Patron et Prostitué [Terminée]

Chapitre 25 : Mauvaise passe

Deux semaines s'écoulent sans que j'aie la moindre nouvelle de Florian. Leslie me répète que je devrais le contacter moi-même, oublier les règles de la maquerelle pour suivre mon cœur. Mais je suis trop lâche. Je crains qu'il me dise qu'il veut bien me revoir. Tout comme je suis terrifié à l'idée qu'il refuse. Je joue à l'autruche, me mentant en me répétant que, tant que je n'ai pas un non formel, alors il reste la possibilité d'un oui.

Quand la troisième semaine débute sans qu'il ne m'ait réservé, je décide qu'il faut que je me le sorte de la tête. Et quoi de mieux pour ça que, non pas des vacances au soleil comme me le suggère mes collègues qui me trouvent grise mine, mais bel et bien de me plonger corps et âme dans le travail.

Je vois bien que la maquerelle a repéré mon petit jeu, et elle me met en garde à plusieurs reprises. Il peut être facile de se perdre dans le sexe, de ne se consacrer qu'au plaisir du corps, d'étouffer l'esprit pour ne plus penser. Et pour m'égarer sans chercher de retour, j'ai trouvé l'astuce suprême : à l'image de certains de mes collègues, des débutants pour beaucoup, je ne quitte plus la maison close. Aussi suis-je à disposition des clients près de seize heures par jour. Voire davantage s'ils le souhaitent.

_ Romain ! » m'interpelle la matrone alors que je vais remonter me laver après un client. « Venez par ici, il faut que je vous parle.

Elle ne s'inquiète pas de savoir si je lui emboîte le pas, elle sait que je suis docile depuis quelques jours. Aussi se dirige-t-elle vers son bureau, et m'indique-t-elle de fermer derrière moi.

_ Ça fait plus de six mois que vous travaillez pour moi, Romain. Et je ne compte pas le temps que vous avez passé ici à la fin de vos études. Qu'on soit bien d'accord, vous êtes un de mes meilleurs garçons. Vous faites vos heures, vous êtes ponctuel, et tous vos clients sont satisfaits. Je vais même aller plus loin : vous êtes celui qui a le plus de clients réguliers.

_ Mais ? » sens-je venir la suite.

_ Mais je ne peux pas vous laisser continuer ainsi. Je veux que vous rentriez chez vous. Et ne me dites pas que vous n'avez pas de logement. D'un, je sais que vous en avez un, et de deux, nous avons déjà assez discuté ensemble pour que je sache que vous n'êtes pas dans le besoin.

_ Sans compter que c'est vous qui me payez.

_ C'est surtout que je sais que vous ne claquez pas tout votre argent en bijoux et autres. Vous êtes quelqu'un de sérieux. Mais avec votre comportement des derniers jours, j'ai une question, et j'attends de vous que vous soyez honnête. Est-ce que vous vous droguez, Romain ?

_ Pardon ? » m'étranglé-je.

_ Vous ne seriez pas le premier. Ce travail fait des ravages chez certains. Mais la drogue n'arrange rien. Si vous avez des soucis, j'ai des contacts dans des cliniques. Je suis même prête à vous conserver votre poste le temps que vous vous soigniez. Mais je tiens un établissement respectable et légal. Ça fait partie des conditions de travail dans ma maison, Romain. Je ne fais pas travailler les gens qui se droguent.

D'abasourdi, j'explose d'un rire nerveux. Je n'ai pas beaucoup dormi ces derniers jours et l'angoisse de ne pas avoir comme d'avoir des nouvelles de Florian n'aide pas beaucoup.

_ Alors rassurez-vous ! Je ne me drogue pas. A la limite, on peut dire que je suis drogué au sexe. » ricané-je. « Mais, non. Je ne prends rien. Déjà avec les clients, je bois à peine, alors le reste...

_ Alors qu'est-ce qui vous arrive ? » se penche-t-elle sur son bureau. « Je commence à vous connaître. Je veux bien que vous soyez un bourreau de travail, et je peux entendre aussi le coté addictif du sexe. Du coté des orgasmes, comme des endorphines liées à l'activité sportive. Mais je travaille dans ce milieu depuis des années. Ce genre d'addiction est en quelque sorte réservée aux tops. Je n'ai jamais vu de versus et encore moins de bottoms y succomber. Quel que soit le problème, Romain, vous réfugier dans le travail n'est pas une solution. Encore moins dans notre profession.