Chapitre 41

8 5 0
                                    

À l'occasion du vernissage, mais aussi parce qu'elle aimait jouer avec ses cheveux et changer de couleur, Valentina avait décidé de se défaire du vert. Elle ne voulait cependant pas se teindre en noir comme lui avait suggéré Nelly quelques jours plus tôt. Elle avait envie d'une autre couleur, mais ne sachant pas encore quoi choisir, elle avait opté pour le blond. Juste assez pour ne plus voir l'ancien vert et pas trop pour pouvoir mettre une autre couleur rapidement.

Lorsqu'elle avait débarqué dans la cour arrière de l'église, dans une robe portefeuille que lui avait gentiment prêté Lisa, une fille de sa classe qui était plus amie avec Nelly qu'avec elle, en réalité, elle avait attiré quelques regards. Valentina n'avait jamais eu honte de son corps et avait déjà senti des regards se poser sur sa silhouette. Pourtant, il était très rare qu'elle s'habille de cette façon et, même si elle trouvait que la robe, qui la moulait comme une seconde peau, lui allait bien, elle avait eu la désagréable impression d'être le centre de beaucoup trop d'attention. Cela avait changé lorsque le regard de Nolan s'était posé sur elle et qu'il avait souri. Le reste de la soirée s'était passé comme dans un film et elle s'était laissée porter, passant de la compagnie de Nolan à celle de Francky lorsque le dessinateur avait été trop occupé à parler de son œuvre avec tel ou tel notable.

Léa était venue avec son père aussi, mais cela ne déclencha aucune crise de jalousie chez Valentina. Elle comprenait mieux à présent le lien qui unissait son petit ami à cette fille qu'il avait sauvée dans une ruelle sombre, des mois plus tôt.

Elle accepta même de se joindre à Nolan pour aller dîner chez elle, le soir même, après le vernissage. Là encore, ce fut un agréable moment. Mieux encore, elle découvrit que Léa était une fille vraiment très sympa et imagina pouvoir devenir amie avec elle. C'était aussi l'avis de Nolan.

— Je crois que t'es plus copine avec Léa que moi, maintenant, déclara-t-il alors qu'ils marchaient tranquillement pour rentrer chez le dessinateur.

Léa ayant découvert que Valentina suivait des études de stylisme, elle avait partagé sa propre passion pour la mode. Léa rêvait de pouvoir confectionner ses propres vêtements, mais ignorait comme s'y prendre et n'avait jamais vraiment pris le temps de chercher sur Internet ou ailleurs. Par ailleurs, elle ne souhaitait pas en faire son métier, elle donnait donc la priorité à ses études pour le moment. Cela ne l'empêcha pas de questionner longuement Valentina sur ses propres aspirations. Cette dernière se fit un véritable plaisir de lui dispenser quelques conseils pour commencer ses premiers travaux de coutures en lui rappelant qu'elle avait d'ailleurs commencé dans un centre de réinsertion.

Valentina racontait tout cela en détail à Nolan lorsque ce dernier se rendit compte qu'ils avaient tourné dans la mauvaise rue.

— C'est pas grave, on rattrapera Jeanne-d'Arc plus loin, déclara-t-elle sans se formaliser plus que cela.

Il n'y avait d'ailleurs aucune raison. Certes, cette rue était plus sombre que la grande rue dans laquelle ils auraient dû bifurquer, mais ça ne leur faisait pas faire de détour. Nolan ne semblait pas inquiet lui non plus. Ce ne fut que lorsqu'une voix les interpella pour demander du feu à Nolan que Valentina se méfia. Le demandeur de feu n'était pas seul. Ils étaient quatre et tel un seul homme, ils approchèrent en rang lorsque Nolan leur indiqua qu'il n'avait pas de quoi les dépanner.

— Et ta gonzesse ? Elle a rien, elle non plus ?

Il tendit une main vers le visage de Valentina, mais Nolan le repoussa d'un geste vif, en précisant qu'elle n'avait pas non plus ce qu'il désirait.

Le cœur de Valentina s'était déjà emballé. Elle n'avait aucun doute sur la tournure qu'allait prendre les événements. Ils étaient en supériorité numérique, Valentina portait toujours sa belle robe dessinée par Lisa et elle sut qu'elle allait avoir bien du mal à lui rendre en bon état. Il serait hors de question pour elle de courir, entre la robe et les talons, elle risquait de tomber, ce qui serait pire que tout.

Ombre et lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant