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Mon ange,

Je sais que cela fait longtemps que je ne t'ai pas écrit et je comprendrais que tu m'en veuilles. Mais en ce moment, plus rien ne va. Oui, tout part littéralement en vrille dans ma vie. Je ne sais pas comment tout cela est arrivé, comment ma vie en quelques mois à réussi à changer et que tout ce qui m'était familier me devient si subitement étranger... 

C'est d'ailleurs pour cela que je ne t'ai pas écrit depuis des semaines. Je me sens con d'avoir encore une fois cru que tout allait s'arranger. Que tout allait redevenir comme avant. Qu'ils me pardonneraient, qu'ils redeviendraient ce qu'ils ont toujours été... Non, en cinq ans rien n'a changé.

Je n'y arrive toujours pas, je n'arrive toujours pas à surmonter notre passé, à surmonter ce fossé qu'il y a eu ce soir-là.

J'aimerais tellement pouvoir être comme toi  et avancer malgré tout, mais je n'y arrive pas. Et tu sais pourquoi ? Tout simplement parce que je ne suis pas toi. J'ai toujours fait des choix stupides à l'inverse des tiens. Tu n'étais pas du genre à les regretter et je t'admirais pour ça.

Tu avais raison quand tu me traitais de gamin, j'en suis clairement un... Un gamin plus que pathétique. Un gamin qui a fait des choix si stupides qu'il n'arrive même plus aujourd'hui à se regarder en face. J'ai tellement la haine contre moi, contre ma stupidité. J'ai cru en faisant ce que j'ai fait, que je les ramènerais vers moi, qu'ils auraient de nouveau ce bonheur dans le regard et qu'ils penseraient à autre chose qu'à de la haine en me voyant. Encore une fois, je me suis bien vautré.

Alors même si j'ai la trouille, même si je me trouve lamentable à ce moment précis, je devais m'expliquer  ou du moins je devais t'expliquer. Je devais t'expliquer ce nouveau choix, cette nouvelle décision que j'ai prise. Une décision qui je suis sûr de regretter plus tard mais je n'ai pas trouvé d'autre solution que celle-là. C'était ma seule option, ma seule destinée. Je ne voyais rien d'autre qui aurait pu changer ma vie. Qui aurait pu me libérer de toutes ses chaînes qui me tiennent depuis ces si longues années.

Alors oui, alors que personne n'était au courant, que personne ne s'y attendait, je suis parti. Je suis parti de la maison, prenant ma voiture et roulant jusqu'à ce que je n'aie plus d'essence. Je ne sais pas combien de temps, j'ai roulé ? Combien de temps, je suis resté à pleurer derrière mon volant ? Tout ce que je sais c'est qu'à présent, je suis à des millions de kilomètres de notre ville. Je suis à des kilomètres de mes problèmes et  pourtant, malgré ça,  j'ai toujours cette peur qui m'envahit.

Je sais que de là où tu es, tu vas me maudire, tu vas me traiter d'imbécile comme tu avais si l'habitude de le faire. Je le sais que ma décision est puérile, mais j'ai peur, peur d'encore une fois affronter leurs regards, affronter cette fatalité qui faisait ma vie jusqu'à présent. Je n'en peux plus. Je n'en veux plus. Et j'espère que tu le comprendras...

C'est si dur sans toi, si dur de me dire que même si cela fait cinq ans que tu es partie, j'ai toujours autant de mal à l'assimiler. Autant de mal à me dire que si j'avais été un peu moins borné, tu serais encore là. Que si j'avais eu l'intelligence de ne pas me foutre en l'air ce soir-là, rien de tout cela ne serait arrivé. Qu'à ce moment même, tu aurais pu être mariée, diplômée, joyeuse et heureuse. Bref, tu aurais pu avoir la vie que tu avais toujours voulu avoir. La vie que tu me racontais à longueur de journée et ça fait un mal de chien de me dire que tout cela est ma faute. Que sans moi dans ta vie, tu serais encore là.

Tu ne le méritais pas, tu ne méritais pas de partir comme ça Je sais bien que si je pouvais t'entendre, tu me dirais que le passé est le passé, que c'est comme ça et que peu importe ce que l'on aurait pu faire, rien n'aurait pu te sauver. Mais, j'aimerais tellement croire le contraire. Croire que sans toutes ses stupidités, tu serais encore là. Que tu serais encore là à me prendre dans tes bras, à m'ébouriffer les cheveux, à me dire à longueur de journée que je suis un imbécile et  à m'engueuler pour chaque connerie que j'avais tant l'habitude de sortir...

Stupide JokeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant