PROLOGUE

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Le lycée.

Je ne savais pas que rentrer au lycée provoquerait ce sentiment.

Rentrer dans un monde nouveau, être une nouvelle personne, tout recommencer à zéro.

Être dans un lycée où personne ne te connaît, c'est–

— Hey Alex ! On est dans la putain de même classe !

Bref, je ne suis pas dans un lycée hors secteur et je connais la plupart des troisièmes, puisque beaucoup viennent de mon collège.

Et celui qui gueule et qui vient de passer son bras autour de mes épaules, c'est mon meilleur pote depuis la primaire : West.

Je suis son ombre et je l'ai toujours été.

Je suis son ombre. Et je l'ai toujours été.

Personne ne me regarde à l'école.

Ils regardent toujours West.

Je suis juste... là.

Il est beau, musclé, métis. Toutes les filles de mon collège étaient à fond sur lui parce qu'il était métissé, drôle, extraverti, et dans l'équipe de hockey. 

Moi aussi, je suis dans l'équipe de hockey. Mais je suis tout son contraire. Enfin... en quelque sorte.

Je ne sais pas vraiment si on me considère comme beau, puisque personne ne fait attention à moi. Mais je sais qu'à la différence de lui, je suis plus introverti. Moins drôle.

Mais je ne m'en plains pas. Quand tu vis comme ça depuis toujours, tu t'y habitues et tu finis par savoir que tu n'auras rien.

Tu laisses les belles choses à l'autre.

Tu sais que quand une fille vient te parler, c'est pour poser une question sur lui.

Tout est toujours à propos de l'autre.

Alors tout le collège, j'ai accepté.

Pas d'ami à moi seul.

Pas de premier amour à moi seul.

Mais ce n'est pas grave.

Parce que j'avais misé sur le lycée pour ça. Un nouveau départ. Pour qu'on arrête de me désigner comme « l'ami de West ».

Mais évidemment, il a fallu que lui aussi vienne au lycée de secteur.

Et pire encore.

Il est dans la même classe que moi.

J'ai senti quelque chose se casser en moi à ce moment-là.

C'est mon meilleur ami. Mon frère.

Mais là... il venait, sans le savoir, de ruiner mes années lycée.

Je sentais que cette année encore, je serais dans l'ombre.

Pendant les semaines qui ont suivi, sans surprise, West s'est fait plein de potes — sans compter ceux de l'équipe de hockey.

Ils l'ont trouvé très bon. Et très beau.

Et vu comment il a joué pendant le match d'entraînement contre les seniors, normal qu'il ait la cote.

Moi, je n'ai rien pu prouver.

Il avait fallu que je me coince le doigt dans une porte et que je me fasse une entorse. Résultat : j'étais sur le banc. Et personne n'y a prêté attention.

Être sur le banc m'a rappelé mes années de collège. Assis à chaque match, à regarder mon pote briller.

En vrai, je m'en fous.
Je n'aime pas tant que ça le hockey.

Je m'étais juste inscrit parce que West m'avait supplié de ne pas le laisser seul. Il m'avait dit qu'on deviendrait populaires auprès des filles.  Ce qui était vrai pour lui, mais pas moi.



Bref, ce jour-là, c'était un jour comme les autres.

Je suis entré dans la salle, j'ai regardé West, évidemment déjà entouré de filles.

Et puis...

Je l'ai vue.

Elle était là.

Elle m'a éclaté aux yeux.

Elle était là, avec ce sourire doux, calme, presque irréel. Elle tapotait les cheveux de West, et j'ai senti mon cœur se crisper.

Elle avait quelque chose. Je ne saurais pas dire quoi. Juste... quelque chose.

West la regardait aussi. Ses joues étaient rouges. Il souriait comme un débile.

Et moi, je ne pouvais plus détourner les yeux.

Quand elle s'est retournée pour partir avec ses copines, ou je ne sais pas qui, je m'en fous, on l'a suivie du regard tous les deux.

Je savais qu'elle finirait sûrement dans les bras de West. Que je n'avais clairement aucune chance. Et que je devrais, comme je l'ai déjà fait plusieurs fois, l'oublier.

Mais...

Mon cœur.

Mon cœur.

Il battait comme jamais.

Même plusieurs heures plus tard, elle hantait encore mes pensées.

Voilà ce que c'était.

Elle était comme...

L'étoile qui brille dans la nuit lorsque tout semble sombre.

La chanson parfaite un jour de pluie.

L'oasis salvatrice dans le désert aride.

Elle ne m'avait même pas accordé un regard.

Mais quelle importance ?

Tant qu'elle restait dans mes pensées...

Quelle importance ?

Je me demande encore aujourd'hui pourquoi il a fallu que ce soit elle, mon premier amour.

Le premier amour est toujours sans espoir...

Alors pourquoi elle ?

SPRING BLOSSOMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant