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4 Janvier 2009


3 : 30 


Une heure. Une nuit. Une nuit d'hiver. Une nuit d'hiver tout ce qu'il y avait de plus normal. En effet, comme chaque soir, l'obscurité avait ôté la lumière du soleil laissant peu à peu, la lumière de la lune éclairée les ruelles sombres de la ville. Comme chaque soir, le froid de l'hiver avait pris d'assaut la ville faisant ainsi geler les routes de celle-ci. Et comme chaque soir, tous les habitants de cette ville dormaient à poing fermé. En somme, c'était une nuit d'hiver tout à fait banale. Une nuit qui ressemblait à toutes les autres, à toutes celles qui avaient précédé auparavant. Et pourtant dans l'une des maisons de cette ville, tout était synonyme de changement. De renouveau.

En effet, la demeure ornant l'une des rues principales avait dans ses murs, un homme ou plus exactement un jeune homme. Un jeune homme qui ne trouvait pas le sommeil. Ou plutôt qui n'y arrivait plus depuis quatre jours. Depuis, qu'il avait appris l'impensable. Qu'il avait appris que sa vie, plus jamais, il ne la verrait de la même façon. Que sa vie à présent s'était arrêtée au moment même, où elle s'était envolée. Parce que oui, à présent, elle n'était plus de son monde. Elle n'était plus en vie et tout cela uniquement par sa faute. Ca avait été si brutal, si rapide. Il n'avait pas eu le temps de comprendre, pas eu le temps de s'y faire. C'est vrai, on pense toujours que cela n'arrive qu'aux autres. Que l'on est protégé de la normalité de nos vies, de notre environnement. Que seul, l'étranger, subit la fatalité, le tragique. Et pourtant, cette évidence, cette tragédie était arrivée dans sa vie... Il venait de se prendre comme un mur en plein visage. Il n'y avait pas d'autres images pour expliquer cela. Pour expliquer en somme, cette putain de fatalité qui l'avait frappé si soudainement.

Il soupira d'ailleurs à cette pensée. Finalement, ce qui était le plus dur pour le jeune homme, ce n'était pas seulement l'acte en lui-même. Ce n'était pas le fait qu'elle soit partie même si c'était la pire des nouvelles. Non, ce qui était vraiment dur pour lui, c'était le déroulement des faits, c'était le fait que tout ça, c'était sa faute. Parce que oui, tout était de sa faute. Tout était arrivé à cause de lui. S'il n'avait pas été mal ce soir-là, s'il n'avait pas cherché à jouer les grands alors qu'il n'avait que quinze ans. S'il n'avait pas fait son con. Rien de tout cela ne serait arrivé. Rien de tout ça n'aurait pu l'atteindre. Il le savait qu'avec des « si » on referait le monde. Mais à présent, il ne rêvait que d'une seule chose, qu'un unique « si » disparaisse pour qu'enfin il puisse de nouveau respirer. Pour qu'enfin, il ne ressente plus la culpabilité le ronger.

Alors que cela faisait un peu plus de trois heures qu'il ne trouvait pas le sommeil, il fut surpris par un bruit provenant de la porte de sa chambre. Dans la logique des choses, il releva le visage lentement vers ce bruit qui l'intriguait tant. Et ce qu'il vit n'arrangera en rien sa folie. En effet, devant lui, se tenait là, une silhouette. Une silhouette ressemblant étrangement à celle qui hantait ses pensées depuis ses derniers jours. En effet, elle était là, aussi surnaturel que cela puisse paraître, elle se tenait debout à l'entrée de sa chambre. Il croyait rêver en vue de ce spectacle. D'ailleurs, il avait eu cette envie folle de se frotter les yeux pour être sûr que ce n'était pas le fruit de son imagination. Mais non, elle était bien là, elle était bien devant lui. Au fond de lui, il avait tant rêvé la revoir. Il avait tant rêvé pouvoir revoir son visage une dernière fois. Une dernière fois avant ce terrible accident qui avait fini par l'enlever de lui.

Alors pourquoi avait-il l'air complètement désemparé ? Pourquoi avait-il l'air de ne plus savoir où il en était ? Tout simplement, parce qu'elle ne devrait pas être là. Il le savait, elle ne devrait plus être ici. Ce n'était pas possible. Elle devrait être parmi les anges. Même s'il était heureux, cela lui faisait mal. Mal de se dire que cette scène ne devait être que le travail de son subconscient.

Stupide JokeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant