Chapitre 4

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 L'épreuve de sciences est fini. J'ai un sentiment de réussite. En même temps, mettez moi un microscope ou une fiole entre les mains, et voilà que je deviens une autre personne. C'est fou comment, entouré d'échantillons et de matériel de laboratoire, je deviens une autre personne. Ma confiance en moi grandit en flèche et je ne ressens plus une once de timidité ou d'hésitation. Mes gestes sont sûrs. La science, qui repose sur la logique, sur un équilibre qui ne dépend pas de moi, me donne une confiance inébranlable en tout ce que j'entreprends. Car je sens que je participe à quelque chose de plus grand, où tout ne peut que s'imbriquer.

La première épreuve a été que j'analyse une souche de bactérie. Cela m'a pris à peine quelques minutes : coloration du noyau, mise en place de l'échantillon sous une lamelle, quelques réglages du microscope, et j'ai pu dire à l'instructeur avec certitude que ce sont des paramécies.

Ensuite, il m'a demandé d'effectuer une série de tests pour mesurer la résistance des bactéries à différents antibiotiques. J'ai donc préparé des boîtes de Pétri contenant différents milieux de culture et j'ai ensemencé la gelée avec mes bactéries, afin de pouvoir ensuite déposer des disques d'antibiotiques dans chaque boîte. J'ai mis mes petites boîtes dans un incubateur. Pendant que l'incubation se faisait, j'ai réalisé des tests de détermination de la concentration minimale inhibitrice.

J'ai terminé mon épreuve bien avant l'heure. L'instructeur m'a remercié.

— Savez vous quand j'aurais des nouvelles ? je lui ai demandé avant de partir.

— Et bien, il me reste encore une dizaine de candidats à évaluer, et puis il faudra centraliser les résultats des trois tests. Cela devrait prendre moins d'une semaine.

— Merci beaucoup. Bonne soirée.

Avant de sortir de l'école, je me rappelle que la médecin m'avait donné une prescription. Je passe donc à l'infirmerie. Elle lit trois fois la notice avant de me passer les cachets à contre coeur. Je m'éclipse de son bureau aussi vite que j'y suis entré.

Je parcours les longs couloirs de l'école, vide à ce moment là, car je suis en plein milieu d'une heure consacrée aux cours. Pour ceux qui n'auraient pas cours, ils sont souvent soit à la cafétéria, soit à la salle de sport. Je sais qu'Alexandra n'avait qu'un cours de littérature anglaise à quinze heures, et doit donc être déjà en train de s'épuiser à faire des pompes. Quand j'allume mon téléphone, il vibre sous le coup des multiples messages qu'elle m'a envoyé.

« Bon courage »

« Tu vas tout défoncer ! »

« De toute façon tu es la meilleure en sciences »

« Tu veux manger chez moi ce soir ? »

« Je suis à la salle si jamais ».

Je prends donc le chemin de la salle de sport. En passant, je m'arrête devant le distributeur automatique de boissons protéinées. Je scanne l'empreinte de mon pouce. Le coût de la boisson sera automatiquement débité sur mon compte étudiant.

Je retrouve Alexandra couverte de transpiration. Elle me montre son écran de progression.

— On a pas le même cardio, je dis en voyant les courbes rouges qui indique les battements du coeur par minute.

— C'est parce que tu ne fais pas assez d'aerobic. Essaye de le programme de IA Vanessa, il est génial.

— On verra, je dis.

Au début de l'année scolaire, j'avais coché que je souhaitais faire du sport doux qui maintienne mon endurance. Tandis qu'Alexandra avait opté pour le programme Perte de poids et musculation.

— Bon tu viens chez moi ce soir ?

— Ma mère m'attend déjà. Mais demain on peut se faire ça !

Je la quitte alors qu'elle part prendre une douche fraiche.

De retour à la maison, je retrouve ma mère dans la cuisine. Je sens une bonne odeur de pâtes bolognaises. Et en effet, elle a versé une préparation bolognaise dans la poêle avec des pâtes lyophilisées. Comme je n'ai pas beaucoup mangé ce midi, car j'étais angoissée de passer l'épreuve, mon ventre gargouille dès que j'approche la nourriture.

— Alors ? Comment ça s'est passé ? demande t-elle alors que je me sers un verre d'eau.

— Pour ce matin, la médecin était très gentille. Elle m'a prescrit des cachets pour le stress.

— Ah, ça tu en avais bien besoin, plaisante t-elle.

— Et l'épreuve de sciences, je pense l'avoir réussi.

— Je n'en doute pas.

— Mais il y a beaucoup d'autres candidats. Donc je ne serai peut-être pas sélectionnée.

— De toute façon, tu n'avais même pas vraiment candidaté de base, alors que tu sois prise ou non, pas de regret.

Mon père rentre alors que nous picorons des crakers pour patienter.

— Bonsoir, dit-il en posant son sac au pied de la chaise.

— Comment s'est passé ta journée chéri ? demande ma mère en commençant à remplir les assiettes.

— Bien. J'ai parlé avec des collègues de la visite que tu as eu hier soir. Et j'ai la fille de mon patron qui a aussi reçu de la visite.

Ma mère se détend dès qu'elle entend qu'une autre personne de notre entourage est aussi concernée. Je pense qu'elle était assez méfiante de ces trois personnes qui avaient atterris dans notre salon. Même si, dès qu'elles sont parties, nous avons fait des recherches et Anastasia, la femme aux yeux clairs, est bien la secrétaire du gouvernement. C'est d'ailleurs pour ça que j'avais déjà l'impression de l'avoir vu : c'est souvent elle qui fait des annonces sur la chaîne de télévision gouvernementale.

Mon père renifle dans l'air, puis un sourire contrit se dessine sur ses lèvres.

— Chérie, je crois que ta bolognaise est en train de cramer.

L'arche des destinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant