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13 Février 2014


Les yeux ouverts, je regardais telle une âme vide le mur se trouvant en face de moi. On était en pleine nuit et contrairement à la majorité de la population, moi, Ella Wilson, ne dormait pas. Pourquoi ? Tout simplement, parce que je n'y arrivais plus. Ou plutôt je ne le pouvais plus. En effet, je m'étais réveillée quelques minutes plus tôt, tout ça parce que j'avais eu froid. Du coup, dans un geste presque naturel, je m'étais retournée vers le centre du lit, afin d'avoir le plus de couverture possible. Couverture qui bizarrement était arrivée rapidement, finalement trop rapidement à mon goût. Alors j'avais ouvert les yeux. Et le spectacle que j'avais aperçu était bien loin de ce que j'aurais pu penser.


Oui, au lieu de voir Harry à mes cotés comme j'en avais eu l'habitude depuis quelques jours. A la place, il ne régnait que le vide. Le vide et rien d'autre. Harry s'était évaporé, envolé, volatilisé...Il ne restait finalement que de pauvre drap blanc froissé à côté de moi. Il n'y avait plus sa chaleur, son aura protectrice, sa présence... Non, il ne régnait à présent que le froid similaire à celui qui se déchaînait dehors et la peur de la solitude. Je ne savais pas si c'était parce que l'on était au beau milieu de la nuit, mais j'avais peur qu'il ne revienne pas. Qu'il me laisse là, seule, sans armes... C'était pathétique sachant que c'était lui qui m'avait emmené ici et que finalement il n'avait aucune raison de partir. Mais je ne pouvais m'empêcher d'y penser et encore plus en pensant aux derniers jours passés.

Parce que oui, cela faisait maintenant trois jours que j'avais décidé de changer notre avenir. Que j'avais décidé de laisser le bonheur rentrer pour nous sauver. Et surtout pour sauver Harry. Et pourtant, malgré toutes mes bonnes intentions. Rien n'avait bougé, pire encore Harry n'avait pas changé. Certes, il n'avait pas l'air triste, il souriait timidement à mes nombreuses tentatives. Mais cela n'allait jamais plus loin, pire encore, chaque tentative de ma part pour le faire sourire, se finissait toujours par le même dénouement. Il se crispait, se levait et partait. Me laissant là, lasse, au beau milieu de mes doutes et de mes incertitudes sur notre avenir ici. Ici dans ce monde si douloureux.

Alors cette nuit, on pouvait le dire, c'était pour moi, comme me prendre une nouvelle fois un coup en plein visage. C'était, certes, différent des autres fois et peut être que finalement ce n'était nullement comparable. Mais, pour moi, ça avait exactement ce même goût amer que j'avais dans la bouche à chaque fois que mes tentatives échouaient. Pas que j'abandonnais ça jamais. Mais, le fait qu'Harry soit parti au beau milieu de la nuit n'arrangeait en rien ma détermination à poursuivre. Je savais que cela aurait été dur, que j'allais me prendre des coups, surtout avec un être aussi déchiré qu'Harry.


Mais, c'était la douleur que j'avais mal estimée. Je n'aurais pensé pas une seule seconde, me prendre des coups comme ceux que j'avais pris durant ces trois derniers jours. Parce que oui, c'était dur non pas de ne pas arriver à redonner le sourire à Harry mais plutôt dans le fait de ne pas pouvoir l'aider. De ne pas pouvoir vaincre cette maladie si douloureuse pour lui. J'avais vraiment l'impression par moments qu'il n'y avait plus aucun retour en arrière, ou que quelque chose m'échappait. Comme si une pièce de puzzle manquait au tableau. Comme si sans cela, je ne pourrais pas le faire avancer, le faire se délivrer. Et c'est je pense, le pourquoi de ma soudaine contemplation pour ce mur se trouvant face à moi.


Ouais, cette contemplation était comme une certaine détermination, aussi puérile que cela puisse paraître, à trouver cette pièce manquante. A trouver ce qui pouvait bien m'échapper. A cet instant, je pense que l'on aurait pu me dire n'importe quoi pour me montrer l'absurdité de mes pensées. Je n'aurai pas été capable de m'en défaire. Et c'est cela qui me montrait que j'avais encore une petite pointe de rage pour sauver Harry. Que malgré tout, je ne me laissais pas avoir par la peur. Je n'avais, certes, aucune idée de combien de temps cela me prendrait, mais ce qui était sûr, c'est que j'arriverais à trouver cet élément qui me manquait. Et ça, peu importe ce qui pouvait bien arriver.

Stupide JokeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant