Chapitre 12 - Partie 2

174 53 86
                                    

— Kali...

— Ils sont ensemble depuis quand ? le coupé-je prestement.

— Qui ?

— Tes sourcils.

Aaron affiche un air meurtrier.

Je me félicite de ma diversion. On ne voit plus grand-chose du dessin que je lui ai fait, mais en étant un peu attentif, on peut encore apercevoir une ombre persistante à l'endroit où j'avais raccordé ses poils.

— Il va falloir que tu perdes cette sale habitude, me semonce-t-il.

Je ricane et l'ignore à nouveau.

Tu peux te brosser, Martin.

La déco de la pièce me semble soudain des plus intéressantes. Je prends garde à poser mes yeux partout. Sauf sur lui.

— Kali, me conjure-t-il.

— Parle à mon cul.

Je lui montre mes fesses.

— Il va bien falloir qu'on discute, un jour.

— Pour écouter plus de mensonges de ta part ? Non merci.

J'entends Aaron soupirer de frustration.

— Je sais que j'ai merdé ! Plus d'une fois... Et j'en suis désolé. Crois-moi quand je te dis que je ne suis pas fier d'avoir agi de la sorte. J'ai pris de mauvaises décisions quand on s'est rencontrés, pour des raisons qui me semblaient légitimes et qui, avec le recul, ne l'étaient clairement pas.

— La, la, la, je n'entends rien. J'ai des bananes dans les oreilles.

Je plaque mes mains sur lesdits écoutilles pour appuyer mon propos.

— Je n'ai pas cessé de me le reprocher depuis...

Bien décidée à couvrir sa voix de fourbe, je me mets à chantonner haut et fort la musique de la plus terrifiante des attractions de Disneyland :

♫ It's a small world aaaafter all... ♫

— Tu n'imagines pas à quel point je regrette de ne pas t'avoir tout déballé dès le début, l'entends-je tout de même se lamenter à travers mes bouchons palmaires et ma superbe prestation vocale.

Il faut croire que ma méthode n'est pas très concluante.

Le Kerberos doit s'en douter puisqu'il ne lâche pas le morceau :

— Je te demande pardon ! Je n'ai jamais voulu te faire de la peine.

Peu importe, je tiendrai bon.

It's a small small woooooooorld ! continue-je donc à m'égosiller en fermant les yeux.

— Mon seul souhait était de te préserver.

C'en est trop !

J'arrache mes mains de mes oreilles et je me retourne pour le fusiller du regard :

— En oubliant de me préciser que j'allais très certainement y passer ?!

— Non ! En envisageant toutes les pistes avant de t'annoncer que tu étais condamnée.

— Ouais, ouais, parce que je suis un soleil, que tu ne voulais pas m'éteindre, et tout et tout. C'est bon, j'ai déjà écouté ces sornettes chez Mamé.

— Qu'est-ce que je dois faire pour que tu me croies ?

— Rien ! Je pensais que tu te montrerais honnête envers moi suite à notre dernier échange, mais ça ne t'a pas empêché de continuer à te payer ma tête en me cachant l'existence du Koï Nonos !

Deka Kerberos - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant