jette un coup d'œil dans mon dos.

— Ne t'inquiètes pas, Pinzutu, le rassure Mamé en le voyant scruter mon verre vide d'un œil suspicieux. Ça donne un coup de fouet sur le moment mais l'effet ne dure pas.

Elle a raison. Mon envie de marathon vient de retomber comme un soufflet.

Ouf ! Je n'étais pas prête à vivre ce genre d'expérience angoissante.

Rassuré, le kerberos me contourne et en profite pour se tâter le cul.

Hey ! C'est mon boulot, ça !

Malheureusement, il ne me donne pas l'occasion d'atteindre ma cible. Aaron met rapidement la main sur l'objet de sa fouille, sortant un téléphone portable de la poche arrière de son pantalon.

— Merci pour le prêt, dit-il en posant l'appareil devant Mamé, sur la table.

PS : C'est l'appareil qui est sur la table, pas Mamé.

Les dieux soient loués, mon arrière grand-mère n'a pas la même passion que moi pour les coquoreilles... Ronron aurait été foutu de l'exploser avant de lui rendre.

— Tu as pu joindre Yanis ? l'interrogé-je, pressée d'avoir des nouvelles de nos compagnons. Comment va Marge ?

— Bien. Sven l'a amenée en lieu sûr. Le groupe s'est scindé en deux dès le premier jour pour donner du grain à moudre à leurs potentiels poursuivants. Mais ils ont dû vite lâcher l'affaire en constatant que nous n'étions pas avec Sven et Margarita. Ces deux-là n'étaient pas leur priorité.