Patron et Prostitué [Terminée]

Chapitre 13 : Licenciement

Il est onze heures du matin. Les bureaux sont déserts. Quoi de plus normal en cette période de fête. C'est mon petit cadeau annuel, en plus des bonus de fin d'année : j'offre la journée à mes employés pour qu'ils puissent se reposer avant les fêtes et surtout après la soirée de Noël de l'entreprise qui est toujours chargée en stress pour eux comme pour moi.

Pourtant, derrière mon bureau, porte grande ouverte, je guette la sonnerie de l'ascenseur. Après notre départ à tous deux, j'ai envoyé un message à Romain, une convocation à se présenter ce matin. Je me moque de savoir qu'il a la gueule de bois. Je suis encore en colère pour ce qu'il a fait et dit. Il m'est déjà arrivé de faire raccompagner des employés qui avaient forcé sur l'alcool et tous ont reçu un blâme pour ce comportement. Mais lui est allé bien trop loin.

Je sais qu'il va venir. Ce matin, il a répondu à mon message, m'assurant de sa présence. Je pense qu'il se doute de ce qui l'attend. Je ne le fais pas de gaîté de cœur, mais je n'ai pas d'autre choix.

Il n'y a qu'un point qui m'inquiète. Romain m'a déjà agressé et je ne souhaite pas revivre ça. Or, nous serons seuls. D'un autre côté, ça ne ferait qu'aggraver sa situation. Il n'est pas idiot. Il sait qu'il va avoir des ennuis avec son comportement d'hier. Il ne fera rien qui irait contre ses intérêts.

Mes yeux rivés à l'horloge de mon ordinateur, je tords mes mains en tous sens, cure mes ongles, gratte les cuticules, arrache les petites peaux aussi bien avec mes ongles que mes dents, compare l'heure qui me semble s'éterniser avec celles de mon smartphone et de ma montre.

Onze heures et quart. Il est en retard. Ça ne m'étonne pas vraiment. Qui aurait envie de venir sur son lieu de travail en sachant que la sanction va tomber ?

A onze heures dix-huit, je vais l'appeler pour m'assurer qu'il compte bien honorer notre entretien, quand la sonnerie de l'ascenseur retentit. A l'autre bout de l'open space, il sort de la cabine et commence à trotter dans les allées pour rejoindre mon bureau.

_ Veuillez me pardonner, Florian. » passe-t-il ma porte, cherchant son souffle, des gouttes ruisselant sur son front. « Je... J'ai eu un accrochage en bas de l'immeuble. Un type m'a embouti l'arrière. Je lui ai dit que c'était rien, que ce petit éclat sur mon feu n'était pas grave, mais il a tenu à faire un constat. J'ai laissé ma voiture dans la rue et je suis monté dès que j'ai pu. Je suis vraiment désolé de vous avoir fait attendre.

Je tique un peu sur ce qu'il me dit. Comment a-t-il pu avoir un accrochage avec son véhicule ? Il devait décuver dans un hôtel proche, sa voiture devrait encore être au parking. Mais il est vrai que je n'ai eu aucune demande de règlement de la part de la société de taxi avec laquelle les vigiles et mon entreprise travaillent.

_ C'est bon, ça suffit. » grogné-je. « Installez-vous, Romain. » lui désigné-je le fauteuil face au mien. « Je suppose que vous vous doutez de la raison de cet entretien.

_ Il y a eu un problème avec Monsieur Ewing ? J'ai bien vu que c'était tendu quand je me suis éloigné.

_ Vous vous moquez de moi ? » ragé-je. « Vous avez bu plus que de raison ! Ça, c'est le premier point. Je peux comprendre qu'on en arrive à un verre de trop en fin de soirée, surtout quand les clients insistent pour qu'on les accompagne dans le nombre de verres qu'ils descendent. Même si je ne cautionne pas de boire autant, je peux l'entendre, et ceux auxquels c'est déjà arrivé vous diront que je suis plutôt magnanime. Mais j'ai dû vous faire évacuer alors que nous étions encore en début de soirée ! Sans compter l'image que vous avez donnée en buvant seul, alignant les verres les uns derrière les autres ! Je peux entendre que la réaction d'Ewing a été une expérience désagréable, et j'ai compris que c'est ça qui vous a poussé à boire le premier verre. Mais les suivants Romain ? Quelle est votre excuse pour les suivants ? Vous n'êtes pas un enfant, ce n'était pas votre premier verre ! Ne savez-vous donc pas vous tenir en public ?