Chapitre 42

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— Où est Nolan ? demanda Francky lorsqu'il apparut dans l'encadrement de la porte, une demi-heure plus tard.

Valentina sursauta, puis se leva et se jeta dans les bras du faux prêtre, de nouvelles larmes dans les yeux.

— Que s'est-il passé ? demanda-t-il en l'observant.

Elle s'était un peu nettoyée, mais arborait toujours des traces de sang sur le visage et les mains. Sa robe était fichue, toute tâchée. Sans parler de son visage bleui à plusieurs endroits.

— On a croisé des jeunes, commença-t-elle la voix tremblante. Ils ont d'abord voulu des cigarettes, je crois. Comme Nolan leur a dit qu'on en avait pas, ils ont commencé à envisager que j'étais un lot de consolation. Nolan s'est interposé, la bagarre a éclaté et un des mecs a planté Nolan. Il est encore en chirurgie, là...

Valentina eut du mal à respirer pendant quelques secondes et Francky n'insista pas plus. Il proposa à la jeune femme de rentrer chez elle, mais elle ne voulait pas bouger tant qu'elle n'aurait pas vu Nolan.

L'opération de Nolan se termina en fin de matinée et le chirurgien vint faire son rapport à Valentina. Elle apprit par la même occasion que les parents du blessé n'avaient pas encore pu être joints. Le médecin en charge de l'opération se confia sans hésitation devant le prêtre, bien qu'il ne soit pas de la famille. Il y avait eu plusieurs complications lors de l'opération. Le chirurgien avait entre autres dû retirer la rate du patient et lutter contre une hémorragie importante. Par ailleurs, la lame du couteau responsable de ses blessures s'était fracturée et un morceau de métal acéré était resté coincé entre deux vertèbres. Les différentes tentatives pour l'extraire avaient été des échecs et le patient montrait des signes de fatigue indiquant qu'il était temps de faire une pause. Une seconde opération serait donc programmée le lendemain ou au plus vite dès que Nolan présenterait des indices encourageants.

— Est-ce que je peux le voir, s'il vous plaît, docteur ? implora Valentina.

Le docteur refusa, le patient était encore au bloc, précisa-t-il. Il y resterait en observation pendant quatre à six heures afin de monitorer ses constantes et son état. Elle pourrait le voir au moment de son transfert dans une salle de réveil, même s'il resterait sans doute inconscient jusqu'à la prochaine intervention.

— Tu ne veux pas rentrer, Tina ? demanda Francky lorsque le docteur s'éclipsa. Tu es sûre ?

— Je pourrais jamais rentrer sans l'avoir vu. Essaie même pas de m'en empêcher.

Elle avait asséné cette dernière phrase avec un ton dur.

— Ce n'était pas dans mes plans, sourit le prêtre. Par contre, tu devrais manger quelque chose.

— J'ai pas faim.

— Je m'en fous. Tu viens manger, on va aller trouver un truc. Il ne bougera pas d'ici avant plusieurs heures.

Francky traîna Valentina jusqu'à une machine distributrice de nourriture. Le prêtre déplora que dans un hôpital, on ne vende que des produits industriels de mauvaise qualité, mais acheta tout de même un sandwich triangulaire pour lui et Valentina. Dans la machine suivante, il prit deux jus de fruits et les deux visiteurs retournèrent dans la salle d'attente. Ils n'échangèrent que quelques mots et Valentina commença à somnoler.

Il se passa bien plus de quatre à six heures avant qu'on vienne annoncer que Nolan était déplacé dans une salle où Valentina pourrait le voir. Il était vingt-et-une heures.

En entrant dans la pièce, Valentina eut un haut-le-cœur. La main de Francky sur son épaule lui donna le courage de reprendre sa progression vers le corps inerte de son petit ami.

Ombre et lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant