Chapitre 5

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« Plus tu es lourd, plus tu es difficile à kidnapper.
Protèges-toi, mange du gâteau. »


J'ai tué Latika.

Dans mon esprit. À maintes reprises. Et d'un tas de façons différentes. Puis j'ai repris contact avec la réalité... à mon plus grand regret.

J'aurais dû m'écouter et la freezer quand j'en avais encore l'occasion.

À cause d'elle, Ronron a dû repartir et me laisser en plan comme une vieille chaussette pour la énième fois, alors qu'il venait tout juste de m'être rendu.

Nous n'avons même pas eu le temps de revenir sur notre tête-à-tête enfiévré — et trop rapidement avorté — dans la réserve.

Cette sale sournoise a préféré jouer les trouble-fête en me subtilisant mon quatre heures, trop pressée de rentrer pour informer les membres du Conseil des failles de sécurité évidentes qu'elle a pu relever dans ce lieu désolé qui me sert de refuge.

L'Indienne a tout noté dans le bloc-notes très moche et sans âme qu'elle trimballe. Aucune classe. Rien à voir avec la beauté rose duveteuse de ma filibible. Je suis sûre qu'elle ne fait même pas l'effort d'utiliser des stylos de couleurs.

Et comme si la situation n'était pas déjà assez merdique, je ne peux pas compter sur le soutien de mon apocolyte pour limiter ma frustration, parce que le Conseil lui prend tout son temps et l'empêche visiblement de répondre à mes textos — pourtant fort intéressants.

Aaron est en silence radio depuis trois jours.

Ce n'est pas lui qui voulait que je l'informe de tout problème, dès la minute où je m'y trouvais confrontée ?

Et bien en voilà un : dans une semaine, ça fera un mois que je subis une abstinence forcée à cause de toutes ces conneries de fin du monde et du BDLC qu'il se paie.

Constat lugubre qui m'a sauté aux yeux ce matin, au réveil.

Bien entendu, j'en ai aussitôt informé Ronron... qui n'a pas eu l'air de compatir plus que nécessaire vu qu'en six heures de temps, il n'a toujours pas trouvé moyen de me contacter.

Je devrais peut-être me prendre une autre poignée de porte dans la tronche ? ruminé-je en envisageant sérieusement cette option.

Tiens, je vais lui envoyer une photo du bleu que je me suis fait sur le sein en me foutant un coup avec le manche de ma brosse. Ça le fera peut-être réagir et s'il pouvait tâter la zone blessée de la même manière que la dernière fois, ce sera tout bénef !

♪ PROUT ♪

Oh !

— Tu viens de péter ? m'interroge Marge, en franchissant la porte de ma chambre.

Je m'écris joyeusement :

— Non, c'est mon téléphone ! J'ai reçu un message !

Je me jette sur mon précieux que j'ai lâchement abandonné sous mon oreiller un peu plus tôt.

— Mince, c'est encore de la pub à propos de cette fichue formation de Cadeaux Pour Fétichistes.

— Des cadeaux pour les fétichistes ?

— Ouais, j'arrête pas de recevoir des messages m'invitant à consulter mon compte de formation CPF parce que mes droits ont été mis à jour. Je leur ai pourtant dit plusieurs fois que ça ne m'intéressait pas. Je n'ai pas besoin d'être formée à l'envoi de mes petites culottes, merci bien. Je maîtrise déjà.

Deka Kerberos - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant