Deka Kerberos - Tome 2

Chapitre 23 - Partie 2

Je suis en route pour ma dernière escale avant la fin du monde.

Youpiii !

Ou pas.

Après cette ultime transformation crapauteuse, la réunion a dû être écourtée. Difficile de poursuivre la conversation alors qu'une bonne partie des participants n'était plus en mesure d'intervenir.

Je ne regrette pas ma décision, c'était quand même jouissif de les voir tous les trois sous cette forme ridicule.

Mais, j'aurais peut-être dû y réfléchir à deux fois, parce qu'il m'a fallu en assumer les conséquences...

Bizarrement, les Kerberos ne semblaient pas très emballés à l'idée de me voir conserver mes baguettes, après cette nouvelle démonstration de force.

Je crois que les vrais termes utilisés étaient « démonstration d'inconscience », mais je trouve ça moins classe.

Enfin, Bao, Latika et Owen étaient contre cette idée, Ronron, Liam et Zina ont voté pour, et Aby a préféré rester neutre. J'ai peut-être mis la barre un peu haute en décidant de transformer un tiers du Conseil sans motif valable... Selon leur dire, parce que, de mon point de vue, c'était totalement justifié.

Comme toujours, en cas d'égalité dans un vote Kerberos, c'est à la Vipéris de trancher.

Autant dire que ça partait mal.

J'ai eu beau les menacer de tous les transformer les uns à la suite des autres s'ils s'échinaient à vouloir m'arracher mes armes, j'avais conscience, et eux aussi, que le risque de m'évanouir en cours de route et de me retrouver à leur merci était présent. Quand bien même mes fidèles acolytes seraient prêts à me servir de gilet pare-balles.

Les gardes de Freja et leurs tendances à sédater tout ce qui bouge — on se ressemble pas mal sur ce point, eux et moi —, constituent une menace que je dois considérer avec sérieux si je ne veux pas voir mes amis retourner sous les verrous à peine sortis.

— Franchement, tout aurait été bien plus simple si tu avais accepté que j'enferme cette bande de branleurs dans la prison, ronchonné-je en m'adressant à Ronron. Il serait nettement moins facile pour eux de fomenter une attaque groupée si je les métamorphosais en douce, les uns après les autres, et que je m'arrangeais pour qu'ils ne puissent plus communiquer dans le but de me tomber dessus.

— On a besoin d'eux, Kali. Je t'ai déjà expliqué que la magie des kerberos était mise à contribution le jour de la Sainte des i. Il ne serait pas judicieux de se mettre les membres du Conseil à dos et de les isoler à moins de vingt jours du rituel.

— Pff, on a vraiment besoin de les avoir tous avec nous ? Après tout, Yori et Nyeleti figureront déjà aux abonnés absents, non ? Un de plus ou un de moins...

Voldemort va rester enfermé durant un bon moment, et je doute que la Sud-africaine prenne le risque de montrer le bout de son nez le jour J.

— Justement, argue Ronron. Nos effectifs sont déjà réduits, il serait inconscient de notre part de rendre la tâche plus difficile.

Je sais qu'il a raison, mais je continue de bouder pour la forme.

— Hey ! me console-t-il en stoppant sa marche pour me caresser la joue d'un geste tendre. Au final, tu as pu garder tes baguettes, tu ne t'en sors pas si mal.

Ouais, on va dire ça...

Le Conseil et moi avons passé un accord. Les Kerberos me lâchent la grappe et acceptent que je conserve mes armes, à condition que je reste en lieu sûr jusqu'à la Sainte des i. Autrement dit, sans passer mes journées à me balader de portail en portail et courir après ma planche de salut aux côtés de Ronron.