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15 Février 2014


Tous les deux assis sur le canapé, on regardait la télé. Moi sur le coté gauche et Harry sur le coté droit. Au milieu, il n'y avait rien. Il n'y avait pas l'ombre d'un objet, pas l'ombre d'un petit quelque chose qui justifiait notre position. Et pourtant, lui et moi étions à l'extrémité l'un de l'autre. Pourquoi ? Tout simplement, parce que je n'arrivais pas à m'enlever la scène qui s'était produite ce matin même. Ma réflexion, au final, prenait le dessus, comme si elle me tenait prisonnière de ses chaines. J'avais beau faire tous les efforts possibles, rien n'aurait pu me détendre, rien n'aurait pu me soulager. Je n'étais pas bien et je n'arrivais tout simplement pas à faire semblant.


Je voyais bien que cela blessait Harry, je le voyais même très bien. Je pouvais par son regard, déduire qu'il ne comprenait pas mon geste, mon attitude, encore une fois. Au final, la situation lui échappait mais malgré cela, c'était ainsi. Je ne pouvais pas faire semblant, je ne pouvais pas lui dire que tout allait bien alors que non. Alors oui, j'étais sur ce rebord de canapé, oui j'avais installé entre nous un espace aussi grand qu'un gouffre et oui, il fallait que je prenne mes distances pour réfléchir. Mais je ne pouvais faire autrement....


D'ailleurs, au final, la télé n'était qu'un prétexte de ma part, pour éviter un peu plus longtemps, qu'Harry découvre que quelque chose n'allait pas. Malgré cela, je constatais au fil des minutes, que c'était peut-être une idée stupide. En effet, au vu des yeux si expressifs d'Harry, je pouvais, sans mal, dire qu'il avait très bien compris que ça n'allait pas. Mais, comme la parfaite idiote que je suis, je continuais à croire que la télé forgeait toujours cette sorte de bouclier. Ce bouclier qui je l'espère me protégerait encore longtemps.


Je tournais une nouvelle fois, la tête vers Harry. Il avait le regard tourné vers l'écran, tourné vers la série que nous avions mis. A cet instant, je compris que finalement, contrairement à Harry, ce n'était pas moi qui regardais la télé. Mais la télé qui me regardait. Qu'au final, c'étaient plus les personnages de Gossip Girl qui me jugeait, que moi qui le faisais. C'était si absurde en y pensant et pourtant c'était bien ce qui était en train de se passer autour de nous.


« On dit souvent que les gens ne veulent voir que ce qu'ils ont envie de voir, mais quand la réalité saute aux yeux, certaines personnes se rendent compte de leurs erreurs et rectifient le tir. À force de mensonges, d'autres se font prendre à leurs propres pièges. Et puis, il y a ceux qui découvrent ce qu'ils ont toujours eu devant les yeux. Et pour finir, certaines personnes préfèrent s'enfuir le plus loin possible par peur de savoir qui ils sont vraiment au fond d'eux même. »


A l'entente de cette réplique, je sentis un frisson me traverser le corps, me faisant par la même occasion décrocher mon regard d'Harry. Impossible, la réplique était en totale adhésion avec ce que l'on vivait en ce moment. A croire que l'impression que j'avais eue plus tôt, disant que c'étaient les personnages de cette série qui me regardait au lieu du contraire, n'était peut-être pas finalement si absurde, si loin de la réalité. La phrase passait comme une boucle continue dans mon cerveau, chaque mot, chaque phrase, résonnaient telle une chanson que je ne pouvais enlever de ma tête.


« On dit souvent que les gens ne veulent voir que ce qu'ils ont envie de voir,... ».

Stupide JokeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant