Deka Kerberos - Tome 2

Chapitre 3

« Le chameau peut travailler cinq jours sans boire, moi je peux boire cinq jours sans travailler. »

La réunion s'est éternisée. À tel point que j'ai fini par m'asseoir pour prendre des notes.

Puis, j'ai dû avoir une absence parce que, lorsque j'ai émergé de ma sieste inopinée et que j'ai jeté un œil sur ma filibible grande ouverte devant moi, je me suis rendue compte que j'avais rempli trois pages de « Latika caca » et « Owen ouin ouin »... ce qui constituait l'essentiel de ces fameuses notes.

Heureusement, personne n'a semblé me tenir rigueur de ma passion soudaine pour l'écriture automatique. Les Neuf, étaient trop occupés à se tirer dans les pattes pour faire attention à moi.

Ce n'est pas comme s'ils débattaient du sort d'une personne se trouvant juste sous leur nez...

Bref, cet échange stérile m'a donné mal au crâne. C'était amusant les dix premières minutes seulement. Ce qui correspond, à peu de choses près, au temps qu'il m'a fallu pour identifier les principaux suspects dans ma chasse au renégat.

Latikaca et Ouinwen arrivent évidemment en bonne position, rapidement suivis par Dark Liam et tonton Yori. Zinaida a beau apprécier le Kerberos japonais, et réciproquement, je n'ai pas aimé sa façon de tout remettre en question, à croire qu'il faisait exprès d'envenimer les choses avec ses petites piques bien placées.

Parmi les petits nouveaux, seule Bao m'a fait bonne impression. Il est vrai que son analogue canadien m'a laissé rêveuse une seconde, mais je ne peux décemment pas retirer Liam de la liste des suspects en sachant qu'il voterait certainement pour la réouverture des enfers s'il en avait l'occasion. Dans tous les cas, méfions-nous des beaux-gosses ténébreux.

Aby a eu le nez fin. Au train où vont les choses, vu l'ambiance chaotique qui règne dans la place, le Conseil n'est pas près de se terminer. Ce n'était que la première séance d'une longue session de prises de têtes, j'en ai peur.

Voilà pourquoi j'étais bien contente que Ronron me laisse le choix entre assister aux prochaines réunions du Conseil avec lui ou me la couler douce dans un refuge.

J'ai pris environ deux secondes à me décider... Tout le monde n'est pas aussi efficace que moi quand il s'agit de trancher, manifestement.

Si la prise de décision n'est pas le fort des Kerberos, en revanche quand il s'agit de faire chier le monde, c'est une autre histoire...

N'étant toujours pas parvenus à une entente sur la question de ma protection, cette bande d'orchidoclastes a accepté que Ronron conserve son rôle le temps des délibérations à la seule condition que ce soit Freja qui décide de mon nouveau lieu de chute.

L'Ancienne kerberos a fait ses preuves auprès de ses pairs et son dévouement à la cause ne fait aucun doute, semble-t-il.

Aaron s'est donc vu obligé de plier aux attentes de ses congénères en suivant les directives de la Vipéris, qui s'est empressée de m'envoyer chez un de ses potes eklektos à la retraite.

Si mon acolyte d'apocalypse — appelons-le mon apocolyte — se trouve largement limité dans ses mouvements, il reste néanmoins en charge de ma sécurité.

Et comme il ne peut être à mes côtés ces prochains jours, il compte sur Lindsay et Yanis pour assurer mes arrières. Le couple doit déjà être en train de s'activer à l'intérieur de la maison qui accueillera mes fesses de surrogata. Cela expliquerait leur absence immédiate sous le porche.

La situation a beau déplaire à Aaron, il semblait rassuré que j'ai opté pour « le choix de la sécurité » en décidant de rejoindre un nouveau refuge plutôt que de m'exposer au danger que représentent les réunions du Conseil.