Chapitre 24

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« Toutes les routes mènent au rhum »


J-6 avant Apokali

Aaron

« Si tu reviens ce soir, je veux bien partager mon goûter avec toi. C'est un biscuit fourré, pour info... Ne jamais remettre à deux mains ce que l'on peut faire à quatre pattes. »

Mon visage se fend d'un sourire débile alors que je prends connaissance du message qui vient d'arriver sur mon téléphone.

Ça m'arrive tout le temps depuis que je la connais.

Kali a déboulé dans ma vie comme un bulldozer, pulvérisant tous mes repères, toutes mes certitudes.

Si je l'ai trouvée immature et insupportable dans un premier temps, j'ai rapidement fini par m'attacher à ce grain de folie qui la rend unique. Enfin, un grain... Parler d'un sac remplit à ras bord serait probablement plus approprié dans son cas. Cette fille est complètement barrée.

Mais, voilà. J'adore ça.

Elle est le plus qu'il manquait à mon existence, sans même en avoir conscience.

Je ne saurais dire quand j'ai commencé à tomber amoureux...

Quand elle m'a embrassé sans prévenir, sur les marches du refuge du Pilat, et que le seul contact de ses lèvres a suffit à me coller une trique de tous les diables que j'ai mis des heures à faire partir ?

Ok... C'était plus mécanique que sentimentale comme réaction, mais je n'étais pas préparé à voir mon corps répondre aussi durement — c'est le cas de le dire —, à un geste des plus frivoles. Il l'aurait été avec n'importe quelle autre inconnue, en tout cas.

À moins que ce ne soit arrivé quand elle m'a entraîné dans cette folle soirée au Luna Park après m'avoir gavé de donuts, et que j'ai savouré chaque putain de seconde passée à ses côtés en espérant qu'il y en aurait encore des millions d'autres après cela ?

Je retrouve mon âme d'enfant à ses côtés. Mais si le sourire est facile avec Kali, les contrecoups n'en sont que plus durs.

J'ai été confronté à cette réalité assez violemment, la première fois que j'ai cru l'avoir perdue. Quand je me suis aperçu qu'elle et Zinaida étaient parties jouer les têtes-brûlées en faisant fi de toute prudence, je l'ai détestée. Mais, j'ai mis du temps avant de comprendre que la flamme qui brûlait en moi n'était pas attisée par une quelconque aversion à son égard... C'est tout le contraire.

Je ne me suis rendu compte de la force de mes sentiments que récemment. Jusque là, je ne m'étais pas donné la peine d'y réfléchir. Kali m'attirait, pour des raisons que je ne m'expliquais pas totalement, et ça semblait réciproque. C'était suffisant.

Ma détention forcée m'a obligé à poser les choses.

Je l'ai dans la peau. C'est un fait.

Notre séparation prolongée, et involontaire était déjà un calvaire à vivre, mais quand j'ai été informé que Yori était parvenu à ses fins... Que ce putain de renégat l'avait enlevée et que je n'avais pas été là pour l'en empêcher... J'ai cru mourir.

Je ne me suis jamais senti aussi vivant que depuis que je la connais, et, soudain, j'agonisais.

Ce n'était pas un coup de foudre entre nous, c'était un véritable coup de massue en plein dans la tronche.

Kali a bouleversé toutes mes convictions, me poussant à me remettre en question, à me retrouver. Ou à me trouver, tout simplement. Parce qu'il ne me semble pas avoir un jour été aussi en accord avec moi-même que depuis que je l'ai rencontrée.

Deka Kerberos - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant