Deka Kerberos - Tome 2

Chapitre 25

« Si vous ne vous sentez pas bien... Faites vous sentir par un autre. »

Apokali imminente

Voilà, voilà. On y est. C'est le jour J.

Nous nous trouvons quelque part sous terre dans le Delta de l'Okavango, au Botswana.

C'est ici que tout va se jouer. Dans le berceau de l'humanité.

À l'exception de l'ensemble des kerberos et de certains privilégiés censés assurer la sécurité sur place, aucun autre Filigay ne connaît les coordonnées de ce sanctuaire sacré, ce qui me garde relativement à l'abri du danger.

Sauf si un autre individu parmi les Dix se découvre un penchant pour la trahison bien sûr...

On comprend comment l'endroit a pu rester secret aussi longtemps quand on sait qu'il a été creusé dans le sol et qu'il n'est pas visible depuis l'extérieur.

Son seul accès est un portail qui ne peut pas être activé en dehors de cette période.

Les galeries souterraines dans lesquelles je déambule depuis maintenant près d'une semaine auraient pu me paraître étouffantes à la longue. Mais il règne en ce lieu une atmosphère particulièrement sereine et apaisante.

Tout est grand et lumineux malgré l'absence de fenêtres. Les murs qui m'entourent sont faits de pierres finement sculptées et de joyaux diaphanes incrustés qui réfléchissent la lumière ambiante dans une myriade de rayons étincelants.

D'immenses colonnes viennent soutenir les hauts plafonds, et des statues tout aussi majestueuses décorent les couloirs. Ces dernières présentent toutes sortes de créatures surnaturelles : licorne, sirène, fée, dragon, kraken... C'est un véritable hommage aux Archidémons qui a été déployé ici.

La toge dont on m'a affublée glisse de mon épaule pour la vingtième fois en moins de dix minutes. Je la réajuste en grognant :

— Je suis vraiment obligée de porter ce truc informe ? Franchement, on dirait une robe destinée à une jeune vierge sur le point d'être sacrifiée. Vous êtes au courant que je ne corresponds pas au profil, hein ?

— Ça fait partie de la tradition, m'assure l'Effreyable. Tu dois te présenter devant l'autel sans artifice.

— Pourquoi je n'y vais pas tout simplement à poil, dans ce cas ?

Elle me fait les gros yeux.

Tu parles d'un argument...

— La prochaine fois que mon drap se fait la malle, je le laisse tomber à mes pieds, décrété-je. Et tant pis si mon cul nu te choque. Pour ta gouverne, il est très beau.

Zina se marre à mes côtés.

Nous sommes rassemblés dans une grande pièce que j'ai obligeamment renommée « salle d'attente » en raison de sa fonction première.

Il s'agit d'une sorte de vaste sas qui renferme les « portes de l'Enfer », qui vont apparemment s'ouvrir d'ici peu pour signaler le début des festivités. De mon sacrifice ?

J'avoue que je ne suis plus certaine de la sincérité des intentions du peuple gardien au vu de mon accoutrement.

Le plus moche, dans tout ça, c'est que je me sens déjà toute nue.

Ron et Hermione, mes toutes nouvelles armes de transformation massive ont rendu l'âme. En tout cas, c'est tout comme.

En effet, chaque artefact surrogata se voit privé de sa magie quelques jours avant la Sainte des i. Comme ils ont besoin du grand Opium pour fonctionner et que ce dernier doit être renvoyé dans la serrure dans sa totalité, les objets y faisant habituellement appel se vident de leur magie pour rejoindre une sorte de puits de pouvoir ésotérique, arcanique, intergalactique... Bref, je n'ai pas tout compris au schmilblick, mais il n'en reste pas moins que mes baguettes crapauteuses me sont désormais d'aucune aide.