Lorsque Valentina se pencha sur le côté afin de distinguer Zélie, derrière monsieur Varençon, la petite brune eut un sourire qui réchauffa le cœur de l'adolescente. La fillette courut sauter dans les bras de Valentina qui manqua basculer en arrière sous le choc.
— On dirait qu'elle est contente de te voir, déclara monsieur Varençon alors que sa femme s'extirpait de la cuisine au bout du petit couloir.
— Ne va pas l'étouffer quand même, Zélie, intervint la maman en approchant.
Valentina ne manquait pas d'air, mais sentait en effet que la fillette mettait toute sa force dans cette étreinte.
— Tu m'as manqué, Tina, souffla-t-elle au creux de son oreille.
Le cœur de Valentina se serra soudain. Zélie ne lui avait pas manqué, c'était un fait. Elle appréciait l'écolière, qui devait maintenant être en primaire, mais n'avait pas pensé à elle plus d'une fois pendant son séjour à Saint-Joseph. La découvrir si heureuse de la revoir lui fit une drôle d'impression. C'était agréable, cependant.
— On ne lui a pas dit que ce serait toi qui la garderais ce soir, déclara le père, lorsque Tina reposa la fillette qui lui attrapa la main comme si sa vie en dépendait. On a voulu lui faire la surprise.
— Et on dirait que c'est une bonne surprise, pas vrai Zélie ?
— Une super surprise, même, renchérit la fillette.
Les deux parents invitèrent Valentina à entrer dans le grand appartement. Monsieur et madame Varençon habitaient dans le quartier du village. Il était de coutume de considérer cette partie de la ville comme la plus huppée. C'était en partie vrai, bien sûr, mais il restait quelques exceptions. Il y avait quelques immeubles dont les appartements possédaient des loyers modérés. Néanmoins, ils étaient peu nombreux. Les Varençon n'étaient pas dans un de ces immeubles, mais n'étaient pas pour autant riches à l'excès. Arnaud Varençon était directeur des ventes dans une entreprise de matériel informatique de bureau et Myriam, sa femme, était décoratrice d'intérieur. Tous deux gagnaient bien leur vie, mais le montant de leur loyer dans le village réduisait grandement leur train de vie.
Cela ne les empêchait pas d'avoir deux voitures ou de sortir régulièrement, comme ce soir, en se payant au passage les services d'une baby-sitter. Ils n'étaient pas à plaindre, répétaient-ils souvent, même lorsqu'ils se lamentaient parce que, cette année, ils ne pourraient pas partir à l'étranger en vacances.
Les Varençon avaient été le premier couple à faire confiance à Valentina pour garder leur petite fille, trois ans plus tôt, après que sa mère lui avait conseillé de se lancer dans le baby-sitting pour gagner un peu d'argent. Le contact, tant avec les parents qu'avec la petite Zélie, avait tout de suite été agréable. Les parents ne la prenaient pas de haut, comme elle en avait eu peur et la petite avait toujours été très sage. Cela n'avait pas toujours été le cas par la suite, avec les autres enfants, raison pour laquelle Valentina se réjouissait toujours de venir la garder.
Depuis son passage à Saint-Joseph, Valentina avait recontacté ses anciens clients pour leur signifier qu'elle était de nouveau disponible et seuls les Varençon avaient montré leur enthousiasme à la revoir. L'autre couple du village avait déclaré qu'ils ne pouvaient plus confier leur enfant à une délinquante et ses deux autres familles régulières n'avaient pour l'instant pas répondu à ses messages.
Ce fut ce qu'elle expliqua aux Varençon, lorsqu'ils lui demandèrent comment allait la reprise.
— Les gens sont très sensibles, dès qu'il s'agit de leurs enfants, soupira Myriam Varençon.
— J'imagine que vous l'êtes aussi, non ? répliqua Valentina.
— Bien sûr, sourit le père. Mais nous savons aussi que faire des erreurs de jugements, ça arrive à tout le monde. Tu t'es bagarrée dans un bus...
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Ombre et lumière
Teen FictionValentina n'a peur de rien ni de personne. Elle est forte et indépendante. Du moins, c'est l'image qu'elle dégage. La vérité est que les sarcasmes, les blagues et même ses actes de rébellion ne parviennent jamais à occulter la colère et la tristess...