Réseau dangereux

Chapitre 24

Même si Charly était parti du centre, le quotidien de Simon ne changea en rien. Chaque jour qui passait de ce cycle infernal était toujours aussi accablant que le précédent, avec toujours ce même affligeant train-train quotidien ; un combat sanglant la matinée, l'arrivée de son maigre repas de la journée avant de terminer la journée seul dans sa prison, en regardant le plafond. Et cela était ainsi depuis le premier jour de son emprisonnement.

Pendant les premiers jours, il avait maintes et maintes fois essayé de s'échapper mais il s'était vite rendu compte qu'il était extrêmement difficile de s'échapper d'un endroit grouillant de vampires augmentés au sang humain sans magie pour l'épauler. Au bout d'un certain temps, le métamorphe s'était résolu à prendre son mal en patience en voyant ses forces lui manquer.

Mais après un si grand laps de temps dans ses conditions, le jeune homme commençait à atteindre ses limites. Il en avait marre de ces quatre murs qui l'enfermaient depuis plus de deux mois, marre de tous ces vampires, marre de ne plus être en mesure d'utiliser ses métamorphoses à causes de ses chaines... et marre d'être seul. La présence de Hélios lui manquait affreusement et cela ce répercutait sur son mental. Le maitre et l'omagi n'avaient jamais été aussi longtemps séparés depuis leur rencontre et cette première fois était dure à encaisser.

Simon se laissa tomber le long du mur froid jusqu'au sol en repensant à son naozuran, il n'avait pas eu de nouvelles de son frère animal depuis que celui-ci avait échappé au sort funeste que lui réservait Charly et qu'il avait été laissé aux mains d'Evelyn.

Le meilleur ami d'Alexis laissa échapper un soupir à la place de larmes qu'il avait aussi appris à réduire, et baissa le regard vers les deux objets métalliques à ses poignets. Les responsables de sa misérable situation sans qui, il aurait pu maitriser tous ces évènements et s'échapper avec Hélios hors de ce centre démoniaque.

Fatigué à la fin de cette énième journée, Simon laissa ses paupières tomber tandis que les derniers mots de l'Ombre Insaisissable revenaient le hanter dans sa tête comme à chaque nuit en lui soufflant que cet enfer pouvait prendre fin à sa seule demande.

Peut-être qu'il vaudrait mieux en terminer calvaire... pensa-t-il au plus profond de lui en s'endormant. Charly m'a promis que cela serait facile de tout faire arrêter mais c'est seulement à cette seule condition... Mais est-ce que tout cela vaut encore la peine de se battre contre cette décision ?

Simon fronça les sourcils et se retourna dans son sommeil. Même sans être conscient, son esprit était tourmenté par sa prison qui revenait dans ses rêves pour le questionnait sur ses choix, jusqu'à le faire douter de lui-même. Alors que la voix de Charly tournait sans cesse dans sa tête, le jeune homme remit en doute la mentalité qu'il avait eu en arrivant dans ce lieu.

Tous ces combats mènent-ils à quelque chose ? se demanda-t-il. Ai-je vraiment le droit de sacrifier l'existence d'Hélios par mes choix ? Je refuse de continuer ainsi, je ne pourrais pas supporter encore longtemps cette situation...

Alors que son avis sur son destin vacillait, un bruit le surprit dans son sommeil léger. Entrainé ces derniers mois pour être toujours sur le qui-vive, Simon émergea immédiatement de sa somnolence et se redressa pour être en position de défense. D'un rapide coup de manche, il essuya rapidement la sueur sur son front ; même lorsqu'il s'assoupissait, il ne pouvait pas se reposer.

Le déverrouillage de la porte produit à nouveau un cliquetis métallique ce qui le fit réfléchir à toute vitesse sur la raison de cette venue. D'après sa notion du temps et la diminution de bruit venant des étages au dessus de sa tête, surement produits par les clients du centre de relaxation de l'île, Simon comprit que la nuit était déjà tombée à l'extérieur il y avait déjà quelques heures et qu'il n'attendait pas de visite nocturne. Son maigre repas avait déjà été apporté quelques heures auparavant par un des employés d'Evelyn, ce qui constituait la seule autre visite qu'il avait en dehors de ses altercations.

La porte s'ouvrit alors sur deux silhouettes encapuchonnées. Alors que le jeune homme songeait à se faufiler rapidement par la porte, ses espoirs furent très vite réduits à néant quand il vit l'un de ses deux visiteurs refermer soigneusement l'unique sortie de la pièce tandis que l'autre le surveillait du coin de l'œil. À cause de la faible lumière de la pièce, le métamorphe ne parvint pas à distinguer clairement leur visage mais leur identité ne resta pas un mystère bien longtemps pour ses sens surdéveloppés. Comme il l'avait dit, on trompait rarement l'odorat d'un métamorphe aussi facilement.

- Evelyn, Timothée. Que me vaut cette visite nocturne ? les héla le jeune prisonnier soudainement.

Les deux vampires ne sourcillèrent même pas en l'entendant parler, preuve que leur vision nyctalope les avait déjà renseignés de son éveil. Sans prendre la peine de lui répondre, la sœur de Charly et son bras droit s'avancèrent vers lui. En voyant une menace potentielle s'avancer, Simon tenta de riposter mais il fut très vite cloué au sol par son plus sérieux adversaire. Alors qu'il se battait l'emprise de Timothée, les mots de ce dernier proche de son oreille le surprirent.

- Tiens toi tranquille si tu veux que Evelyn te soigne.

Simon fut interloqué par cette phrase et encore plus lorsqu'il sentit Evelyn s'exécuter sur son omoplate droit et les blessures de ses combats comme l'avait annoncé le grand bazané. Quand les deux vampires s'éloignèrent de lui, le jeune métamorphe tourna le tête et s'aperçut que l'intégralité de ses souffrances, y compris sa marque de l'Ombre Insaisissable, avait bel et bien été soignée, sans que cette dernière ait complètement disparue pour autant. Cette attitude bienveillante de la part de celle qui la lui avait faite le laissa tout de même méfiant et hostile aux deux créatures de la nuit.

Remis à neuf par la belle vampire, Simon préféra jouer la carte de la prudence face aux deux redoutables et se releva lentement sans mouvements brusques pour leur faire face. Evelyn et Timothée n'esquissèrent aucune offensive en le voyant faire et enlevèrent seulement leur capuche avant que la sœur de Charly ne commence la conversation.

- J'ai besoin que tu arrêtes mon frère...