Deka Kerberos - Tome 2

Chapitre 16

J'avais prévu de poster cette partie demain soir mais ma petite soeur m'a suppliée avec ses yeux de chat potté de la sortir ce soir, donc si elle est naze et que je n'ai pas pu me relire correctement, c'est sa faute. Vous pouvez la huer. Ou la remercier, c'est vous qui voyez...

***

« Ton coach t'a dit de faire un jogging autour du pâté de maison. Toi, tu manges du pâté, en jogging, dans la maison. »

Les Seychelles.

Il a fallu que j'attende de me retrouver dans la pire des situations — confinée avec l'Effreyable — pour atteindre ma destination de rêve.

Sur une île déserte, en plus. Enfin, déserte de touristes, parce qu'elle est parfaitement habitable par ailleurs et dispose de toutes les commodités nécessaires. Histoire de me frustrer encore plus. Ou de me combler... Il m'arrive d'avoir encore un peu de mal à me décider sur la question.

J'arrive quand même à trancher la plupart du temps. Lorsque mes yeux plein d'étoiles se posent partout avec bonheur, excepté sur celui que je convoite le plus.

Villa, hamac, cocotier et bar piscine... Tout y est. Sauf Ronron. Seule ombre sur ce tableau idyllique.

Il est clair que sans lui, le paradis est bien moins attrayant.

Il l'est un peu, quand même, médité-je en observant les vagues s'écraser sur la plage tout en sirotant avec délice le cocktail irisé que m'a préparé Paf.

C'est sa punition pour avoir participé à mon énième rapt. Le garde est à mes petits soins pour une durée indéterminée. Il n'a pas eu l'air de trouver à y redire quand je l'en ai informé.

Ce grand gaillard pue la culpabilité à plein nez. Il doit se rendre compte que ses pairs abusent un peu en me séquestrant tous les quatre matins.

Au moins, je vois du pays...

La mission sauvetage de Ronron est toujours bien présente dans mon esprit, mais je serais folle de ne pas profiter du cadre en attendant de fignoler les détails de mon plan.

Pour le moment, j'en suis aux bases... J'ai la volonté d'agir. C'est un bon début.

Le rejoindre s'avère beaucoup plus compliqué que prévu.

D'après les infos que j'ai pu grappiller, l'île possède un portail d'entrée — il faut croire que les filigays qui décidaient de l'emplacement des points d'accès magiques à l'époque avaient bon goût — mais ce havre de paix se trouve à vingt minutes en hélicoptère de l'aéroport international de Mahé, où se situe le téléporteur le plus proche.

Mes chances de m'enfuir à la nage sans finir noyée en cours de route, ou mangée par les requins, sont infimes.

Et le ponton aux bateaux est bien gardé. De même que l'héliport... De toute façon, je ne sais pas piloter.

J'étais pourtant prête à apprendre.

Autrement dit, on m'a placée sur un genre d'Alcatraz revisité, en version luxe.

En dehors de Pif et de Paf, une vingtaine de gardes se relaie pour faire des rondes sur l'île.

Je me réserve sous le coude l'option sauter sur l'un d'entre eux comme une sauvage, un sabre entre les dents, pour le forcer à hisser la grand voile et me ramener sur la côte.

Je n'hésiterai pas à faire usage de ce stratagème en désespoir de cause.

Ne reste plus qu'à décider si la cause est suffisemment désespérée ou non.