Chapitre 21

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Delph tremble d'énervement quand elle sort du commissariat, tout son corps a tellement envie de faire demi-tour et d'aller frapper Bertrand comme il le mérite. Mais sa tête sait qu'elle ne peut pas se permettre une telle folie, Delph ne peut pas retourner en prison ou bien alors retourner... Non, elle ne peut pas y penser, cela est encore trop traumatisant.

— Delph... Enfin Madame Faune attendez.

Delph se retourne au son de cette voix familière. Elle aperçoit alors Arthur, rouge et essoufflé, qui lui coure après dans le parking désert. Elle est étonnée de le voir ici, pourquoi l'avoir suivie ? La panique s'empare alors d'elle, et s'il était là pour l'enfermer ? Arthur constate alors le visage apeuré de son interlocutrice et qu'elle recule inconsciemment plus il s'approche, il tente donc de la rassurer.

— Ne partez pas, j'aimerais vous aider.

— M'aider ?

La panique laisse place à la surprise. Delph a toujours trouvé qu'Arthur était un drôle de policier. Tout d'abord car il est très mystérieux pour elle. Durant son interrogatoire il était resté silencieux, pas un seul mot ne sortant de sa bouche. Il était juste resté là, impassible.

— Si vous vouliez m'aider pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? Demande alors la belle au grand ourson qu'est Arthur.

— Oh mais je vous ai déjà aidé. Si vous êtes libre c'est grâce à moi, j'ai réussi à convaincre Bertrand. Je ne pouvais rien faire pendant votre interrogatoire mais j'ai agi dans l'ombre.

Que cela est facile comme explication. Bien sûr, il a aidé quand Delph ne le voyait pas, elle ne peut donc pas le croire. Pour elle, il n'est qu'un policier muet et c'est tout, pas son sauveur.

— Je ne vous crois pas.

Le ton de Delph est sec quand elle répond à Arthur. Mais pas plus que son attitude quand elle lui tourne le dos et s'éloigne de lui en l'ignorant. Enfin jusqu'à ce que son interlocuteur lui crie ces quelques mots.

— Je sais que vous avez menti pour votre alibi.

Delph s'arrête en moins d'une seconde et se fige, si bien que l'on dirait une photographie, de celle qu'elle poste tous les jours. Mais cette fois-ci, cette image reflète bien la réalité et non pas une vie fantasmée. Et la vérité c'est que la confusion et la peur se mélangent en elle et la bloque, jusqu'à sa respiration. Arthur reprend donc son discours, seul.

— Je sais que vous avez menti à Yaël. Vous n'étiez pas chez vous, mais votre petit ami lui y était et sans vous. Je sais que vous avez menti à Léandre. Vous n'étiez pas à Paris en rendez-vous avec une agence d'influenceurs. Je ne sais pas pourquoi vous avez menti. Je ne sais pas ce que vous faisiez à ce moment-là. Et vous avez le droit de ne pas me le dire, je respecterai votre choix.

Le cœur de Delph qui était stoppé jusqu'à présent reprend sa course. L'air reprend sa circulation entre les poumons de l'influenceuse ce qui lui permet d'enfin pouvoir se retourner et répondre.

— Pourquoi vouloir m'aider alors ? Et si j'étais coupable ?

— Peut-être que vous l'êtes, mais je ne pense pas. Quand on vous a mis en prison j'avais le sentiment de faire une erreur. Je me sentais si mal, comme si j'étais le méchant dans cette histoire et non pas le gentil que j'aspire à être. Je suis désolé de vous avoir fait subir tout cela, je tiens donc à m'excuser. Pour cela laissez-moi vous aider. S'il vous plaît. Mais je comprendrais que vous ayez besoin de réfléchir. Tenez, ma carte. Appelez-moi dès que vous le souhaiterez.

La peur a quitté le corps de Delph mais pas la confusion. Comment ce policier peut-il autant lui faire confiance ? Ils sont de parfaits inconnus pourtant. Serait-il donc, lui aussi, fou ? Mais Delph ne peut pourtant pas remettre en question son instinct pour autant, bien sûr qu'elle est innocente. Donc peut-être qu'il a juste un sixième sens très développé, en qui il peut avoir confiance et l'envie de bien faire. Pourquoi pas. Puis Delph peut-elle se permettre de refuser de l'aide ? La police ne veut pas l'aider et il est hors de question qu'elle abandonne Lou. Le soutien de la part d'un policier ne sera donc pas de trop.

Arthur continue de fixer en silence la magnifique créature qui se tient face à lui, anxieux. Il ne comprend pas pourquoi il ressent cette sensation, même si elle refuse ce n'est pas grave après tout. Mais peut-être qu'il ne souhaite pas seulement l'aider, peut-être qu'il a juste envie de passer un peu de temps avec elle, car peut-être qu'il l'aime bien après tout. Cela ne serait pas étonnant, elle est belle, mystérieuse et douce. Tout ce qu'il aime chez une femme.

Mais il ne peut pas la forcer à le côtoyer, même si cela lui faisait plaisir, il doit respecter son choix. Après un long silence, il lui tourne donc le dos et s'apprête à partir avant que la délicate voix de Delph ne l'arrête.

— Attendez. D'accord, j'accepte votre aide et... Merci de la proposer, c'est gentil.

Le cœur d'Arthur s'emballe, elle a dit oui. Il va enfin ne plus seulement la voir de loin, mais passer de précieux moments ensemble, que tous les deux. Puis surtout il va pouvoir l'aider dans la disparition de son amie. Oui c'est cela le plus important, pas d'être avec elle. Arthur prend une grande inspiration pour se ressaisir et s'adressera à sa nouvelle partenaire.

— J'ai une pause dans mon service, donc si vous le souhaitez, nous pouvons aller à l'appartement de votre amie ?

Alors que Delph allait lui répondre, son téléphone se met à émettre un bruit strident et agaçant. Arthur aperçoit alors sur l'écran que Léandre tente d'appeler sa petite amie. Ne souhaitant pas être dérangée dans une conversation si importante, Delph refuse l'appel de celui qui partage sa vie. Mais à peine allait-elle ranger son téléphone qu'il se remet à sonner. Cette fois-ci elle décide de le mettre en silencieux et continue sa conversation, ce qui réjouit Arthur.

— Oui je veux bien s'il vous plaît. Je vous y emmène.

— Oh Delph, tutoyez-moi s'il vous plaît. Je ne suis pas avec vous en tant que policier mais en tant... Qu'ami ? Cela vous va ?

Delph est perdue dans ses pensées mais parvient à acquiescer pour autoriser Arthur à la tutoyer. Elle est venue sans voiture, Arthur pourrait donc lui proposer d'y aller avec la sienne mais plus le trajet sera long, plus cela lui plaît. Il est donc prêt à marcher de longues minutes, si cela lui permet d'en apprendre plus sur celle qu'il l'accompagne, sa nouvelle amie.

— Cela fait longtemps que tu es influenceuse ?

— Non, c'est assez récent.

— Ah... Et ça te plaît ?

— Oui, beaucoup.

Ce n'est pas simple de faire la conversation à Delph car elle n'en dévoile jamais plus que ce qu'on lui demande. Mais Arthur insiste.

— Et tu aimes quoi dans la vie à part ton travail ?

— Mes amis. Donc s'il te plaît, nous devons retrouver Lou

Arthur comprend alors le message, Delph ne souhaite pas faire la conversation mais retrouver ce qui est le plus précieux pour elle. Et c'est grâce à cela qu'il pourra se rapprocher d'elle.

AllumetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant