Patron et Prostitué [Terminée]

Chapitre 15 : Des nouvelles de Romain

Si Sandrine parvient à recruter trois personnes pour remplacer Romain et la démissionnaire, ces jeunes diplômés pleins d'assurance sont loin d'avoir l'expérience qu'il avait. Je ne me plains cependant pas : chacun a retrouvé une charge de travail adaptée à son poste, et j'ai choisi de réattribuer les dossiers. Ainsi, ceux de Romain passent sous la main des chefs d'équipe. A commencer par le dossier Ewing, qui a grand besoin qu'on y accorde de l'attention, puisque je le délaisse depuis la réception, il y a près d'un mois et demi.

Personne ne pose de question, ni ne fait la moindre remarque à cette annonce. Chacun sait que ces affaires sont sensibles, surtout après la scène de Romain à la réception. Il est donc logique qu'elles passent sous l'égide de personnes expérimentées.

Mais si je suis parfaitement honnête avec moi-même, ce n'est pas la principale raison qui m'a poussé à effectuer cette réattribution. C'est bien plus personnel que ça. En réalité, j'essaie de me sortir cet homme de la tête. Or je ne peux le faire quand chacun de ses dossiers me le rappelle. Mélinda et Steeve seront indépendants sur ces affaires, je n'en entendrais plus parler, sauf aux réunions bimensuelles, et je pourrais donc peu à peu l'oublier.

Les semaines se suivent et, au contraire des échos que j'avais du travail de Romain, mes chefs d'équipe se lamentent des faibles résultats de leurs nouveaux collaborateurs. Leurs griefs sont nombreux : manque d'anticipation, d'implication, missions traitées à la va-vite, erreurs récurrentes. Et pour finir, ce qui devait arriver se produit : lassés et préférant se retrouver en surcharge, Mélinda et Steeve demandent que ces personnes peu compétentes soient remplacées.

Sandrine désespère et moi avec. En deux mois, nous essuyons pas loin d'une dizaine d'échec de recrutement, aucune des personnes ne convenant aux postes. Alors je convoque mes cadres et leur propose de participer, voire de gérer eux-mêmes les entretiens d'embauche. Ils acceptent, mais leurs résultats ne sont pas plus probants, et nous nous résignons à n'avoir à nos côtés que des personnes peu engagées qui sont à la limite de bâcler leur travail.

Les semaines passant, je revois différents clients et investisseurs. Mais je sens bien que la scène de Romain a laissé des traces chez chacun. Certaines clientes adoptent un comportement similaire à celui de Sandrine, me disant à demi-mots à quel point mon abus de ce jeune homme est déplorable pour un homme aussi haut placé que moi. D'autres, hommes comme femmes, m'interrogent sur son départ de l'entreprise et, si je ne m'étends pas sur le sujet, me contentant d'un vague ''nous avons dû nous séparer de lui'', j'entends bientôt dire que j'aurais licencié Romain car il aurait refusé de coucher à nouveau avec moi. Cette information me fait doucement ricaner. Dire que c'est parce que je ne couchais pas avec lui qu'il a fait un tel scandale, lequel lui a valu la porte.

Ce jeudi, j'ai une réunion importante avec Steeve et le subalterne qu'Ewing a mis en place depuis que Sandrine lui a retourné une gifle quand il lui a mis la main aux fesses, peu de temps après la soirée du réveillon. Un certain Hagmann.

De ce que m'en a dit Steeve, il parle notre langue et comprend que le comportement de son employeur ne soit pas apprécié. Pourtant, si Steeve me dit grand bien de cet homme, je ne suis pas convaincu par sa présence. S'il ne s'en prend à aucun moment au personnel féminin de mon équipe, je ne l'en trouve pas moins vulgaire et grossier. Ce qui rend le personnage très étrange, tant son parlé dénote avec ses costumes-cravate taillés sur mesure, sur son mètre quatre-vingt-cinq aux larges épaules et tout en muscles. L'image pourrait me faire baver, j'avoue. Mais le son détruit tout risque de fantasme.

A plusieurs reprises durant la réunion, je regarde Steeve, lui demandant en pensée en quoi ma présence pouvait être indispensable, alors qu'il est clair que ce Hagmann et lui auraient tout aussi bien pu travailler sans mon concours.