-16-

53 5 0
                                    

14 Février 2014


- Harry, je suis rentrée, dis-je en ouvrant la porte d'entrée.


A peine la porte refermée, qu'un immense silence submergea la pièce. Un silence presque trop lourd pour être réel. C'était étrange comme situation, j'avais pensé qu'en rentrant Harry serait la, qu'il aurait été là à m'attendre comme il le faisait d'habitude. Mais là, c'était encore une fois pour moi, une situation nouvelle. En effet, Harry n'était pas là, il n'était pas rentré, même après quatre heures de jogging. Et le silence qui triomphait autour de moi, me le montrait bien. Il n'y avait pas l'ombre d'un bruit sauf peut être le tic-tac incessant de l'horloge ornant le salon. Un tic-tac que je n'avais pratiquement jamais pris le temps d'entendre. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n'avais jamais eu l'occasion de le faire. Il ne m'était jamais arrivé d'être dans une situation telle que celle que j'étais en train de vivre en ce moment. A vrai dire, j'avais toujours eu l'habitude de me laisser aller par mes sentiments. Mais à présent c'était différent. D'un coté, je n'étais pas assez bouleversée, déchirée pour avoir l'esprit ailleurs. Et à l'inverse, je n'étais pas assez sereine, heureuse pour me foutre totalement de ce qu'il se passait à l'extérieur de ma bulle. Alors oui, j'étais entre deux eaux, entre deux mondes. J'étais dans un bordel sans noms finalement. Ce tic tac, en faite, par le silence se montrait triomphant. Et je dois dire que cela me donnait étrangement la nausée. C'était cela, j'avais envie de vomir. Vomir ce silence, cet abandon que j'éprouvais à cet instant.


Puérile. Ca, ça l'était complètement. J'étais en train de me plaindre de ma solitude. Comme une gamine pourrie gâtée. Une gamine ne supportant pas le silence. Et rien qu'à cette idée, j'avais envie de me baffer. J'étais tellement puérile, je venais encore une fois de tout remettre en question pour un simple retard d'Harry. C'est vrai ce matin en me levant, j'étais heureuse, sereine, avec le but de réussir ma vie et cela peu importe les barrières. Et là, juste parce qu'Harry n'était pas là, juste parce qu'il avait préféré étendre sa séance de jogging, je remettais tout en question. Pauvre fille. J'avais vraiment le don de chercher les problèmes là où il n'y en avait pas.

Perdue, dans mes pensées, je fus réveillée par le bruit de l'horloge indiquant midi. Certes, Harry n'était pas rentré mais il fallait pour autant que quelqu'un fasse à manger. Alors machinalement, comme une évidence, je partis en direction de la cuisine et commençais à préparer le déjeuner.Il était 12 h 30 quand je terminais enfin la préparation du plat. Je donnai ainsi un rapide coup d'œil à l'heure et constatai que rien n'avait changé depuis mon arrivée. Malgré mon souhait, Harry était toujours absent. Il n'était pas revenu et intérieurement je commençais à m'inquiéter. Oui, je m'inquiétais. Je ne pouvais le nier. Contrairement aux dernières minutes, je n'étais plus dans une situation de doute, où je ne savais plus ce que je devais ressentir. Non, là, je sentais clairement que mon esprit se rangeait vers la peur. Alors oui, certes Harry était un grand garçon, responsable. Mais, au fond de moi, j'avais cette petite voix qui me disait que quelque chose avait pu lui arriver. Que quelque chose avait très bien pu le fragiliser. Je le savais que trop bien. Harry était contraire à ce qu'il montrait. D'extérieur il paraissait sûr de lui, complément maître de ces actes. Et pourtant Harry était tout le contraire, il n'était finalement qu'un jeune homme à deux doigts de se briser, à deux doigts de sombrer. Alors même si j'avais la raison qui me disait de ne pas m'inquiéter, une autre voix quant à elle me disait de me méfier. Et j'aurai peut-être dû l'écouter ...


Alors que j'étais en train de mettre la table, un bruit provenant du premier étage retentissait .... Au départ j'ai pensé que ce n'était que le bruit du bois qui grinçait sauf que plus les minutes, passaient et plus les bruits se répétaient. La peur en moi s'intensifiait. Elle venait se rajouter à celle de mon angoisse envers Harry. C'était insoutenable comme état. J'avais l'impression que l'on me tordait les membres un par un. Alors comme pour essayer de calmer cette douleur, je partis en direction du premier étage vers ce bruit si intrigant.

Stupide JokeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant