Chapitre 6 : Salle de sport

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Romain n'ayant plus d'excuse pour rester tard, c'est bien plus serein que je quitte mon bureau alors que la nuit est tombée depuis longtemps. Pourtant, quand je me retrouve dans le couloir sombre, mon cœur se pince. Sa porte est close et aucune lumière ne s'échappe par-dessous. Les néons des couloirs s'occupent donc seuls d'inonder ma route de leur lumière blafarde et mes pas résonnent dans le couloir vide de ses taquineries. L'ascenseur lui-même me semble grand et froid, sans le chaud sourire de mon collaborateur aux larges épaules.

Parvenu au garage de l'immeuble, je suis plus déprimé que je ne l'ai jamais été. Alors, plutôt que de monter dans la voiture pour rentrer me vider la tête dans ma salle de sport privée, je laisse ma sacoche dans mon coffre, et attrape mon sac de sport. Au moins ici, ne serais-je pas seul. Du moins, je l'espère.

J'aligne les exercices de cardio pour enchaîner sur ceux de musculation. Dans la salle à la musique un peu forte et peu à mon goût ce soir, mes yeux vagabondent sans s'arrêter sur quoi, ou qui, que ce soit. J'aimerai qu'ils puissent se poser sur la peau dorée et alléchante de Romain. Et j'ai beau tenter de chasser cette idée de mon esprit, il est tout ce à quoi j'arrive à penser. J'essaie de me concentrer sur ma propre image dans le miroir de la salle, mais elle me rappelle le matin de la nuit passée avec lui, et les baisers qu'il avait déposés dans ma nuque après la douche. Tout était si simple à ce moment-là. Les rôles étaient définis et nous savions qu'il n'y aurait pas de lendemain. Alors qu'aujourd'hui, si les rôles sont clairs pour moi et que je ne souhaite pas les voir évoluer, il est évident qu'il n'entend pas les choses ainsi.

Si seulement il s'était révélé incompétent, au moins aurais-je eu une raison de l'évincer de mon équipe, et alors peut-être aurais-je tenté une relation plus personnelle et intime. Quoi que rien ne m'assure qu'après avoir perdu son emploi, il aurait été enclin à me satisfaire et je n'aurais pas pu lui en tenir rigueur.

Après mon entretien de cet après-midi avec lui, Sandrine a débarqué dans mon bureau.

_ Alors, alors ? » a-t-elle demandé, un sourire complice sur les lèvres.

_ Alors quoi ?

_ Vous sortez quand ?

_ Sandrine, je te l'ai déjà répété : je ne sortirai pas avec un de mes employés.

_ Tu déconnes. » s'est-elle avachie dans le fauteuil face à moi. « Il te faut quoi pour que tu acceptes que vous vous plaisez ?

_ Tu le fais exprès ? Je t'ai déjà répété plusieurs fois quel était le problème.

_ Il n'y a pas de mort à sortir avec un de ses collaborateurs.

_ Quand tu es le patron, si ! Ça peut être vu comme de la promotion-canapé. Je ne veux pas avoir ce genre d'étiquette.

_ Parce que tu penses le promouvoir ? » a-t-elle éclaté de rire.

_ Steeve pense déjà que ce serait une bonne idée. Et je ne peux pas réfuter qu'il a les compétences pour.

_ Ah.

_ Ce n'est pas que vis-à-vis de moi, que je refuse, Sandrine. » mes épaules sont-elles tombées en avant. « Ça pourrait nous faire du tort. À tous les deux. Je ne veux pas que des jaloux disent de lui qu'il n'a eu son poste que parce qu'il est dans mon lit. Je ne sais que trop bien combien s'est difficile de faire valoir ses compétences quand tout le monde autour est persuadé que tu as bénéficié de passe-droit !

_ Tu parles du moment où ton père t'a laissé la boîte ?

_ Depuis le moment où j'ai mis un pied ici, même déjà comme simple assistant du dernier arrivé, et aujourd'hui encore. On a une bonne ambiance ici. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas un milieu de requins. Romain est brillant. Je refuse de briser sa carrière parce que je n'ai pas su tenir ma queue !

Patron et Prostitué [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant