Chapitre 4

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« Certains se réveillent avec l'envie de changer le monde,
d'autres avec l'envie de pisser. »


♫ RON RON ♫ GROIN GROIN ♫

Le grognement de mon réveil me tire du sommeil dans un sursaut désarticulé. L'odeur du bacon ne tarde pas à suivre.

Tiens, Marge m'a préparé le petit déj ?

Je jette un coup d'œil en direction de ma BFF qui pionce au sol un peu plus loin.

Nope, à moins que cette dernière ne cuisine en ronflant, peu de chance qu'elle soit à l'origine de la douce odeur fumée qui infiltre actuellement mes narines.

Même ma superbe sonnerie cochon ne vient pas à bout des adorables vrombissements nasaux de mon amie.

Je dois reconnaître qu'elle est plutôt dans le rythme.

J'attrape mon portable pour mettre fin à au moins une section de l'orchestre porcin qui m'entoure. L'heure matinale me brûle alors les rétines :

5 heures ! C'est pas une vie !

Mais il faut souffrir pour être belle. Je me plie à cette routine depuis près d'une semaine maintenant. Le jeu en vaut la chandelle.

Je porte mes poings à mes yeux en trou de pine, espérant évacuer mes dernières traces de sommeil avant d'accomplir ma besogne quotidienne.

Aussitôt, une tranche de bacon atterrit dans le décolleté de mon joli pyjama en satin.

C'est là que ça me revient...

On a fait plateau télé, hier soir, avec Margarita. S'en est suivi une mémorable bataille de bouffe.

Elle comme moi nous sommes retrouvées à court de munitions plumeuses après avoir dézingué tous les oreillers de la pièce... ne nous laissant d'autre choix que de poursuivre les réjouissances avec les moyens du bord.

Je récupère le refugier clandestin pour le fourrer dans ma bouche.

Hop là ! Pas de gâchis.

Rien ne vaut un ventre plein pour mener à bien son combat !

Mais, avant, un petit tour par la salle de bain s'impose. Je ne voudrais pas que ma mauvaise haleine trahisse ma position avant d'avoir été au bout de ma mission.

Une fois devant le miroir, je tire la tronche :

— Merde. C'est plus moche que je ne pensais.

Je me suis pris la poignée de la porte dans le pif, cette nuit, en voulant me baisser pour m'asseoir sur la cuvette.

Pour preuve, mon œil au beurre noir et mon nez en patate. Le Ciel des enfers soit loué ! Je n'en suis pas encore au même niveau que Paf, le garde.

Haussant les épaules devant le visage cabossé que me renvoie la psyché et auquel je ne peux pas grand-chose, je reprends mon train-train quotidien en commençant par une visite au propriétaire des lieux.

Lorsque je sors de la chambre de Petru, quelques minutes plus tard, je frôle la crise cardiaque en me cognant contre Marge de plein fouet.

— Qu'est-ce que tu fichais dans la piaule du vioc ? me houspille-t-elle immédiatement. Et pourquoi tu parais aussi suspecte ?

Mince, il y a encore un quart d'heure, cette folle furieuse dormait comme une souche.

— Oh, mon dieu ! Ne me dis pas que tu te le tapes ?! enchaîne-t-elle sans aucun égard pour mon pauvre cœur malmené.

Deka Kerberos - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant