Chapitre 7 : Sortie du personnel - partie 1

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J'ai abandonné l'idée du week-end dans une ville, et Sandrine m'a laissé faire. Il faut dire que j'ai usé d'un argument de poids : nous ne nous rendons pas dans une ville, mais dans un parc d'attraction et nous emmenons les enfants. Mais une seule journée.

L'entreprise compte vingt-trois employés, moi compris. Si on ajoute les conjoints, on passe à trente-huit, et les enfants en âge de nous accompagner, quarante-neuf. J'ai fait simple : j'ai loué un bus. Et investis dans des boules Quies. Pour que mes employés puissent profiter du parc quelle que soit leur situation maritale et parentale, je suis allé jusqu'à réserver des places dans le club d'animation pour enfants que propose le parc.

Mais j'ai dû faire un mauvais calcul quelque part, car, à présent, si mes employés sont tous heureux de mon initiative, ils m'encouragent non seulement à réorganiser de type de sortie, mais également à profiter du trajet pour apprécier les joies de la vie parentale. Et je peux lire dans les yeux de Sandrine qu'elle est bien heureuse que nos collaborateurs m'harponnent sur le sujet, et que, pour une fois, ils oublient qu'elle ne souhaite pas d'enfants. Une seule question tourne en boucle dans ma tête alors que nous échangeons un regard las : mais de quoi se mêlent-ils ?

Et puis, en quoi est-ce une bonne idée de faire des enfants ? Je le vois sous mes yeux : ils se chamaillent, certains tapent les autres, ils gesticulent de façon désordonnée, mais surtout, ils crient. Et leurs vociférations résonnent dans l'habitacle de l'autocar, sous la bienveillance de leurs parents, alors que ces petits monstres réduisent mon ouïe à néant tout en nourrissant ma migraine. Dire qu'il n'est que huit heures trente.

J'arrive à faire déguerpir les importuns assez longtemps pour insérer mes boules Quies, et enfin m'isoler un peu du chaos ambiant. Mais Sandrine n'est pas la seule dont je subisse l'attention. Si les yeux cobalt de Romain sont doux envers les enfants, ils le sont beaucoup moins quand ils se posent sur moi. Pourtant, malgré leur animosité et les enfants qui reviennent m'assaillir, je ne peux en détacher mes billes grises.

Nous arrivons enfin au parc, et mes oreilles soupirent d'aise. Si les boules Quies doivent protéger du bruit jusqu'à vingt décibels, alors j'annonce qu'un groupe d'enfant est bien plus bruyant. Pour éviter tout accident sur le parking, les parents récupèrent leur progéniture. Sandrine, à qui j'ai confié la distribution des entrées, ouvre la marche vers l'entrée du parc, et je m'occupe de vérifier que personne n'est à la traîne. Ou plutôt, je reste en arrière pour enfin profiter d'un moment de calme, les enfants ne lâchant pas ma DRH d'une semelle. Il faut dire qu'elle a usé d'un argument de poids : à ceux qui ne seraient pas sages jusqu'à l'entrée, elle ne donnerait pas de billet. Ça a eu un effet radical. Pourquoi n'ai-je pas eu la présence d'esprit de les menacer de même ?

Les enfants sont au club, encadrés par des professionnels, ou, à mon sens, des fous capables de supporter les hurlements. Parmi mes employés, des groupes se forment : ceux qui veulent faire des grands-huit et autres manèges à sensation forte, ceux qui préfèrent les attractions plus calmes, et ceux qui vont naviguer entre les deux. Nous nous donnons rendez-vous pour le déjeuner, fixons déjà un horaire pour le départ, et les différentes alliances se séparent.

Je les regarde s'éloigner et soupire. Dire que venir ici était mon idée. Je regarde autour de moi. Je me souviens qu'enfant, j'adorais profiter des attractions. J'ai même reçu mon premier baiser dans ce parc. Un sourire en coin, je décide de me diriger vers le lieu de ce doux souvenir.

_ Vous faites pas de manèges, Florian ? » m'arrête sa voix.

Je ne me retourne pas. Au contraire, je ferme les yeux et serre les dents. Comment ai-je pu manquer qu'il n'était parti avec aucun groupe ?

_ Non. Ou plutôt, je pensais les faire seul. » le regardé-je. « Cet endroit est fait pour les familles et les amis.

_ Alors quoi ? » s'approche-t-il pour parler moins fort. « Vous vous sentez assez proche d'aucun d'eux pour les considérer comme des amis ? Vous allez peiner Sandrine.

Patron et Prostitué [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant