Chapitre 27 : Dîner en ville

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J'ai repensé à toutes ces nuits que j'ai passé à ses côtés ses derniers mois. Je suis certain de deux choses. Une : à part pour notre dernière entrevue, Florian ne m'a jamais demandé d'être là que le samedi soir. Il m'a dit un jour que c'était pour avoir le temps de déconnecter du boulot avant de me voir, tout en ayant celui de se reposer après notre nuit. Deux : je lui ai répété plusieurs fois que le jeudi était mon jour de congés. Alors, je veux bien que Florian soit un homme débordé, et qu'il ait d'autres choses auxquelles penser que les jours de congés de l'Escort avec qui il couche. Mais je le connais assez pour être certain qu'il ne m'a pas proposé ce jour au hasard.

Je ne sais pas quoi faire. Quand j'ai vu son message, mon cœur s'est arrêté. Pendant un instant, j'ai même cru que je rêvais. Après tout, combien de fois ai-je espéré un message similaire de sa part ? J'ai arrêté de compter avant même qu'il ne me licencie.

J'ai vérifié, je ne lui ai pas envoyé un message, même vide, par inadvertance. Ce qui signifie qu'après près d'un mois et demi sans nous voir, ni avoir le moindre contact, il a choisi de revenir vers moi de lui-même.

Je suis parti cette nuit-là, sans avoir discuté avec lui de ce qu'il venait de comprendre et prêt à laisser un autre prendre ma place. Il m'a dit qu'il ne voulait personne d'autre que moi. Et je suis quand même parti. Pourtant, j'ai sous les yeux la preuve qu'il souhaite toujours me voir.

Je repense à ce que m'a dit Leslie, de me mettre à sa place, d'essayer de réfléchir à ce que lui pouvait ressentir. J'en suis arrivé à la conclusion que je suis un imbécile. Je suis parti, et je ne lui ai même pas suggéré de rependre un rendez-vous quand il aurait encaissé l'information. Je n'ai même pas laissé entendre que, moi aussi, je ne veux que lui. Quoique, dans mon cas, c'est plus compliqué. Mon travail ne me permet pas ce genre d'exclusivité. C'est même le contraire.

En un sens, depuis ce soir-là, je comprends mieux les demandes du compagnon de Leslie, et pourquoi mon ami a cédé.

Je n'ai qu'un seul problème. J'ai beau avoir moi aussi envie de le revoir, c'est contraire à toutes les règles de la maison close. Contact direct entre l'Escort et le client : interdit. Relation avec un client en-dehors du cadre de la maison close : interdit.

Je n'ai pas besoin d'appeler Leslie pour savoir que je me trouve des excuses. D'ailleurs, je l'entends me dire que je connais Florian d'abord et avant tout via l'emploi que j'ai exercé dans son entreprise, et donc que je ne transgresse pas la règle. J'ai le droit de côtoyer des gens en-dehors de mon travail. Mais, dans ce cas, résonne dans ma tête la voix de la maquerelle, je n'aurais pas dû accepter de prendre Florian comme client.

D'ailleurs, pourquoi ne passe-t-il pas par la maison close comme à son habitude ? Voudrait-il me reparler du poste dans son entreprise ? Ça se tiendrait. Et ça ferait suite à ce dont nous discutions la dernière fois.

Mais j'ai besoin d'en avoir le cœur net.

De Romain : Je suis en congé jeudi. Et tu dois passer par la maison close pour me réserver. Je peux pas prendre les réservations en direct.

J'envoie mon message puis grimace en réalisant à quel point il est froid et détaché. Mais le sien n'était pas plus engageant. Sans compter que j'ai besoin de savoir pourquoi il me recontacte. J'ai besoin qu'il me dise qu'il a envie de me voir.

Mon téléphone m'échappe presque tant je suis surpris quand il vibre de l'entrée d'un nouveau SMS.

De Florian : Je ne passe pas par la maison close, parce que je ne veux pas te voir pour du sexe. C'est toi que je contacte, pas l'Escort. Je veux discuter avec toi. Dîner ? Jeudi ? Dix-neuf heures ? C'est moi qui invite.

Patron et Prostitué [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant