Stupide Joke

-22-

3 Mars 2014

- Qu'est-ce que tu fais Ella ? Regardant mes valises, complètement déboussolé.

Un coup en pleine poitrine.

Oui, c'était cela, la question d'Harry était rentrée d'un seul coup. D'un seul coup comme un rapide coup de poignard. Imprévisible et brutal. La douleur était tellement atroce, tellement intenable. Et le fait de le voir ici, dans cet état n'arrangeait en rien mon mal-être. C'était si déroutant.

Cette question était arrivée comme une bombe. Une bombe dévastatrice.

Finalement, ce cas de figure, cette situation, c'était la pire chose que j'aurais pu imaginer. Parce que oui, je ne pensais pas voir autant de souffrance dans le regard d'Harry. Autant de souffrance par la simple vue de mes valises. Son regard avait tellement changé quand il les avait aperçues. Il avait l'air complètement désarmé. C'était comme si un éventuel départ, lui ôtait toute raison. J'aurais dû le prévoir, j'aurais dû le sentir. J'aurais dû savoir à l'instant où j'avais décidé de partir, que ça allait lui faire du mal. Que ça allait le déchirer. Mais ce que je n'avais pas pensé, c'était à quel point. A quel point, ça allait l'atteindre. Et ce point, je l'avais sous les yeux. Par ses gestes, par son regard et par sa voix...

Parce que oui, sa voix me montrait tellement sa souffrance. Autre le fait d'être tremblante, il y avait également une chose que je n'avais jamais entendue jusqu'ici. Une chose complètement contraire à tout ce qu'il m'avait montré jusque-là. En effet, contrairement à ce que j'aurais pu penser, il n'y avait aucune amertume, aucun jugement dans sa voix. Non, enfaite, c'était tout le contraire. La seule chose qu'il y avait, c'était la peur. Peur que je m'en aille. C'était comme si par ça, par cette question, il appelait à l'aide. Oui, c'était cela, c'était un appel à l'aide. Un appel pour que je ne parte pas. Pour que je ne le laisse pas seul avec sa maladie et sa souffrance.

Il était complètement au fond du trou. Je sentais que son esprit partait en vrille, que sa question était en lien avec sa folie. D'ailleurs, ses yeux me le montraient. Ses yeux rouges me montraient qu'il perdait complètement les pédales. Harry. Harry Styles. L'homme qui essayait tant bien que mal de faire face, de se cacher derrière un masque, était en train de se désintégrer. Son image de gars sûr de lui s'envolait petit à petit. Certes, je le connaissais. Certes, je l'avais vu énormément de fois mal et bouleversé. Mais jamais à ce point-là. Jamais, Harry n'avait été autant mal jusqu'au point de pleurer. Ca ne lui ressemblait pas. D'habitude il laissait le vide le submerger, pour ne pas souffrir. Mais là, c'était différent. Je pouvais sentir que ses émotions prenaient le dessus. Que pour une fois, ses sentiments rentraient en compte. Et inconsciemment ça me faisait peur.

Oui, j'avais peur. Et cela se ressentait dans mes pensées. En effet, plus les minutes passaient et plus, je n'arrivais plus à penser rationnellement. Toutes les idées, toutes les possibilités fusaient dans mon esprit. Comme s'il était enfoui sous un immense bordel...

Au fond de moi, je savais que si j'avais fait mes valises sans la présence d'Harry, c'était pour la simple et bonne raison, que s'il avait été là, je n'aurais jamais eu le courage de partir. Je n'aurais jamais eu la force de faire mes valises. Oui, c'était égoïste de ma part, de partir comme cela alors qu'il m'avait enlevé de mon ancienne vie. Mais, voilà, j'étais une idiote, une idiote qui ne savait plus quoi faire, qui ne savait plus comment agir. Et son regard m'enfonçait toujours un peu plus dans mes questionnements et dans ma souffrance.