Chapitre 20 : Quotidien professionnel

1.2K 95 9
                                    

Je passe la nuit à regarder la télé dans mon canapé, mais que ce soit là, ou dans ma voiture quand je suis rentré de la maison close, je ne parviens pas à trouver une position confortable tant cet homme m'a brutalisé. Je choisis d'attendre l'aube pour écrire à la maquerelle, afin d'avoir retrouvé un semblant de calme et ne pas laisser transparaître mon antipathie pour le client. De plus ça m'aide à évaluer bien mieux l'état de mon corps. Si j'arrive à nouveau à marcher sans boîter, je doute encore de pouvoir travailler la nuit prochaine.

Je mets tout par écrit et précise à la matrone que je la tiens informée de mon état et donc de ma présence à mon poste. Je sais déjà que, si je ne peux pas venir travailler, j'ai intérêt à prévenir Leslie si je ne veux pas qu'il me fasse une scène. Quoique l'idée me fait sourire. Ce n'est pas très gentil de ma part, mais j'adore quand il s'inquiète pour moi.


Pour finir, après une journée de sommeil, mon corps est à peu près utilisable. Je dis à peu près, car je parviens à me déplacer sans encombre, et même à bouger le bassin. Mais pour mon cul, c'est une autre histoire. M'asseoir dessus est déjà compliqué, alors le vendre... Bon, je serai top cette nuit, voilà tout. Reste à espérer que mes habituels clients tops ne se trouveront pas un autre favori le temps que je me rétablisse.

En quittant mon véhicule que je gare au sous-sol de la maison close, je retiens un grondement de douleur. Deux heures assis sans pause ni autre mouvement que celui des jambes, c'est presque violent, et mes premiers pas en-dehors de la voiture sont peu assurés, voire chancelants. Mais je tiens bon, pensant à ne pas inquiéter Leslie, à ne pas faire culpabiliser Dominique ou la maquerelle. Même si, pour elle, j'ai un peu moins de scrupules.

Préférant me ménager, j'emprunte l'ascenseur plutôt que les escaliers comme à mon habitude, et me rend sans escale dans ma chambre. Ou plutôt, je patiente dans le couloir : la petite lumière au-dessus de la porte m'indique que Leslie n'a pas encore fini avec son client.

En attendant, je prends le temps de signaler à la maquerelle que je ne pourrais pas assurer le service en tant que bottom, puis flâne sur mon portable, jette un œil au programme de ma nuit, pour peu qu'un client m'ait réservé. Je salue aussi les clients qui redescendent, accompagnés de leur Escort de fin d'après-midi. De la part de ces derniers, j'ai le droit à de chauds sourires pour les bottoms, et à un regard d'assentiment de la part des tops. A ce qu'il semble, mon intervention de la nuit dernière a déjà fait le tour de l'établissement. En y repensant, et avec la nuit et la journée catastrophiques que j'ai passées, je me demande comment Dominique a survécu, comment il trouvait le courage d'aller avec cet homme en sachant ce qu'il lui ferait. Je sais qu'il a besoin d'argent, mais je ne pensais tout de même pas que c'était à ce point.

La lumière s'éteint, la porte de la chambre s'ouvre et un très bel homme, grand et bien habillé, quitte la pièce avec, à son bras, un Leslie tout miel et tout sourire. Et je le connais assez pour savoir que, quand il minaude ainsi, c'est qu'il a passé un bon moment avec son client, et qu'il souhaite s'assurer qu'il reviendra le voir.

S'il fait mine de m'ignorer, je note qu'il laisse la porte ouverte. Je lui laisse le temps de disparaître dans les escaliers avant de rentrer me décharger de mes affaires. Un coup d'œil au lit, aux draps froissés, éparpillés et parsemé de nombreux préservatifs usagés, et je me doute que ce client a occupé Leslie une bonne partie de l'après-midi. Je fais un rapide nettoyage, envoyant dans la poubelle les protections, et réalise un balluchon des draps que je dépose dans l'entrée de la chambre, sans oublier de sonner pour les femmes de ménage. Je veux pousser l'idée jusqu'à mettre le chauffage dans la salle de bain. Mais vu l'état de celle-ci, je pense que mon collègue l'a utilisé. Avec son client, cela va sans dire. Maintenant que j'y pense, Leslie avait les cheveux humides en quittant la chambre.

Patron et Prostitué [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant