L'arche des destins

Chapitre 28

Ils ont débarqué sur notre pont supérieur. J'ai soudain un nœud d'angoisse dans mon ventre, et un étrange sentiment possessif, qui me pousse à vouloir protéger cet Arche qui est maintenant ma maison. 

Grâce aux caméras installées dans le bateau, nous pouvons les observer, tout en restant terrés dans les quartiers. 

C'est un groupe d'homme, avec quelques femmes, et deux enfants. Leurs gestes sont assez incohérents. Ils portent au-dessus de leurs têtes des vêtements pour se protéger de la pluie. Ils tentent de forcer les portes. 

 — On fait quoi pour les chasser ? demande Taïs. La force ou la diplomatie ? 

 — Ils sont plus nombreux que nous, dit Jade. La force ne marchera pas. Et la diplomatie...j'en doute. 

Noé avait raison. L'être humain n'est pas un être naturellement gentil et avenant. On lui donne un bout et il veut bientôt tout le morceau. 

 — Ils vont tout simplement se lasser. Patientons juste. 

Mais nous n'avons pas besoin de patienter. Car bientôt, d'étranges objets semblent tomber sur eux depuis le ciel, et une fumée épaisse se répartit sur le pont, disséminé par les gouttes de pluie intrépides. 

 — Que se passe t-il ? je demande mais aucun de mes amis n'en a la moindre idée. 

Nous regardons les hommes suffoquer, et bientôt faire signe à leur groupe de rejoindre leur bateau. Ils n'ont qu'à enjamber la rambarde, car le porte contener est à présent collé à notre Arche. 

 — Il faudrait les éloigner maintenant. Ou nous éloigner. On a pas un système de vitesse ? 

 — Avec tous les écosystèmes présents dans le navire, le bateau ne peut pas bouger très vite. 

 La porte s'ouvre. Je sursaute, car je m'attend à tout moment, malgré le fait qu'ils aient tous rejoint leur bateau, à voir un homme débarquer et tous nous attaquer. Mais ce n'est que Noé. Trempé de la tête au pied. 

 — Qu'est ce qu'il s'est passé ? je lui demande en voyant ses vêtements dégouliner sur le sol en linoléum. 

 — Quoi ? Vous croyez que des gousses de Capsicum leur sont tombé toutes seules dessus ? 

 — Des gousses de quoi ? 

 — Le Capsicum, c'est une plante qui produit des piments très puissants. J'étais en projet d'en planter cette semaine, donc j'avais récolté pas mal de gousses... 

Il nous explique que la gousse, en explosant au contact du sol, a répandu une fumée âcre et irritante, qui a rendu impossible aux visiteurs incongrus de respirer. 

 — Bon, qu'est ce que vous attendez ? On a l'avantage, ils sont sûrement encore assez faibles et en train de cracher leurs poumons, s'ils ne veulent pas bouger leur bateau, il faut le bouger pour eux. 

Tout ce qui se passe après, se passe très vite. Trop vite pour que mon cerveau ait le temps de réalisé. Nous enfilons nos combinaisons, et sortons dehors. La pluie frappe nos corps, mais nous sommes comme animés par une force plus grande, et nous avançons jusqu'au bout du pont. Nous enjambons la rambarde, et nous voilà sur leur bateau. 

 — Jade, tu dois aller dans leur salle de contrôle, et tu éloignes le bateau au maximum. 

 — On va pouvoir revenir sur l'Arche après ? je demande ma conscience revenant soudain à la charge. 

 — Fais moi confiance, dit Noé en glissant une main au creux de mes reins et sa bouche s'approche de mon oreille.

 — Reste de côté, ok. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit.