Chapitre 10

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Simon fit aussitôt volteface et vit Aryuna appuyée contre un tronc d'arbre, l'air de l'attendre. Son imposante monture et omagi, un ours polaire au regard blanc, monté par son harfang des neiges était à ses côtés, prêt à intervenir et à lui prêter patte forte. Le métamorphe aperçut aussi Hélios vaincu au sol, près de l'ours polaire.

En voyant son jeune tigre ailé en situation de défaite, Simon serra les poings, prêt à leur faire regretter ce qu'ils avaient fait à son omagi. Hélas, il sentit sa magie presque épuisée, cette fatigue due au vol de Césarius et à son entrevue avec Théo. Néanmoins, Aryuna leva les mains bien en évidence pour montrer au mieux ses intentions pour éviter un malentendu avec le jeune homme, en le voyant s'énerver.

- On se calme, je veux juste parler ! annonça l'elfe guerrière.

- C'est ça parler pour vous ? Mettre au sol les gens ? riposta Simon, amer en voyant Hélios.

- Je pourrais dire la même chose de toi, répondit Aryuna sur le même ton froid. Regarde ce que tu as fait sur ton sillage avec des Mages du Froid.

L'elfe montra les corps des gardes de prisons inconscients, à moitié ensevelis sous la neige, qui reposaient devant l'entrée. Mal à l'aise, Simon resta muet comme une tombe devant l'accusation de l'elfe des neiges. Celle-ci commença alors son récit.

- Quand je t'ai repéré au palais, j'ai voulu savoir pourquoi toi, dont les intentions étaient honorables, se comportait comme un criminel. Je t'ai alors laissé un peu de temps pour réfléchir pendant que je passais une petite visite chez les Ausardia. Ils m'ont racontée ta recherche de la vérité avec ton ami et ton combat contre mon neveu et son maitre mais cela épaississait ton mystère. Pourquoi diable agissais-tu ainsi ? Puis j'ai compris, tu essayes d'attraper l'Ombre Insaisissable de ta façon. De la mauvaise manière.

Agacé par tous ces accusations, le jeune homme voulut riposter à la face de la guerrière qu'elle avait tort mais en avisant ses actes, il se mordit la joue pour empêcher les mots de sortir. Aryuna le perçut et appuya sur cela.

- Tu le vois toi-même. Tu t'y prends mal depuis le début et tu changes...

- Pourquoi vous me répétez ça ?! Vous dites que vous ne ressemblez pas à votre neveu mais vous ressassez les mêmes c*nneries que lui ! s'emporta Simon.

- Mon neveu n'est peut-être un stupide vermisseau mais il est largement capable de discerner ce qu'il a devant les yeux, rétorqua calmement Aryuna, le regard plissé. Tu refuses la réalité, gamin...

- Arrêtez de m'appeler comme ça ! gronda Simon de plus en plus énervé. Vous savez rien de moi, vous ne savez même pas un dixième de ce que je traverse pour aider les peuples de Seachain à se débarrasser d'un parasite nommé Charly qui se terre sous le nom de l'Ombre Insaisissable !

- Jamais personne ne t'a demandé de remplir cette tâche. Tu t'entêtes à un objectif beaucoup trop haut pour toi. Laisse les personnes entrainées à cela faire et repose toi avec ton omagi.

- Théo avait raison quand il disait que vous étiez une famille médiocre... cracha Simon. Vous savez quoi ? Je m'en fous de votre avis sur ce que je fais, vous n'êtes pas ma mère, vous n'êtes qu'une elfe des neiges que j'ai rencontré y a à peine quelques jours ! Relâchez Hélios avant que je vienne le chercher moi-même.

Devant l'attitude menaçante du métamorphe, Aryuna soupira en mettant une main à son front.

- J'espérais que tu serais encore un peu lucide pour comprendre ce que je te disais mais apparemment, la colère t'a fait perdre la tête. Regarde plutôt le jeune Hélios...

La tante de Théo se retourna vers son ours polaire et sa chouette, ce qui intrigua Simon. Quand il vit l'elfe des neiges s'agenouiller auprès de son tigre ailé, il s'apprêta à saisir la dague que lui avait offert les Ausardia quand Aryuna l'arrêta d'une main et lui dit d'approcher.

Toujours sur ses gardes, le jeune homme s'approcha doucement de l'ancienne combattante de la Guerre Sanglante en rangeant son arme et vit qu'elle tentait d'approcher le jeune naozuran en essayant de le caresser. Même blessé, celui-ci feulait à chaque fois en voyant la main de l'elfe se rapprocher en donnant des coups de griffes. Au début, Simon félicita intérieurement son omagi pour sa détermination même dans l'incapacité de se battre mais quand Aryuna se releva avec la mine grave, il sentit que quelque chose n'allait pas.

L'elfe des neiges ordonna alors.

- Caresse-le maintenant.

Malgré leur précédente confrontation houleuse, Simon obéit en approchant la main du tigre ailé, confiant. Mais tout d'abord, le félin feula à nouveau avec hostilité et donnant des coups de griffes comme à l'elfe des neiges. En voyant de l'animosité envers lui dans les yeux vairons vert et fauve de Hélios, le caractère qu'ils partageaient tous deux, le métamorphe en fut si profondément blessé qu'il tomba à genoux.

Puis en reconnaissant l'odeur de son maitre sur sa main, les pupilles de Hélios se dilatèrent aussitôt et il se laissa caresser en ronronnant. En dépit de ce geste d'affection pour lui, des larmes coulaient le long des joues du jeune homme. Alors que le métamorphe était en larme auprès de son omagi, Aryuna lui expliqua.

- Alors, tu le vois ? Les omagis ne reflètent pas seulement le niveau magique de leurs maitres, ils reflètent aussi leurs émotions, sentiments... et pour toi, ton changement. Hélios ne me laisse pas l'approcher alors qu'il a déjà sentit mon odeur quand je vous ai rencontré il y a quelque jours. Il aurait dû me reconnaitre et associer mon odeur à quelqu'un qui a déjà aidé donc quelqu'un de confiance, mais au lieu de cela, il a montré les dents. Il a même fait de même pour toi un court instant en dépit de votre lien commun. Vois la réalité en face, Simon, Hélios change parce qu'il adopte ta façon de penser et de vivre, comme un hors-la-loi.

Toujours à genoux dans la neige, Simon l'écoutait d'une oreille, serrant très fort son omagi contre lui. Compatissante, Aryuna posa une main réconfortante sur son épaule en continuant.

- D'après Olivia, Hélios n'a que quelques mois, moins d'une année, et déjà, il s'est déjà habitué au goût du sang, dit l'elfe des neiges, en montrant le sang des Mages du Froid qui avait taché le pelage de Hélios. Tu dois faire attention ; tu n'es plus seul dans ta quête de vengeance, tu perdras Hélios dans ton obsession pour l'Ombre Insaisissable. Mais retiens que le chemin de guérison sera quand tu le décideras...

- Et je décide qu'il commence maintenant, pour mon bien et celui de Hélios, répondit Simon en reniflant. Maintenant plus questions de voler ou de blesser comme si de rien n'était. Je suis dans le camps des gentils tout de même ! Ah oui, Théo risque de s'enfuir d'un moment à l'autre, je l'ai peut-être aidé à sortir...

Aryuna lui sourit, fier de son geste, avant siffler à son ours polaire d'avancer. Elle lui avoua.

- Merci mais j'étais déjà au courant dès ta première rencontre avec mon neveu que Théo ne te demanderai que de retrouver sa couleuvre. Au départ, j'étais venue pour l'arrêter sachant que tu serais déjà passé la lui donner mais te trouver là a été une bonne opportunité de te remettre les idées au clair. Ne t'inquiète pas, maintenant que tu as retrouvé un semblant de raison, je m'occuperai d'effacer discrètement au palais ce que tu a fait. Allez, salut gamin...

L'elfe des neiges entra à la suite de son ours polaire et de son harfang des neiges dans la prison quand elle s'arrêta sur le pas de la porte pour lancer un dernier avertissement au métamorphe et au naozuran.

- Mais attention, si tu retombe dans la délinquance, je te préviens que ce sera moi encore qui viendra te chercher. Je te suivrais toujours du coin de l'œil.

Après avoir dit cette dernière phrase, l'elfe disparut définitivement du champs de vision de Simon en entrant dans la prison. En séchant ses dernières larmes, le jeune homme se releva et, en consultant Hélios à ses côtés, se mit en route pour en finir avec Aurélien.

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