Je me réveille en plein milieu de la nuit. Une lumière blanche éclaire à moitié mon visage. Je plisse des yeux. Pourquoi quelqu'un a comme allumé un spot juste au-dessus de moi ? Je tourne la tête vers la droite. La lumière vient du hublot situé au-dessus du lit d'Elodie. Une lune ronde se dessine dans le cercle de la fenêtre.
La pleine lune.
Je sais que je n'arrive jamais à dormir quand l'astre brille sans ombre dans le ciel.
Cela ne sert à rien d'essayer. Je me relève, repoussant les couvertures, l'esprit vif et complètement réveillé.
J'ai la gorge sèche, alors je décide d'aller faire un petit tour dans la cuisine. Je pourrais sûrement après m'installer dans la salle commune et regarder la télévision jusqu'à ce que le matin arrive.
Je tente de ne réveiller personne en sortant. Une fois la porte refermée, je me diriger vers la cuisine. Et quelqu'un est déjà là. Noé. Il ne m'a pas entendu arriver, et boit un verre d'eau en observant le paysage à travers le hublot près du four. Je me racle la gorge. Il se retourne, sans laisser transparaître aucune émotion.
— Tu n'arrives pas à dormir non plus ? Je demande.
— Non.
— Ca va mieux ta migraine ?
— Oui, je peux tenir debout donc il y a du progrès.
— C'est si horrible que ça.
Il me regarde, me jaugeant des pieds à la tête.
— Tu ne tiendrais même pas la douleur.
— Tu as essayé de prendre des médicaments.
— Dès fois, je ne sais même pas si tu réfléchis avant de parler.
Je m'offusque :
— Excuse moi de me soucier de ta santé.
— Je n'ai pas besoin qu'on se soucie de ma santé.
J'attrape un verre et me serre de l'eau.
— Je vais aller regarder un film dans la salle commune.
Je tourne les talons. Sa voix me rattrape.
— Tu devrais plutôt essayer de te rendormir.
— Je n'arrive jamais à dormir quand c'est la pleine lune.
Il me fixe, prend sa dernière gorgée d'eau.
— J'imagine qu'on se retrouvera alors souvent dans cette cuisine les nuits de pleine lune.
Il met son verre dans l'évier et sort avant moi.
Je ne sais pas pourquoi ce soudain sentiment m'envahit...l'envie qu'il soit resté, parce que ma compagnie lui aurait plu.
Ce n'est que quand tout le monde est réveillé que je me sens un peu mieux. J'ai somnolé pendant trois heures devant la télévision, et je commençais à me sentir nauséeuse.
— On va être ensemble aujourd'hui, me dit Jade en installant son bol de céréales protéinés à côté de moi.
— Oui ! Est ce que ton formateur est sympa ?
— Oui, il est rigolo, tu verras.
Nous finissons notre petit-déjeuner et nous préparons pour la journée.
— Mettez un pull surtout, nous prévient Elodie. Au risque d'attraper un rhume après sinon.
— Il ne fait pas si froid, si ?
— Au début tu vas te dire que j'ai exagéré. Mais tu verras, après deux heures, tu auras l'impression que tes doigts de pied sont congelés !
— Donc, c'est plutôt des double chaussettes que je devrais mettre.
Le formateur de Jade s'appelle Benjamin. Il a à peine plus que la quarantaine, et aime ponctuer ses instructions de jeux de mots.
C'est vrai que je ne trouve pas grand intérêt à cette salle. Trier des échantillons m'ennuie un peu. Au moins, je peux discuter avec Jade, tout en mettant les roches volcaniques ensemble et le calcaire de côté.
— A quoi servent les bouts de roche ? Parce que les échantillons d'animaux servent à reconstituer des êtres vivants, mais les roches...
— Elles nous permettent d'enrichir les écosystèmes en analysant leur composition. Attaché à chaque roche, tu as sa localisation géographique.
Je regarde le morceau de granit que j'ai entre les mains, et la description « Montagnes rocheuses, Etats Unis ».
— La composition rocheuse influencent le type de végétaux, la qualité du sol et même les animaux qui se trouvent dans un écosystème.
Comme je m'y attendais, durant la deuxième partie de l'après-midi, nous devons sélectionner des échantillons.
— Pour la salle marécage, commente Jade. Décidément, cette salle me hante.
Nous récupérons des larves de libellules, de moustiques, de mouches noires...
Nous les emmenons ensuite au laboratoire.
— Comme votre travail à la salle des archives est déjà terminé, l'une de vous peut rester au laboratoire, tandis que l'autre pourra participer à l'introduction des insectes dans l'écosystème.
— Qu'est ce que tu préfères faire ? Je lui demande.
— N'importe.
Elle cale une boîte sous son bras.
— Enfin, pour de vrai... je crois que je n'aurais pas assez de parfum pour affronter à nouveau les marécages.
— Je me sacrifie alors !
Benjamin nous ouvre la porte du laboratoire, comme nous n'avons pas vraiment de mains libres restantes. Il se retire ensuite dans le hall avec la monitrice qui était dans le laboratoire pour discuter un peu.
— Salut, dit Jade quand nous apercevons Noé.
Mon coeur commence à s'emballer. Pourquoi est ce que je réagis comme ça ?
Essayant de paraître la plus naturelle possible, je pose mes boîtes sur le plan de travail. Un peu trop rapidement, ou un peu trop maladroitement, car voilà que mon coude heurte un flacon qui s'écrase sur le sol. Le liquide coloré qu'il y avait à l'intérieur s'écoule sur le sol. Bien sûr, je ne pouvais pas faire tomber quelque chose d'inoffensif, comme l'éthanol, il fallait que je percute un liquide marqueur fluorescent.
Je cherche un papier du regard.
Là, un rouleau... Noé l'attrape avant moi.
— Tiens, dit-il en me passant quelques feuilles.
J'attrape le papier, frôlant ses doigts au passage. Nos regards s'accrochent. Je rougis encore, et fais diversion en m'accroupissant pour essuyer le liquide. Mais déjà, le sol en linoléum a pris de la couleur.
— Quand on est pas doué, on est pas doué jusqu'au bout, je souffle.
Noé ricane, et je l'entends s'éloigner. Jade vient m'aider à éponger le sol.
— T'inquiète pas, c'est pas grave.
Elle va jeter les papiers maintenant bleutés. Je vois les chaussures de Noé apparaître dans mon champ de vision.
— Tiens essaye ça.
Il me tend une espèce de poudre blanche.
— C'est du bicarbonate de soude. Verse en sur la tâche et je rincerai ça tout à l'heure.
— Merci, je bredouille devant ce soudain acte de gentillesse.
Une fois la poudre étalé sur le sol, je me relève.
— J'y vais du coup, je dis à Jade qui aide Noé à mettre les œufs dans l'incubateur.
En la voyant proche de Noé, je sens mon estomac se serrer, comme si un monstre se réveillait à l'intérieur. J'intime à mon corps d'arrêter de réagir de cette façon, et quitte la pièce.
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L'arche des destins
Science FictionSix êtres humains sont soigneusement sélectionnés pour embarquer à bord de l'Arche, véritable joyau de la technologie moderne, représentant la diversité et l'espoir de l'humanité. Menés par un capitaine anonyme, les six élus devront veiller à préser...