L'arche des destins

Chapitre 11

 — Ne fais rien tomber surtout.

Je resserre mes bras un peu plus, pour bien garder contre moi les trois boîtes.

Nous sortons du laboratoire, pour retourner au deuxième étage. Nous allons passer l'après-midi dans la salle Forêt de France.

— Tu peux poser les boîtes ici, me dit Caroline.

Elle libère elle aussi son étreinte d'une grosse boîte en plastique, trouée sur le dessus, et remplie de cotons blancs.

— Super, maintenant tu peux ouvrir délicatement les boîtes.

J'ouvre la première, et y découvre des coléoptères brillants.

— Ceux là tu peux les mettre près des arbres.

J'obtempère et rapproche le contenant d'un grand chêne.

— Tu peux les prendre à la main pour les déposer.

J'approche un doigt d'un des insectes. J'effleure sa carapace luisantes. C'est tout doux. Je prends l'insecte entre mon pouce et mon majeur. Quand je le soulève, il fait gigoter ses pattes dans le vide. Je le pose ensuite au creux d'une racine. Il est vite rejoint par ses autres congénères. Les insectes vont se cacher dans l'ombre, là où la mousse a commencé à se développer.

Je fais ensuite la même chose avec quelques sauterelles, que je place dans les hautes herbes. Des escargots gluants qui laissent une trace blanches sur les brindilles. Les papillons, moustiques et mouches s'envolent dès que j'ouvre la boîte.

— Demain, tu pourras observer si leur introduction s'est bien passé. Avec les insectes, qui s'adaptent toujours très bien, cela ne devrait pas être difficile. C'est surtout avec les gros animaux qu'il faudra être plus vigilant.

La dernière étape de la journée est donc un nouveau relevé des données physico chimiques des écosystèmes. Puis, la vérification du verrouillage des portes et des sas de sécurité.

Enfin, Caroline me souhaite une bonne soirée et descends du bateau. Je reste un moment à observer le groupe de scientifique s'éloigner du quai et rejoindre leurs voitures respectives. C'est incroyable de penser que ces sept cerveaux ont imaginé et conçu l'Arche.

Quand le vent du soir devient trop frais pour que je reste sur le ponton, je reprends le chemin des quartiers. Je pose ma montre sur le capteur de l'ascenseur. Les portes métalliques s'ouvrent immédiatement. Je clique sur le bouton de l'étage 1. Mais à ma surprise, l'ascenseur monte les niveaux au lieu de les descendre.

Les portes s'ouvrent à nouveau. Jade s'engouffre à l'intérieur.

— Tu as été plus rapide que moi, je lui dis.

— Je ne savais pas que tu voulais prendre l'ascenseur, s'amuse t-elle.

Alors que les portes se referment, une forte odeur de fleur, très entêtante, envahit mes narines.

— Tu es tombée dans un flacon de parfum ? Je plaisante en essayant de respirer le moins possible par le nez.

— Pas vraiment. En fait, j'ai passé une partie de l'après-midi dans les marécages. J'ai peut-être un peu abusé sur le parfum, pour compenser.

Elle sort le flacon de sa sacoche.

— Oups, il n'en reste plus que la moitié !

Nous entendons du bruit dans la cuisine, alors c'est là que nous nous dirigeons.

— Vous n'avez pas l'impression qu'on passe la plupart de notre temps dans cette pièce ? s'exclame Jade en s'affalant sur l'une des chaises.

— En même temps, la bouffe c'est la vie, lui réplique Taïs.