Lorsque les deux nouveaux coéquipiers arrivent dans l'appartement il est toujours désespérément vide. Au plus grand malheur de Delph qui conservait une lueur d'espoir dans son cœur, qui s'est instantanément éteinte à peine la porte ouverte. Arthur commence déjà à fouiller, comme il en a l'habitude, ouvrant tous les placards, retournant les coussins et allumant même l'ordinateur qui n'a pas de mot de passe.
— Ton amie vit seule ici ?
Delph met du temps à répondre, perdue dans ses pensées. De voir à nouveau cet appartement qui était auparavant si vivant et chaleureux être devenu un lieu vide et triste rend la disparition de Lou si réelle. Elle était jusqu'à présent emportée par la houle de l'action, elle devait agir et cela lui permettait de ne pas faire face à la réalité. Mais maintenant elle doit réfléchir, et pour cela elle doit admettre que Lou a disparu. Ses hauts talons lui font mal aux pieds mais cette douleur n'est rien face à celle de son cœur qui se brise. Delph reste donc là, immobile face au vide au beau milieu du salon, tout se fige autour d'elle et elle ne sort de son état de transe que lorsque la voix d'Arthur lui parvient enfin, elle n'était au départ qu'un murmure mais devient de plus en plus forte.
— Delph ? Delph ?
— Hein ? Pardon ? Tu m'as parlé ?
— Je te demandais si ton amie vivait seule ici ?
— Oui.
— Pas de petit ami ou petite amie ?
— Non pas pour le moment. Elle s'est séparée de son copain il y a plusieurs mois.
Le visage d'Arthur s'illumine, voilà une piste intéressante.
— Une rupture compliquée ?
— Non pas du tout. Ils ne se correspondaient plus en tant qu'amoureux mais sont toujours en bons termes. Ils se voient beaucoup moins qu'avant bien sûr, mais ils s'entendent bien.
Et l'obscurité refait son apparition. Cette piste se referme à présent, laissant alors planer le mystère sur cette disparition. Arthur se creuse les méninges pour savoir dans quelle direction enquêter jusqu'à ce que sa réflexion soit interrompue par une question bien plus compliquée.
— Penses-tu que mon amie puisse être séquestrée par... Par mon corbeau ? Tu penses que c'est de ma faute si elle a... Disparue ?
À peine ce mot sorti de sa bouche que les larmes quittent à présent les yeux de Delph. Le poids de la culpabilité l'assaille tout comme la peur de ne plus jamais revoir Lou.
Arthur ne sait pas quoi répondre à Delph, mais il fera tout son possible pour la rassurer, car il n'y a rien de pire que de la voir pleurer et de se sentir alors impuissant face à sa tristesse.
— Non, ne t'en fait pas cela ne ressemble pas à la Bête, enfin ton corbeau. Nous avons toujours retrouvé les victimes dans les heures qui suivent. Alors que ton amie a disparu depuis plusieurs jours. Il y a des assiettes sales dans l'évier et la nourriture qu'elles contiennent commence à pourrir. Je dirais même que ton amie n'est pas revenue chez elle depuis cinq jours.
— Cinq jours ? Comment peux-tu être si précis ?
— Les courriels sur son ordinateur. Sa boîte mail était ouverte quand j'ai allumé l'ordinateur et j'ai vu que tous ses messages étaient ouverts sauf ceux qu'elle a reçus depuis cinq jours. Ton amie a l'air d'être organisée ?
— Oui très. Elle s'occupe de ses messages tous les après-midi c'est pour ça que je suis venue à cette heure précise.
— Et que faisait-elle d'autre de ses journées ?
— Le matin elle faisait des photos. Puis elle répondait à ses mails comme je viens de te le dire. Ensuite elle faisait des lives avec ses clients. Et le soir elle se rendait à l'association.
— Des lives avec ses clients ? Quel est son métier ? Et quelle est cette association ?
— Elle est...
Delph n'a pas le temps de terminer sa phrase qu'elle est interrompue par Léandre qui pénètre en trombe dans le petit appartement, paniqué.
— Delph pourquoi ne réponds-tu pas ?
Le colosse prend alors dans ses bras sa petite amie, de soulagement. Face à ce geste d'affection, Arthur détourne le regard et continue son exploration. Mais il n'échappe pas à Léandre qui ne le remarque que maintenant.
— Et que fais-tu avec lui ? Demande Léandre comme si Arthur était un animal dangereux.
Léandre n'apprécie pas du tout que sa petite amie soit en présence de cette créature inquiétante. Il n'est pourtant pas d'un naturel jaloux, mais il a vécu trop d'émotion pour aujourd'hui.
Delph le prend alors à part pour lui expliquer ce qu'il se passe. Elle lui demande de s'asseoir sur le petit canapé-lit car apprendre la disparition de Lou sera un véritable choc pour lui. Pendant ce temps, Arthur continue son investigation et s'arrête sur une photo de Lou qu'il fixe avec attention. Il s'autorise alors à couper Delph dans ses explications pour lui demander :
— C'est elle ton amie ?
Ce n'est alors qu'à ce moment qu'il réalise que Delph et Léandre sont en pleure, Arthur comprend alors qu'il est de trop dans cette pièce. Puis de toute façon, il a déjà vu tout ce qu'il souhaitait voir.
— Je suis désolé Delph mais ma pause est terminée, je dois donc retourner au commissariat. Tu peux enquêter en mon absence et je te rappelle dès que j'aurai fini mon service. Bon courage.
Arthur quitte alors précipitamment le petit appartement. Il est déjà en retard pour la reprise de son poste, il ne pourra pas échapper aux remontrances de Bertrand, c'est sûr. Si seulement il était venu en voiture, il aurait pu rentrer plus vite. Il n'a donc pas d'autre choix que de courir même s'il déteste cela. Il n'a pas choisi la police pour ses épreuves physiques, mais comme tout ce qu'il fait, il s'est donné à fond pour réussir.
Quand il arrive au commissariat le visage d'Arthur est aussi coloré qu'un homard cuit, encore une fois. Il espère que son absence est passée inaperçue mais il découvre très vite que cela n'a pas été le cas. En effet, Bertrand se tient derrière son comptoir. Il va être furieux d'avoir dû faire l'accueil.
— Arthur, où étais-tu donc ? Dit-il alors lui aussi rouge, mais de colère cette fois.
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Allumette
Misteri / ThrillerCommencez ce roman policier par la fin. Et voyons si cela vous aidera à démasquer le ou les coupables. « - Si gamin, tout le monde meurt, les enfants meurent, les adultes meurent, les vieillards meurent, tout le monde. - Pas les morts. - Comment ça...