Deka Kerberos - Tome 2

Chapitre 6

« Je ne dis pas que je suis Wonder Woman, je dis juste qu'on n'a jamais vu Wonder Woman et moi, ensemble, dans la même pièce. »

J'entends un homme brailler quelque part dans les environs. Ça ressemble à des cris d'agonie.

Quelqu'un est mort ?

— Kali ?!

C'est moi qui suis morte ?

— Kali !

Je reprends peu à peu mes esprits.

Je sens qu'on me déplace légèrement. Mon dos repose maintenant sur une surface beaucoup plus confortable.

— Tu vas bien ? Réveille-toi !

Hmmm, je connais cette odeur suave et chaude !

Et ces mains puissantes...

Et cette voix grave, qui me procure une sensation de bien-être instantanée...

— Sven ! Elle est là !

J'entrouvre un œil et découvre Ronron au dessus de moi. Il a la tête tournée et inspecte les alentours en affichant une grimace terrible.

Je me rends compte que le haut de mon corps repose contre lui.

Ooh ! Il a dû me prendre dans ses bras en me découvrant inerte au sol, à la manière d'un chevalier servant venu secourir sa princesse... Trop romantique !

Ma paupière se rabaisse brusquement en le voyant esquisser un mouvement de tête dans ma direction.

Si je joue les Belles aux bois dormant un peu plus longtemps, il se hasardera peut-être à me faire du bouche-à-bouche...

Aaron n'entreprend rien durant cinq bonnes secondes, puis il se met à me secouer follement.

— Kali !

Crotte.

C'est logique, dans cette position il a dû voir ma poitrine se soulever, entendre mon cœur battre, ou encore sentir mon souffle sur son nez... Et, s'il a assisté à l'un de ces phénomènes, l'option réanimation n'a pas dû faire long feu dans sa charmante caboche.

Qu'à cela ne tienne. Je tente de retenir ma respiration pour l'encourager un peu.

Toujours rien.

Pas l'ombre d'une bouche venant appuyer fort contre mes lèvres pulpeuses.

Je rouvre un œil. Son regard me percute.

Oups. Prise en flag...

— Hey ! le salué-je, l'air de rien.

Ses yeux se froncent. Il me regarde méchamment.

— Arrière, Ingrid ? fulmine-t-il. Vraiment ?!

— Hein ?

Qu'est-ce qu'il me chante ?

J'en connais un qui a trop abusé des champignons...

Ou alors il est pris d'une amnésie soudaine ?

C'est pas de bol.

— Moi, c'est Kali, le rencardé-je avec sollicitude.

Ronron sort son téléphone de sa poche et pianote dessus une seconde avant de me foutre l'écran sous le nez.

Il s'agit de notre dernier échange texto.

Je cille deux secondes pour faire le point.

Ah, tout s'explique...

Enfin, presque... Pourquoi j'ai écrit « Arrière Ingrid » ?