Patron et Prostitué [Terminée]

Chapitre 2 : Retour au quotidien

Mon réveil sonne et j'ai du mal à l'atteindre. Déjà parce qu'il est dans la poche de ma veste et pas sur la table de nuit, mais aussi parce que deux bras musclés me serrent contre une poitrine qui ne l'est pas moins. Je me défais de son emprise, le réveillant à peine, et traverse la suite pour éteindre l'insolent qui continue de hurler. Le son enfin interrompu, je passe mes mains sur mon visage, avant de tourner mon regard vers le lit. Dans l'obscurité, je distingue le corps du prostitué qui s'agite, à ma recherche semble-t-il.

Mon cerveau dresse un rapide inventaire des tâches à effectuer avant mon départ. Douche, petit déjeuner, boucler ma valise, régler l'hôtel et ma nuit. J'ai une heure devant moi. À six heures, je dois être parti.

J'attrape le téléphone sur le guéridon et signale à la réception qu'il me faudra deux petits déjeuners, livrés comme d'habitude en chambre, dans un délai de vingt minutes. Elle acquiesce, je raccroche.

Avant de me diriger vers la salle de bain, je m'assoie sur le lit, et secoue un peu son épaule.

_ Réveille-toi. Le petit déjeuner arrive dans vingt minutes.

_ Vingt minutes ? » émerge-t-il. « Ça fait court pour un dernier round, non ?

_ Je te l'ai dit hier soir : je n'ai pas le temps pour ça ce matin. Prends le temps de te réveiller, je vais me laver.

Je l'abandonne là, et me rends dans la salle de bain. Mais je ne suis pas sous l'eau depuis deux minutes, qu'un corps chaud aux yeux à moitié clos vient enlacer le mien.

_ Tu permets ? J'arrive pas à ouvrir les yeux sans ça.

Je vais répondre qu'il ne me dérange pas, quand je sens sa verge dure taquiner mes fesses.

_ Par contre, je t'ai dit que je n'ai pas le temps pour le sexe. » m'agacé-je.

_ Erection matinale. » cache-t-il son visage dans mon cou. « Tu me fais de l'effet, mais celle-là, c'est pas toi. Désolé.

Je ne sais pas ce qui m'agace le plus. Son érection, qu'elle ne soit pas due à son désir pour moi, ou que la mienne n'ait pas cru bon de se présenter ce matin.

M'extirpant sans douceur de ses bras, je récupère du gel douche et me frictionne, lui laissant l'eau chaude, avant que nous échangions pour que je puisse me rincer. Ce n'est pas la première douche que je partage, et c'est peut-être dû à son statut, au fait qu'il cherche à me contenter, mais tout se fait en silence, sans que l'un n'ait à réclamer que l'autre lui laisse l'eau ou se pousse pour sortir.

J'abandonne la salle de bain pour être un minimum vêtu quand le service d'étage arrivera, ce qui ne saurait tarder. Chaussettes, boxer, pantalon propre, et je commence à rassembler mes affaires dans ma valise, tout en perdant un œil sur le corps du jeune éphèbe à la peau ruisselante qui se rhabille à son tour, sous mon regard déçu.

Le petit déjeuner arrive, ravissant mon estomac, alors que mon invité semble surpris de la présence en double de chaque élément.

_ Tu ne vas pas partir le ventre vide. » lui désigné-je le siège qui me fait face.

_ Je... Ça coûte combien un petit déj' dans ce genre d'endroit ? » prend-il place avec hésitation.

Je lève un regard étonné sur lui avant de reprendre l'élaboration de mon repas.

_ Ça va avec la chambre. Mange. Tu ne vas pas rester là, juste à me regarder.

_ Il y a des spectacles plus désagréables. » se fait-t-il caressant.

La bouche ouverte pour croquer dans ma tartine, j'arrête mon mouvement et le regarde. Ses yeux cobalts me dévorent, et il a un petit sourire en coin.

_ Mange au lieu de me flatter. » retourné-je mon regard sur mon pain en grognant. « Je pense qu'il y a assez de choix pour faire ton bonheur, non ?