Comme tous les soirs, j'arrive à la maison close vers vingt-et-une heures. Dans le petit salon-bar, j'avise les clients déjà présents qui côtoient ceux qui prennent un dernier verre avant de rentrer chez eux. Ça m'amuse toujours de deviner quel homme appartient à quelle catégorie. Et en même temps, c'est toujours assez facile. Leurs regards sur les prostitués arrivant pour leur service de nuit n'est pas le même. Les premiers sont aux aguets, concupiscents, évaluant les possibilités qui s'offrent à eux pour la soirée. Les autres nous regardent passer avec le plaisir de voir défiler des corps, tout en étant déjà contenté de leur visite chez nous.
En grimpant à l'étage où se situe ma chambre, je croise la jeune femme de ménage de la maison. Au départ, elle ne travaillait que pour Leslie et moi. Puis, nos collègues ont trouvé l'idée excellente, alors la matrone l'a engagée, et elles sont à présent cinq à tourner dans la maison close. Elles s'occupent de laver les draps que nous changeons entre chaque client, mais aussi de faire un petit tour de ménage entre les différents services. En réalité, si Leslie et moi l'avons engagé, c'était par fainéantise. A nos yeux, le ménage, c'est une corvée. Aux leurs, notre travail en est une bien plus grande. Comme quoi, chacun a ses préférences.
J'entre dans ma chambre pour entendre l'eau couler dans la salle de bain. Un sourire taquin aux lèvres, je frappe au battant qui s'entrouvre un peu.
_ Dépêche, princesse ! J'ai du taf, moi !
_ Bébou ! » entends-je crier. « T'es de retour !
Ça ne dure pas dix secondes, que l'eau s'éteint et la porte s'ouvre sur une tornade aux cheveux roses qui me saute dessus. Je le réceptionne de justesse, ne gardant l'équilibre que grâce à quelques pas à reculons. Ses bras autour de mon cou, ses jambes autour de ma taille, il me fait un grand sourire alors que des gouttes tombent de ses cheveux courts et de tout son corps dégoulinant.
_ Mec ! T'es trempé !
_ Crois-moi, Bébou, avec la journée que j'ai passée, il me fallait au moins ça ! » s'agite sa main fine et manucurée de rose devant mon visage, alors qu'il roule des yeux. « T'étais où la nuit dernière ? Je me suis fait un sang d'encre, moi ! Pourquoi tu m'as pas prévenu ? » me tape-t-il du bout des doigts pour ponctuer chacune de ses phrases.
Je souris, lâche ses fesses et appuie sur ses cuisses pour l'obliger à défaire son étreinte et à quitter mes bras. Il fait la moue, mais accepte de me rendre ma liberté.
_ J'étais chez un client. » rangé-je mon sac dans notre armoire.
_ Ça, je sais, figure-toi ! La matrone m'a dit, elle ! Ce que je te demande, c'est pourquoi tu m'as pas envoyé un message pour me dire que tout était ok !
_ Parce que je l'ai envoyé à la matrone. » refermé-je la penderie après y avoir laissé veste et pull. « Leslie, tu vas me faire une crise à chaque fois que je travaille à domicile ? » soupiré-je en revenant vers lui.
_ Oui ! Parce qu'on est jamais à l'abri de tomber sur un psychopathe !
Il se détourne un peu, les bras croisés sur son torse fin et sans le moindre muscle apparent, et commence à taper du pied comme un gosse impatient.
Il pense m'agacer avec ce bruit, mais l'allure que ça lui donne m'amuse. Je me mords l'intérieur des lèvres pour empêcher mon sourire en coin appréciateur de trop s'afficher. Mais je ne peux me retenir de pencher un peu la tête sur le côté pour apprécier la vue qu'il m'offre. Leslie est bottom. Tout en lui le crie. Sa musculature si fine qu'elle en disparaît sous sa peau diaphane, ses hanches étroites, son air juvénile et innocent qu'il entretient avec application, son petit cul bombé qui gigote sous le mouvement de sa jambe.
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Patron et Prostitué [Terminée]
RomanceFlorian, patron d'une grande entreprise, a une relation tarifée d'une nuit avec Romain, le beau jeune homme qu'il a commandé à la maison close locale lors de son déplacement. Si Romain lui dit ne faire ça qu'en attendant de commencer son nouveau tra...