Deka Kerberos - Tome 2

Chapitre 13

« Si tu vois tout en gris, déplace l'éléphant. »

Aaron et moi sommes penchés sur les écrans de surveillances installés sur le bureau, histoire de concentrer notre attention sur autre chose que notre libido explosive.

Après une brève délibération suite à deux-trois dérapages hautement glissants, nous avons jugé cela plus prudent.

Ça ne m'empêche pas de le frôler « par mégarde » dès que l'occasion se présente... Soit à peu près toutes les cinq secondes.

Ah ! Sacré Liam ! Je suis certaine que nous enfermer dans cette pièce exigüe faisait partie de ton plan diabolique de réconciliation, songé-je en le voyant déambuler paresseusement dans les couloirs de sa demeure en compagnie de deux Kerberos.

Nos visiteurs impromptus ne sont autres que Yori-Japon et Bao-Chine.

Notre hôte semble profiter de leur venue pour gratter des infos de-ci de-là. Et, d'après les échanges que nous avons pu intercepter, les membres du Conseil sont partis à notre recherche par groupe de deux.

Enfin, ceux qui tenaient à participer à la chasse à l'homme, du moins.

Comme nous le pensions, Aby-Sénégal et Thiago-Brésil ne se sont pas joints aux festivités.

Ça, c'est mes potos !

Zinaida est occupée à recruter pour sa cellule de recherche, mais je suis sûre qu'elle aurait fait le choix de rester sur le banc de touche même si elle n'avait pas été retenue ailleurs.

Latika-Inde et Owen-Australie sont partis mener leurs investigations de leurs côtés... Comme par hasard.

J'espère que leurs coucheries leur fera perdre du temps.

Ils n'auraient pas tort, remarquez.

« Faites l'amour, pas la guerre » est le plus juste des slogans jamais trouvés.

Bao et Yori, pour leur part, ont donc décidé de poursuivre leurs recherches chez Liam afin de le cuisiner, s'assurant que ce dernier n'a pas une petite idée d'où aurait pu m'emmener Ronron, étant donné que les deux hommes étaient très proches dans leur jeunesse.

The Crow a parfaitement joué la carte de l'ignorance. Il est très bon acteur. Aucun stress n'était perceptible lorsque Yori lui a demandé si ça ne le dérangeait pas qu'ils fassent le tour de sa propriété « pour jeter un œil ». Le corbeau s'est même permis le luxe de leur offrir une petite révérence pour les encourager dans cette voie.

Il faut dire que nous avons pris les devants en assurant nos arrières au cas où nous nous retrouverions confrontés à ce genre de situation menaçante.

Les chambres que le Canadien nous a attribuées, à Aaron et moi, disposent toutes deux d'une trappe secrète dans laquelle nous rangeons les affaires susceptibles de dévoiler notre présence : genre, une valise licorne trainant au beau milieu d'une chambre, par exemple.

J'ai bien l'impression que ce château regorge de cachettes en tout genres. J'adore !

Mon sourire se crispe.

— Oh non ! m'affolé-je soudain.

— Quoi ?

— Je ne suis pas certaine d'avoir rangé mes affaires dans la trappe, aujourd'hui. S'ils passent par ma chambre, on est foutus !

— Je m'en suis occupé, me rassure immédiatement Ronron.

— Hein ? Quand ça ?

— Juste après ton réveil, comme les sept derniers jours.