Patron et Prostitué [Terminée]

Chapitre 23 : Tarif et clients

Leslie est parti depuis une semaine. Je dois l'admettre, il me manque vraiment. Sa bonne humeur, sa tignasse rose. Il m'a envoyé des messages chaque soir après son travail. Et hier, après une semaine à vendre du maquillage et autres produits de beauté, je sens qu'il est aux anges. Il est cependant d'accord avec moi : que ce soit en vente classique ou à la maison close, un client reste un client, avec tout ce que ça peut entraîner comme exigences. Mais il est heureux et, de ce que j'en ai compris, son compagnon reconnaît et apprécie l'effort consenti, au point de prévoir leurs prochaines vacances dans un hôtel de luxe avec spa. Je crois bien qu'il cherche à le remercier. Sans compter qu'il connaît bien son petit-ami : Leslie raffole de ce genre d'endroit. Il aime qu'on soit aux petits soins pour lui.

Pour ma part, j'ai passé la nuit dernière avec Florian, comme chaque semaine. Mais je l'ai trouvé étrange. Il semblait préoccupé et ça m'inquiète. De ce qu'il a accepté de m'en dire, le problème ne se situe pas au niveau professionnel. Certes, il n'a toujours pas trouvé une personne stable et compétente pour me remplacer, mais lui et ses équipes s'y font. Cependant, quand je lui ai demandé où était alors le problème, il s'est détourné en maugréant et je n'ai rien pu obtenir de lui. Aussi une question tourne-t-elle en boucle dans ma tête : et si son problème, c'était moi ? Je secoue la tête en me traitant d'idiot. Si j'étais le problème, il lui suffirait de ne plus me réserver. Il est à l'origine de toutes nos entrevues. Sans compter la somme qu'il continue de me verser en supplément de ce que réclame déjà la maison close.

Les heures défilent, tout comme les clients. Deux petites heures avant la fin de mon service, et alors que je pense que je ne travaillerais plus de la nuit, une main vient frôler mon bras. Je me tourne pour découvrir un bel homme, séduisant malgré ses vingt ans de plus que moi. Il me sourit, presque timide, et j'affiche un sourire entendu.

_ On m'a dit que, si je cherchais quelque chose de doux, le mieux c'était de m'adresser à vous. Vous êtes disponible ?

Je lui indique le siège à mes côtés, tout en lui demandant de quoi il a envie, et, après quelques minutes, nous sommes dans ma chambre, et j'active le décompte.

Je rentre chez moi avec un grand sourire aux lèvres. Mon dernier client m'a assuré qu'il reviendrait me voir, et m'a laissé un joli pourboire. Et ça, ce n'est que le bonus. De ce qu'il m'en a dit, je suis un excellent amant, qui sait prendre soin de son partenaire, tout en montrant une vraie implication dans mon travail. Je savais que je plaisais, mais avoir ce genre de commentaire en direct, c'est toujours appréciable. Mais ce n'est pas ce qui me fait sourire. Non, ce qui travaille mes zygomatiques, c'est le message que j'ai reçu de Florian. Il m'a réservé pour la nuit prochaine. Il veut me parler de quelque chose. Pour n'importe qui d'autre, j'aurais répondu que je ne prends pas les réservations en direct, qu'il faut passer par la maison close. Mais pas pour Florian. Pour lui, je suis prêt à faire toutes les exceptions qu'il souhaitera. Même s'il ne m'a contacté que pour m'informer de lui-même : il avait déjà effectué la réservation auprès de la maquerelle.

Je dors comme un bienheureux et me réveille tôt, sans que mon sourire ne m'ait quitté. Je me douche, me prépare plus qu'à mon habitude, prenant davantage le temps de dompter mes cheveux, de me parfumer. Pour un peu, je regretterais presque d'avoir refusé la proposition de Leslie de me laisser un peu de maquillage, et de m'apprendre à l'appliquer. Mais là, il est trop tard. Je prends cependant soin aussi de ma tenue. Quand je me rends à la maison close, mes vêtements m'importent peu, puisque j'en garde d'assez sexy sur place et que les clients nous choisissent quand nous sommes en peignoir. Mais ce soir, je ne passerai pas ma nuit à faire du charme à des hommes pour qu'ils me choisissent. Ce soir, je serai à la disposition d'un seul homme et j'espère qu'il se déclarera. De quoi d'autre pourrait-il vouloir me parler ? Il était si tendu hier soir. Ce ne peut être que ça.