Chapitre 15

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Tobias

Une semaine, sept jours, cent soixante-huit heures, dix milles quatre-vingt secondes. Je suis là, à la regarder. Elle est totalement indifférente de moi. J'ai bien essayé de me faire pardonner. Elle m'en veut, je la comprends mais je suis fou d'elle. Je ne peux pas la laisser s'échapper et filer entre mes doigts.
Je ne crois plus en rien. La vie m'a trop fait souffrir. Je n'espère plus rien de personne. Je sais que ses promesses sont vaines. J'ai pourtant essayé de faire de mon mieux. Mais je n'aurais pas du profiter de sa faiblesse pour la blesser. Je suis un sale type. J'ai perdu ce que j'avais de plus cher. Sa confiance.
Oui, sa confiance, la seule chose qui me raccrochait encore à elle. Aujourd'hui elle ne veut plus me voir, ne me décroche plus un mot. Elle prend même le bus pour aller et revenir de l'Université. Elle ne comprendra jamais que je m'en veux. Elle est bien trop en colère pour cela.

Une semaine, sept jours, cent soixante-huit heures, dix milles quatre-vingt secondes. C'est long, terriblement long. Elle pleure tous les soirs, je l'entends depuis ma chambre. Elle ne mange plus, elle a du perdre trois kilos. Cette image me revient comme un boomerang en pleine figure. La seule fois où je l'ai vu dans cet état, c'était après son viol. Affaiblie, amaigrie, triste, morte de l'intérieur.
Je m'assieds au milieu de ma chambre, il est deux heures du matin. J'écris depuis sept nuits. J'écris des chansons comme le faisait mon père avant. Mon père m'a appris a joué du piano mais je n'y ai plus touché depuis mes douze ans. Je me souviens de mes cours de solfège et je ne peux m'empêcher d'écrire une chanson pour elle. Il est sept heures, je sais qu'à cette heure là, mes grands-parents sont réveillés, je me lève pour aller à la villa et m'installer devant le piano. Ça fait tellement longtemps que je n'y ai pas touché. Je pose ma feuille gribouillée de paroles et commence à jouer un air. Ça me revient si facilement que je m'étonne. C'est comme le vélo, ça ne se perd pas. Je suis satisfait de moi. Ma grand-mère arrive et me surprend.

-Mon dieu, Tobias, c'est quoi ces cernes?

-J'ai pas dormi.

-Ça fait combien de jours que tu n'as pas dormi?

-Aucune idée. En une semaine j'ai du totalisé dix heures.

-C'est n'importe quoi! Tu prends tes médicaments ? me dit-elle.

-Oui, mais ils ne font pas effet. C'est rien, mamie, dis-je.

-Si c'est très grave. Qu'est-ce qu'il se passe?

-Mamie... Tu le sais. Ne remue pas le couteau dans la plaie.

-Ça me fait de la peine de vous voir déchiré ainsi.

-Écoute mamie, j'ai fait une très grosse bêtise que je ne pourrais jamais lui faire oublier. Je dois gérer la situation seul. Je vais y parvenir.

-Vous vous aimez tellement.

-Je l'aime mais je ne sais pas si c'est réciproque. Elle est très en colère.

-Ne dis pas de sottises. Elle t'aime, tu verrais comme elle te regarde. C'est fou.

-Mamie... soufflai-je. Laisse-moi jouer s'il te plait.

-Oui mon amour.

Elle s'enfuit mais je sens qu'elle est gênée par la situation. Elle ne sait pas ce qu'il s'est passé, seulement Pauline est au courant. Bordel, je l'ai trompée. Mes pensées commencent à s'entrechoquer et je perds mes moyens frappant violemment sur le mur. Je me lève, tourne en rond et me laisse glisser le long d'un mur. Mes jambes se replient contre moi et je fourre ma tête dans mes genoux.

Une semaine, sept jours, cent soixante-huit heures, dix milles quatre-vingt secondes. Je suis en manque, je veux la toucher, respirer son parfum, jouer avec ses cheveux, la faire sourire et danser. Putain, je suis accro à elle. Comment on peut devenir aussi dépendant d'une personne. Je ne pourrais me passer d'elle. Comment elle y parvient? Peut-être qu'elle ne m'aime pas autant qu'elle le dit. Je veux faire ma vie avec elle.

It's Only You. Tome 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant